Le patron de l’ONU salue tout de même les efforts du gouvernement pour mettre en œuvre la décentralisation et les réformes politiques institutionnelles
Dans son rapport sur la période allant du 17 décembre 2015 au 18 mars 2016, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon, a rendu compte des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et de l’action menée par la MINUSMA pour l’appuyer.
Sur la situation sécuritaire du pays, le patron de l’ONU dresse un tableau plutôt sombre en soulignant que « la situation en matière de sécurité ne s’est pas améliorée, même si les signataires ne se sont livrés à aucun combat ». Bien que « les parties signataires de l’accord de paix ont pris certaines mesures pour appliquer ses principales dispositions relatives à la paix et à la sécurité, notamment en débutant la construction de trois sites de cantonnement », les Forces de défense et de sécurité maliennes, l’armée française et la MINUSMA ont continué d’être les cibles principales d’attentats perpétrés par des groupes extrémistes et terroristes, regrette le secrétaire général des Nations unies.
Cette insécurité a été quelques fois accentuée par la persistance de vieilles tensions, en particulier à Ménaka, malgré les accords intercommunautaires. « La MINUSMA peine toujours à mobiliser suffisamment de moyens pour accomplir les tâches qui lui ont été confiées, les conditions de sécurité l’obligeant à escorter des convois et à protéger des sites de cantonnement », constate Ban Ki Moon qui souligne la détermination des groupes extrémistes et terroristes à saper le processus de paix. Les menaces et les campagnes d’intimidation menées à Mopti et à Tombouctou par ces groupes se sont intensifiées.
Ainsi, le 17 décembre, rappelle-t-il, des assaillants armés ont abattu trois civils – un journaliste, un étudiant et un prestataire local de la MINUSMA – devant les locaux d’une radio de Tombouctou. Le 24 janvier, salue-t-il, un soldat de la Garde nationale malienne a déjoué un attentat que deux hommes armés s’apprêtaient à commettre contre la résidence du nouveau procureur de Gao. Enfin, ajoute-t-il, trois informateurs présumés des forces armées maliennes auraient été décapités dans la région de Mopti au cours de la période considérée.
« Des groupes extrémistes violents et terroristes ont opéré tant au nord et au centre du Mali que de part et d’autre de ses frontières. Il est en outre patent que la coopération s’intensifie entre les groupes extrémistes et terroristes au Mali et dans tout le Sahel », analyse Ban Ki Moon. Pour appuyer cette réflexion, il fait remarquer que « les trois assaillants armés qui, le 15 janvier, ont attaqué un hôtel de Ouagadougou, selon un mode opératoire similaire à celui de l’attentat du 20 novembre contre un hôtel de Bamako, seraient maliens ». Mieux, « le fait qu’Al-Qaida au Maghreb islamique ait revendiqué l’enlèvement de trois étrangers – un à Tombouctou, le 7 janvier, et deux au Burkina Faso, le 15 janvier – indique par ailleurs un risque accru pour ces derniers dans une zone recouvrant le centre et le nord du Mali, mais aussi le Burkina Faso et le Niger ».
Dans son rapport, Ban Ki Moon relève que la MINUSMA a été la cible de 20 attentats terroristes et actes d’extrémisme violents. « Ces actes hostiles ont causé la mort de 7 soldats de la paix, d’un membre du personnel civil et de deux prestataires locaux, alors que deux soldats de la paix, un membre du personnel civil et un prestataire local avaient été tués au cours de la période précédente », condamne le patron de l’ONU. Ces attentats, de plus en plus sophistiqués, ont été perpétrés au moyen de roquettes ou de mortiers, d’engins explosifs improvisés ou de véhicules piégés conduits par des kamikazes.
Ban Ki Moon précise que l’un des plus meurtriers a eu lieu le 12 février, lorsque des assaillants non identifiés ont lancé une attaque complexe contre le camp de la MINUSMA situé à Kidal. La période considérée a également été marquée par 2 attentats commis contre les forces armées françaises et 19 contre les forces armées maliennes, lesquelles ont déploré 17 morts.
Le secrétaire général conclut que « le Mali a parcouru un chemin long et difficile et accompli des progrès considérables qui ont trouvé un point d’orgue dans la signature de l’accord de paix en 2015 et le rapprochement entre les groupes armés signataires ». Il se réjouit de l’esprit constructif de toutes les parties au niveau du Comité de suivi de l’accord. Ban Ki Moon a salué aussi les efforts du gouvernement pour mettre en œuvre la décentralisation et les réformes politiques institutionnelles, les deux grandes revendications prioritaires des groupes armés signataires.
A. M. CISSE