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Assemblée Nationale du Mali : La Majorité consacre la partition
Publié le lundi 4 avril 2016  |  Le Malien
Première
© aBamako.com par mouhamar
Première session de la nouvelle législature
Bamako, le 22 janvier 2014 à l`hémicycle. Les nouveaux députés issus des dernières législatives étaient en session extraordinaire pour l`élection du président de l`assemblée nationale et la composition des groupes parlementaires.Photo: Honorable Issaka SIDIBE




Le doute se dissipe sur l’avenir de notre pays. Avec la mainmise des groupes armés sur la région de Kidal, consécutive à la faiblesse et à l’incapacité de l’Etat à assumer ses responsabilités, c’est désormais tout le pays qui risque de s’effondre. Le ton a été ainsi donné par les députés de la majorité actuelle. Jeudi dernier, en effet, sous le prétexte d’une modification de la loi sur le Code des Collectivités Territoriales, ces élus ont légalisé la mise en place des ” Autorités Intérimaires ” dans les régions du Nord. Autrement dit, les bandits armés côtoieront leurs victimes, auront droit de vie et de mort sur elles. Car, en fait, ce sont les bandits armés qui seront toujours les vrais maîtres du terrain. D’où le courroux de l’opposition.
La modification en question concernait la Loi N° 2012-007 du 07 février 2012 portant Code des Collectivités Territoriales. Ladite loi avait d’ailleurs été modifiée. Jeudi dernier, il s’agissait de l’adapter au contexte actuel. Accord de Paix et de réconciliation nationale avec les groupes armés oblige. Des amendements ont été évoqués. Des parties du texte initial ont été supprimées parce que l’opposition parlementaire avait émis des réserves.
La nouvelle loi prévoit des ” Autorités Intérimaires ” dans les collectivités où les organes élus ne sont plus fonctionnels. On le sait, depuis 2012 avec le putsch militaire et l’occupation de Gao, Tombouctou et Kidal, les organes élus étaient paralysés. Malgré la signature de l’accord de paix du 20 juin 2015, c’est quasiment le statu quo.
La région de Kidal est contrôlée par les groupes armés. De part et d’autre du Nord, c’est la persistance de l’insécurité.
C’est dans ce contexte que le gouvernement a cru devoir encore faire la part belle aux bandits armés. Et il a été suivi par sa majorité. Comme dans les Parlements à parti unique, il n’y avait pas de débats. Les Maliens commencent à s’y habituer, le Président de l’Assemblée Nationale, l’Honorable Issaka Sidibé, a horreur de la contradiction. L’opposition a été sevrée de son droit de parole. Suite logique, elle se retira de la salle pour ne pas cautionner le fait accompli.
Sans surprise donc, la loi a été adoptée par la majorité par 103 voix pour, zéro contre, zéro abstention. Dès promulgation, la loi instituera des ” Autorités Intérimaires ” en lieux et places des organes jadis élus. D’après les textes, ces ” Autorités Intérimaires ” proviennent des services déconcentrés de l’Etat, de la Société civile, du Secteur privé ainsi que des Conseils sortants. Le Ministre de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat, M. Mohamed Ag Erlaf, qui était dans son rôle, a donné des assurances sur les bienfaits de la nouvelle loi. Ces assurances n’ont pas du tout convaincu l’opposition qui estima que cela ouvrirait la voie à la partition du pays.
De l’avis des observateurs, tout cela n’est que la conséquence de la faiblesse de l’Etat actuellement. Mieux, c’est l’incapacité notoire du pouvoir à assumer toutes ses responsabilités qui fait qu’il est obligé de faire la part belle aux bandits armés. Imaginez un peu ! Les bourreaux d’hier et d’aujourd’hui se retrouveront ” autorités intérimaires ” demain à Kidal, Gao et Tombouctou. Ils auront droit de vie et de mort sur leurs victimes.
D’aucuns diront qu’il s’agit là d’une disposition de l’Accord de paix, mais de qui se moquerait-on ? Dans l’Accord, il est question de mise en place ” le cas échéant ” et au plus tard trois mois après la signature … C’est dire que depuis le 20 juin 2015, l’Etat et les groupes armés n’ont rien fait de potable jusque-là. Tout le monde a vu et constaté que les groupes armés ont renforcé leurs capacités de nuisances. Ils ont obtenu la création de nouvelles régions administratives, Ménaka et Taoudénit.
Mais, qu’est-ce que le pouvoir a fait pour en finir avec les groupes armés ? Depuis la débâcle militaire de 2014, la région de Kidal est interdite à toute autorité nationale. A Gao, comme Tombouctou, l’on ne peut plus faire 5 à 10 km, sans escorte militaire solide, au risque de tomber sur des bandits armés.
Bref, en adoptant la présente loi, le gouvernement et sa majorité ont balisé la piste de la partition du pays. Plus aucun doute ne pointe. Dès l’instant que l’Etat en sa qualité d’Autorité nationale suprême est incapable de sauvegarder l’intégrité du territoire, d’assurer la sécurité des personnes et leurs biens, il peut s’abriter derrière des subterfuges. C’est actuellement le cas avec la nouvelle loi relative au Code des Collectivités …
Dans sa parution N° 2878 (6 – 12 mars 2016), notre confrère panafricain, ‘’Jeune-Afrique’’, titrait : ‘’Mali : A quand l’Indépendance ? ‘’. En introduction, l’on pouvait lire : ‘’Quatre ans après l’éclatement du conflit armé dans le Nord, la paix, la sécurité et le rétablissement de l’autorité de l’Etat dépendent toujours de la présence des forces étrangères. Défi numéro un pour IBK : ‘’parvenir à s’en passer. Et pour cela, sortir de l’immobilisme’’.
Nous faisons sien ce passage. Le pouvoir doit se réveiller. Personne d’autre ne viendra faire la paix à la place des Maliens. A eux de se donner les moyens d’y parvenir. En sachant bien que la médiation internationale ne jouait qu’à l’Autruche.
B.Koné
Source: Le Malien
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