Yéréré est un petit village soninké dans le cercle de Nioro (Mali), une région caractérisée par un taux d’émigration considérable. En 2003, la construction d’une mosquée du village financée par un migrant installé au Gabon a déclenché de violentes émeutes.
Dans la poursuite de son projet, le migrant avait suivi les voies juridiques d’usage et obtenu l’autorisation des autorités locales, mais il avait outrepassé le chef traditionnel et la communauté villageoise, qui étaient opposés à la nouvelle mosquée.
Les motifs de leur opposition sont de nature sociale (la famille du migrant était arrivée au village depuis un autre district), personnelle (le migrant avait divorcé d’avec la fille du chef local), religieuse (la mosquée desservait un culte minoritaire) et politique (la famille du migrant et le chef local soutenaient des partis politiques).
Lorsque les travaux de construction commencèrent, l’opposition locale devint violente et les émeutes firent plusieurs victimes (y compris le migrant, qui s’était rendu au village à cette occasion), de nombreux blessés et un grand nombre d’arrestations.
Après les affrontements, les autorités gouvernementales ont vivement appuyé la poursuite du projet et la mosquée est à présent terminée. Au moment où notre équipe passait à Yéréré, la localité comptait huit (08) mosquées pour 23.000 habitants. Outre Yéréré, le village de Trounkoumbé a ses vingt-trois (23) mosquées. Là-bas, toutes les grandes familles en possèdent.
Brin COULIBALY