La dictature fasciste du général Moussa Traoré et son déluge de frustrations avaient inéluctablement conduit un peuple assoiffé de liberté à une insurrection qui renversera le putschiste du 19 novembre 1968 : celui-là qui ne voyait plus son pouvoir que comme une "divine éternité".
Une nouvelle aurore faisant ainsi son apparition, les Maliens placèrent inconditionnellement, au cours des deux décennies qui suivront, leur confiance en deux hommes qui, sans le moindre scrupule, finiront par ourdir contre toute une nation, l’un des complots les plus ignobles de son histoire : Alpha Omar Konaré et Amadou Toumani Touré.
Comment deux "traîtres" ont délibérément assassiné l’espoir de tout un peuple
Les premières élections multipartites qui marquèrent l’avènement de la démocratie au Mali, suscitèrent d’immenses espoirs chez le peuple. Il était donc désormais question, pour les Maliens, d’oublier les années noires de l’oppression militaire et son corollaire de restriction politique et amertume sociale, sous Moussa Traoré.
Cependant, les acteurs politiques d’alors, particulièrement ceux qui tenaient en mains les destinées du pays, pensaient s’être retrouvés quasiment dans un "royaume" où tout leur serait dorénavant permis, principalement, la banalisation de la nouvelle République, celle-là même qui fut péniblement accouchée dans la rivière de nos larmes.
C’est ainsi qu’Alpha Omar Konaré et ses "ouailles" qui, ne voulant plus le retour de l’armée à la tête de l’Etat, ne trouvèrent rien de mieux que de chercher à l’acculer tout droit vers sa "tombe". Ce qui finit naturellement par faire de l’institution militaire, notre instrument de souveraineté, une "coquille vide" ainsi que la risée de toute une région.
L’ex-président Konaré est donc, sans l’ombre d’un doute, le premier responsable de la démolition de l’armée malienne. Un instrument de défense qui, avant l’arrivée de "démocrates" apatrides et fanfarons au sommet de l’Etat, faisait merveilleusement la fierté de tout un peuple. L’administration reste une continuité, certes. Mais AOK sait, mieux que quiconque, pourquoi il s’est, jusque-là, refusé à dire un seul mot malgré d’incessants appels, depuis le basculement du Mali dans une crise politico-sécuritaire sans précédent.
Comment mesurer la gravité des propos venant d’un chef suprême des armées, déclarant en ces termes : "Une armée forte est une menace pour la démocratie" ? C’est dès lors qu’il fallût clairement comprendre que le Mali de Modibo Kéita était en train d’être vendu, à vil prix, par ses plus abominables ennemis. Et c’est ainsi que les véritables bases du dépérissement de la souveraineté de l’Etat aussi bien que notre dignité nationale, furent jetées par le premier régime démocratiquement élu du Mali.
La gravissime trahison d’un général foncièrement laxiste
Après l’initiation de toute une politique de démolition des bases existentielles de l’Etat, à savoir, le processus de dévitalisation de l’armée conduisant à une défaillance extrême du dispositif sécuritaire d’Etat, la désagrégation du système éducatif national, l’érection de la délinquance financière de haute envergure, en mode de gouvernance, d’où la prolifération effrénée de fonctionnaires milliardaires dans l’un des pays les plus défavorisés du globe, l’exclusion quasi-totale du peuple souverain des prises de décisions d’intérêt national, la dégradation extrême du climat politique d’où l’ensemencement des germes d’une nouvelle révolution, l’instrumentalisation flagrante de l’appareil judiciaire au profit d’un petit groupe de mafiosi etc., le relai fut "stratégiquement" passé à l’un des généraux les plus "félons" que l’histoire du leadership politique malien eût jamais connu : Amadou Toumani Touré.
