La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a organisé du 28 au 30 mars 2016 son forum à Kidal sans le gouvernement de la République du Mali et les groupes membres de la Plateforme. Après le rejet de l’appel au report par les maîtres de Kidal, le gouvernement et la Plateforme ont jugé utile de ne pas y participer. Il en est de même pour l’équipe de médiation internationale dont certains membres, à l’image du représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et chef de la MINUSMA, affichaient déjà un optimisme sur le succès de ce forum. La montagne a accouché d’une souris ! Si les maîtres de Kidal ont réussi à soustraire la bagatelle de 400 millions au gouvernement, ils se sont mis dans une situation d’isolement en brisant la dynamique de restauration de la confiance amorcée entre les signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation.
Le gouvernement qui observe un silence de carpe sur la sortie des caisses de l’Etat de la somme de 400 millions au profit des organisateurs du forum, pêche inéluctablement par le manque de stratégie et d’anticipation. Le débat actuel autour de la mise en place des autorités intérimaires rejetées par l’opposition politique et les élus locaux de toute tendance confondue, en est la parfaite illustration.
Les déclarations faites par le Ministre de la réconciliation, Zahabi Ould Sidi Mohamed, à Douentza au cours d’une rencontre communautaire ainsi que les sorties médiatiques de la Cellule de communication de la Primature, traduisent l’incapacité de cette équipe gouvernementale à se tirer d’affaires. L’échec de ce forum, présenté à tort et à travers comme une panacée, ne permet pas de sortir de l’impasse qui empêche toute avancée notable dans la mise en œuvre de l’accord issu du processus d’Alger.
Les gesticulations des maîtres de Kidal, toujours hostiles à toute présence des symboles de l’Etat central dans leur fief, tranchent avec les discours démagogiques que les uns et les autres ne cessent de tenir pour essayer d’endormir la conscience d’un peuple qui commence à perdre espoir. Les manœuvres en cours n’augurent rien de bon sauf si la communauté internationale révise de façon radicale sa position, consistant jusque-là à soutenir une poignée d’individus au détriment de l’immense majorité de la population.
Ils sont nombreux ceux qui ont intérêt à ce que la crise perdure. Contrairement à leur litanie, les responsables de la CMA qui se pavanent dans de grands hôtels à travers le monde, ne veulent pas que la situation se normalise à Kidal. Il ne faut pas se faire d’illusions. La communauté internationale qui préfère mobiliser des milliards pour financer les opérations de maintien de la paix que d’investir dans des actions de prévention de la guerre, n’a aucune volonté d’amener les maîtres de l’enclave désertique de Kidal à cesser leur surenchère. Le plus grave et inquiétant est qu’une partie de cette communauté internationale commence à douter de cette capacité de l’élite gouvernante et politique à hisser le pays vers le haut. Il faut qu’on se ressaisisse en prenant notre destin en mains. Pour la majorité présidentielle et l’opposition politique, il urge de taire les divergences et les querelles de clochers pour affronter un lendemain plein d’incertitudes et d’angoisses quant à l’existence d’un Mali un et indivisible. C’est maintenant ! Demain sera trop tard !
Chiaka Doumbia