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Embarqués par des agents de patrouille du 15e Arrondissement de police pour avoir défendu son statut d’homme marié !
Publié le vendredi 1 avril 2016  |  CARREFOUR
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© Autre presse par DR
police malienne




Dans la nuit du mercredi au jeudi 24 mars dernier, un couple est abusivement embarqué par des agents de patrouille du Commissariat de police du 15e Arrondissement pour avoir défendu son statut de couple officiel.

Nos policiers, à travers cette fois-ci leurs frères d’armes du 15e arrondissement, se sont une fois de plus illustrés dans ce qu’il convient d’appeler désormais ‘’leur traditionnel abus de pouvoir’’. Cette fois-ci, c’est le quartier Baco-Djicoroni ACI, en commune V du district de Bamako, secteur de compétence du plus jeune commissariat de la ville, qui a servi de théâtre à cette énième forfaiture des hommes en treillis noir.

C’était dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 mars 2016. Aux prises avec la chaleur, un couple décide d’aller prendre l’air à quelque 150 mètres du fleuve Niger. M.C., professeur de Français dans un lycée public de la cité aux trois caïmans, et H.K. son épouse, choisissent le terrain de foot en face du Rectorat de l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako (ULSHB). Il était 23 heures et quelques. Soudain, le véhicule de patrouille apparait et se dirige vers la dernière maison avant le fleuve où une fête se tenait. M.C. dit n’avoir constaté aucune interpellation par ces responsables de notre sécurité, malgré une forte présence humaine sur ces lieux. De là, à une centaine de mètres, ayant plus tard aperçu au milieu du terrain une autre présence humaine (2 personnes), nos très vaillants patrouilleurs y foncent à une vitesse hallucinante et freinent au niveau du couple, auquel ils ont réussi à se faire de lui-même une image de malfaiteurs qu’on arrête. Dans l’épaisse enveloppe de poussière soulevée par la suite, ils sautent du véhicule et entourent leurs ‘’proies’’ qu’ils saluent et auxquels ils demandent de présenter leurs pièces d’identité. Monsieur et madame sont en règle. Mais ils ont un engin à deux roues qui, pour ne rien arranger, l’est aussi, et même doublement, car possédant deux vignettes. Sommés de se retirer, nos policiers tentent tout de même d’intimider M.C. que le chef de patrouille convoque, puis lui lance : ‘’Nous n’acceptons pas des choses de cette nature’’. Surpris et touché dans sa dignité par cette déclaration, puisque lui et son épouse n’étant pas indécemment habillés, n’étant pas dans un endroit suspect, et de surcroît en pleine lune, M.C. se défend : ‘’Cette femme est mon épouse, ma femme légale!’’ Comme si l’extrait d’acte de mariage faisait partie des documents à présenter pendant les contrôles d’identité, le chef de patrouille va jusqu’à lui réclamer cela, ce à quoi M.C. répond que c’était chose facile, du moment qu’il loge juste derrière le commissariat concerné. Mais cette première phrase de M.C. a suffi pour que le ‘’tout puissant chef ’’ (à rendre à la terre un jour…) ordonne à ses hommes de faire embarquer le couple, malgré les plaintes d’abus de pouvoir formulées par ces derniers à leur endroit. Etant à l’arrière du pick-up, M.C. raconte avoir été témoin d’une scène de contrôle dont les concernés, au nombre de trois, en situation d’irrégularité, ont dû racheter leur liberté en donnant aux policiers des billets de banque qu’ils ont cotisées. Avec cet argent, poursuit M.C., nous patrouilleurs se sont rendus dans une gargotière sur la route de Kalabancoro pour s’y approvisionner en nourriture pendant que, toujours à l’arrière du véhicule, l’épouse de M.C., atteinte de toux, toussait fortement sous l’effet du vent. Sur cela, M.C. avait attiré leur attention et les avait mis en garde de règlement prochain d’une ordonnance.



A court d’arguments, de charges à faire porter à M.C. et devant l’imperturbabilité de ce dernier qui ne leur a fait aucune espèce de propositions alléchantes, un agent prend celui-là en aparté et lui annonce qu’il est libre tout en lui précisant que cette ‘’remise en liberté’’ était le fruit d’une difficile négociation qu’il a personnellement menée auprès de son chef. Invité à la fin d’aller remercier celui-ci, M.C. refusa catégoriquement et reçoit la clé de sa moto au-delà de 1 heure du matin, moto dont le carburant fut à la merci d’un agent durant toute cette mésaventure.

Signalons que cette expérience de ce couple est un cas parmi tant d’autres non déclarés. Les forfaitures des policiers ont atteint une ampleur inquiétante à telle enseigne que des interrogations nous assaillent : l’abus de pouvoir est-il devenu une tradition dans la gouvernance au Mali ? Ceux qui sont censés nous protéger sont-ils devenus nos bourreaux ? Comment expliquer la passivité complice de leur hiérarchie ? L’impunité est-elle garantie dans ce pays ? A quand la fin de ces pratiques dignes d’un régime despotique ?

En attendant, une réalité nous saisit : le fort continue impunément d’écraser le faible et cette fois-ci, c’est le 15e Arrondissement qui fait parler de lui. Toute action entraînant une réaction, espérons que ces abus cessent avant qu’ils n’entrainent les opprimés à se mettre ‘’Inattendument debout’’, pour emprunter à Aimé Césaire…

La Rédaction
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