Khaira Arby est une immense chanteuse du Nord du Mali. Elle vient de Tombouctou, « la cité des 333 saints, Tombouctou la coquette qui a fait de moi ce que je suis ».
En 2012, elle a fui la ville envahie par les djihadistes d’AQMI qui y sèment terreur et destruction.
« J’ai passé pratiquement trois ans à Bamako, sans aller à Tombouctou, en laissant derrière moi ma famille, mes parents, mon matériel de musique qui a été détruit par les djihadistes. Je savais que si j’étais là on allait me détruire aussi. »
Depuis, Tombouctou a été libérée, et Khaira Arby peut de nouveau y chanter.
David Commeillas l’a enregistrée en 2016, à Bamako, lors d’une « cérémonie du turban », qui marque chez les hommes Tamasheq et Sonrhaï le passage de l’adolescence à l’âge d’homme.
Les djihadistes l’avaient interdite et la joie qu’on entend dans ce court documentaire est aussi celle du retour à la vie après l’interlude de mort des djihadistes. Car, explique Khaira Arby :
« La religion musulmane n’a jamais interdit la musique. Tout ça, c’est avec la musique, le tam-tam, le youyou des femmes, le chant ! [...]
Le Prophète, quand il est venu à la Mecque, à Médine, on l’a accueilli avec des chansons, qui sont chantées jusqu’à présent ! »
La voix de Khaira Arby donne des frissons et la joie de la musique retrouvée est palpable. Car à la vitalité de la musique se mesure celle de Tombouctou :
« C’est pas comme avant. Mais... on continue à lutter. Si on interdit la musique, si on interdit de se regrouper, c’est comme si on nous coupait l’oxygène ! »