Le Général Moussa Traoré n’est plus au pouvoir depuis le 26 Mars 1991. Et depuis lors, le Mali est un pays démocratique avec la création de plusieurs partis politiques. Mais ce pluralisme politique cache depuis son avènement un système de monopartisme qui ne dit pas son nom. Une situation qui témoigne à suffisance que notre pays n’est toujours pas avancé en matière de démocratie.
D’Alpha Oumar Konaré à Ibrahim Boubacar Kéita aujourd’hui, en passant par Amadou Toumani Touré, qu’est-ce que le peuple a gagné, en matière de démocratie : des mensonges masqués ; des majorités présidentielles consensuelles, à travers des partis alliés pour mieux détruire le pays ; des sociétés civiles corrompues ou politisées ; des systèmes éducatifs non performants ; une armée affaiblie ; des élections truquées.
Voila les résultats de 25 années de notre accession à la démocratie. Au moment où le Général Moussa Traoré était au pouvoir, il avait clairement affiché le système de parti unique avec l’Union Démocratique du Peuple Malien (UDPM). Mais aujourd’hui, le Mali qui compte plus de 160 partis politique ne vit-il pas comme sous l’UDPM ? En ce sens que c’est le parti au pouvoir seulement qui ravive la vedette partout et ce même parti s’affiche comme le roi des autres formations politiques. C’est d’ailleurs ce qui fait que certains partis politiques ont peur d’aller à l’opposition pour ne pas être étouffé et par la suite disparaitre.
Pire encore, certains créent des partis politiques seulement pour des profits, c'est-à-dire, pour s’accrocher à la mouvance, afin de bénéficier des subventions et certains postes électifs et mêmes nominatifs. Avons-nous vraiment bougé ? Est-ce cela notre façon de comprendre la démocratie ? C’est vraiment la démocratie, ça ?
Ainsi, sous le régime de Alpha Oumar Konaré, c’était sous les couleurs de l’Adéma PASJ que le gâteau du pouvoir était partagé. Qui était opposant en ce moment ? N’y avait-il pas que la majorité présidentielle ?
Quand Amadou Toumani Touré est venu aux affaires, qui était opposant ? Même étant indépendant, il ne semblait pas que c’était l’Adema PASJ qui était au pouvoir ? N’y avait-il pas un seul bloc derrière lui ? Et avec IBK aux affaires, l’Adema PASJ n’est-il toujours pas avec la mouvance ? Qu’est-ce qui a changé à ce niveau ? L’opposition, composée de l’URD, du Parena et du FARE AN KA WULI et d’autres veut se faire légitimé auprès du peuple, mais à quel prix ? Les responsables de ces formations politiques sont-ils saints ?
« Je n’ai pas la culture de l’opposition », a dit un responsable de l’Adema PASJ, en regagnant le RPM. Mais a-t-il aussi la culture de la démocratie ?
Pourquoi tant de formations politiques pour soutenir une majorité présidentielle ? Avons-nous besoin aujourd’hui de plus de 160 formations politiques ?
Le Mali a raté son accession à la démocratie depuis le départ. Si nous voulons avoir un pays démocratique, au vrai sens du terme, nous devons reprendre la révolution pour que ceux qui ce sont sacrifié en Mars 1991 ne soient pas morts pour rien. Au Mali aujourd’hui, certains pensent même que le régime de Moussa Traoré valait mieux que ce régime démocratique qui ne ferait pas l’affaire des Maliens.
En tout cas, si on analyse bien la situation, ce sont les mêmes personnes qui nous dirigent du 26 Mars 1991 à nos jours et ils ont tous été membres de l’Adema PASJ. Il faut qu’il y ait un changement au sein de la classe politique, sinon, on n’a pas encore commencé notre descente aux enfers.
Vive le réveil de l’esprit des jeunes maliens !
Alfousseini Togo