Menace de réseaux criminels, d’extrémistes violents et de groupes terroristes ; progression de l’insécurité ; difficultés opérationnelles persistantes pour la MINUSMA ; l’absence des forces armées dans le Nord ; l’augmentation des violations des droits de l’homme, tels sont les constats alarmants décrits par le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, (BKM) dans un rapport confidentiel au Conseil de sécurité. Dans ses conclusions, BKM s’inquiète du fait que l’insécurité dans le nord empêche, à certains endroits, le retour de l’Administration et la mise en œuvre effective de l’accord d’Alger.
Dans un rapport confidentiel remis au Conseil de sécurité, le secrétaire général des Nations unies, dans un certain pessimisme quant à la situation sécuritaire qui prévaut dans le Nord, estime que l’insécurité dans cette partie du Mali est alarmante. Un constat préoccupant qui amène le responsable onusien à demander aux autorités du pays d’y renforcer leur présence et aux pays contributeurs de mieux équiper les Casques bleus de la MINUSMA.
“Les régions nord et centre du Mali restent sous la menace de réseaux criminels, d’extrémistes violents et de groupes terroristes, qui profitent de la présence limitée des institutions de sécurité maliennes”, a écrit Ban Ki-Moon dans ce document.
Selon lui, la progression de l’insécurité dans notre pays et la menace sécuritaire que font peser les réseaux criminels, d’extrémistes violents et de groupes terroristes, acteurs restés en dehors du processus de paix, et sévissant plus que jamais ces zones citées, demeurent inquiétantes.
Dans ce rapport secret, remis aux membres de l’Organisation, il a fait état de «difficultés» opérationnelles persistantes” pour la MINUSMA qui est régulièrement la cible d’attaques meurtrières de la part de groupes terroristes. A ce jour, ce sont plus de 80 soldats déployés dans notre pays qui ont été tués, soit par des attaques terroristes, soit par des mines attribuées aux ennemis de la paix. Toute chose qui fait de la MINUSMA la mission la plus couteuse en termes de pertes en vies humaines pour les Nations-unies.
Face à cette situation, le Secrétaire général de l’ONU demande aux pays qui fournissent des Casques bleus et aux pays donateurs “de maintenir leurs efforts afin que tous les contingents (de la MINUSMA) aient des équipements et un entraînement conformes aux standards de l’ONU”, en particulier en “déployant rapidement les véhicules blindés de transport de troupes qui manquent”.
Le gouvernement malien n’est pas resté en marge de l’interpellation du patron de l’ONU. Dans cette veine, il appelle l’Etat à “renforcer la présence des forces armées et de sécurité dans le Nord” et s’efforcer de rétablir plus largement les services publics de base dans cette région, afin de garantir à la population locale “les bénéfices tant attendus de la paix”.
Le rapport, qui affirme que les relations entre les signataires de l’accord de paix de mai-juin 2015 sont bonnes, estime que les acteurs doivent “accélérer son application”, et en premier lieu le gouvernement.
“Les progrès dans l’application effective de l’accord de paix restent limités”, souligne Ban Ki-Moon dans ses conclusions, tout en se déclarant “inquiet de l’augmentation des violations des droits de l’homme constatée par la MINUSMA et de la lenteur des progrès réalisés dans la lutte contre l’impunité”.
Ce rapport confidentiel intervient quelques semaines seulement après que le Conseil de sécurité ait entendu, les représentants de la France, de l’Angola et du Sénégal pour faire un compte-rendu de la mission qu’ils ont conduite en Afrique de l’Ouest, du 3 au 9 mars 2016, et au cours de laquelle ils ont réaffirmé l’importance que l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales attache à la situation dans la région, en général, et au Mali, en particulier.
Présentant aux autres membres du Conseil les lignes de force de l’étape malienne de la mission, le Représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, M. François Delattre, a clairement dit que, deux ans après le début de la crise au Mali, « la paix ne serait pas possible sans une réconciliation de tous les Maliens ».
À cette fin, la délégation du Conseil s’est entretenue avec tous les acteurs pertinents, du Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA, au gouvernement, en passant par les groupes signataires de l’Accord de paix, les élus, imams et associations de femmes à Tombouctou, dans le nord du pays. Les membres du Conseil ont également rencontré des responsables de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et de l’opération militaire Barkhane, conduite par l’armée française.
Comme message central véhiculé par les 15 membres du Conseil, à travers toutes ces rencontres : « la priorité aujourd’hui est la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix, l’accélération de la mise en œuvre de l’accord de paix qu’il faut décliner dans l’ensemble de la réalité du Mali, y compris et d’abord, sur le terrain ».
Par Mohamed D. DIAWARA