Ce dernier poursuivra, sans déviation, la politique "sépulcrale" d’Alpha Omar Konaré, essentiellement, pour maintenir le "souffle" d’une démocratie de façade, une gouvernance nauséabonde. Pis, ATT, en tant que général, ne fut rien d’autre que de conduire l’armée, quasiment à sa "dernière demeure", non seulement, en pourrissant l’administration militaire où des détournements colossaux se faisaient, de plus en plus, fréquents, mais aussi, en distribuant les grades selon son bon vouloir.
Par ailleurs, les festivités commémoratives du 22 septembre 2006, ayant eu lieu à Sikasso et qui enregistrèrent la présence de l’ex-président sénégalais, Me Abdoulaye Wade, n’étaient autres qu’une farce grotesque voire insultante, destinée à faire croire aux Maliens qu’ils avaient une armée à la dimension de leur défense. Alors qu’il n’en était strictement rien !
Si de vieux arsenaux presque tous non-opérationnels, mais joliment peints aux couleurs militaires et accompagnés surtout d’avions de guerre loués, pour la plupart, par l’ex-Guide libyen (Mouammar Kadhafi), avaient réussi, à l’époque, à tromper la vigilance de plus d’un malien, la vérité, elle, fut découverte dans toute sa laideur, lorsque le coup d’Etat du 22 mars 2012 vint mettre à nu, non seulement, la quasi-inexistence de l’armée, mais également, la terrible souffrance des soldats maliens ainsi que les inhumanités d’une hiérarchie indécrottablement corrompue. Et c’est d’ailleurs, ce qui démontre, à suffisance, le caractère légitime de ce putsch, bien qu’illégal.
ATT savait, lui aussi, mieux que quiconque, pourquoi il n’a point hésité à prendre la fuite face à des jeunes mutins remplis de rage et décidés à le chasser d’un pouvoir déjà agonisant. Le putsch d’Amadou Haya Sanogo aura donc eu objectivement pour mérite, la réalisation par le peuple, du degré réel de son enfoncement par des dirigeants sans foi ni loi, en qui, il avait placé toute sa confiance, mais qui finiront traîtreusement par le contraindre à l’homicide. Là-dessus, aucune thèse partisane, aucune tentative révisionniste de notre l’histoire ne nous fera changer d’opinion.
Le putsch d’AHS a bel et bien eu des retombées, tant du point de vue idéologique que social. C’est en cela que la politique d’ATT n’avait substantiellement rien d’original, ni avantageux.
Elle n’était que le prolongement d’une œuvre suicidaire consistant à sauvegarder les arrières macabres d’Alpha Omar Konaré, le "maître d’orchestre". Et c’est aussi, ce qui explique, en clair, la mascarade électorale organisée, en 2002, par le président sortant, Konaré, éliminant systématiquement le candidat Ibrahim Boubacar Kéita dès le 1er tour, afin de pouvoir donner ATT pour favori.
Car, pour lui AOK, ce soldat à la retraite saurait mieux faire "le jeu" en raison de sa personnalité particulièrement folklorique et manipulable, surtout qu’il serait suffisamment "bien entouré" de barons de l’Adéma, ceux-là qui ne pourraient que lui conseiller dans le mauvais sens.
Ainsi, les dérives qui caractérisaient le régime Konaré étaient les mêmes qui envenimaient la vie publique, sous ATT, notamment, la marchandisation de la justice, solidement adossée à une mafieuse ploutocratie. L’infâme combine "AOK-ATT" a donc, malheureusement, presque bien marché et aurait eu encore de "beaux jours" devant elle, n’eût été le coup de force inattendu des militaires de Kati, avec à leur tête, l’ex-capitaine Amadou Haya Sanogo.
Voilà, en substance, comment celui qui fut cru pour être le "porte-flambeau" de la démocratie naissante (Alpha Omar Konaré) et celui qui fut légendairement vu comme le "sauveur de mars 1991" (Amadou Toumani Touré) ont monstrueusement sacrifié l’avenir de toute une nation. Deux fins traitres qui ne méritent aucune clémence du Tribunal du peuple pour une récupération suicidaire de sa révolution du 26 mars 1991.
DK