Le projet de société du chef de l’Etat réélu reprend toutes les priorités du mandat qui vient de s’achever, à savoir la consolidation des institutions démocratiques, la sécurité, les infrastructures, les services sociaux de base et la modernisation sociale
Le président du Niger, Mahamadou Issoufou réélu le 20 mars dernier a été investi samedi. La cérémonie solennelle s’est déroulée au Palais du 29 Juillet de Niamey, en présence d’une dizaine de chefs d’Etat, dont le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta qui était accompagné de son épouse Mme Kéïta Aminata Maïga.
La délégation présidentielle comprenait également les ministres Boubou Cissé (Economie et Finances) et Mme Sanogo Aminata Mallé (Justice et Droits de l’Homme) et les anciens ministres Bocari Tréta et Soumeylou Boubèye Maïga et des députés.
Cette investiture a donné lieu à un grand show qui s’est déroulé en duplex au Palais des sports et à l’académie des arts martiaux. Le dispositif sécuritaire était considérablement renforcé. Les forces armées et de sécurité étaient massivement déployées aux alentours du stade et aux points stratégiques de la capitale nigérienne.
Lors de son audience solennelle, la Cour constitutionnelle a procédé à la lecture de son arrêt du 30 mars 2016 qui a validé et proclamé les résultats de la présidentielle du 20 mars dernier.
Lors de ce scrutin, le président sortant Mahamadou Issoufou a obtenu 4.102.363 voix, soit 92,51% des 4.434.655 suffrages exprimés valables. Quant à son challenger, Hama Amadou, celui-ci a recueilli 332.292 voix soit 7,49%. Le taux de participation est de 59,80%.
Selon l’article 50 de la Constitution nigérienne, Mahamadou Issoufou a prêté serment sur le livre saint des musulmans, le Coran. Le président élu a juré solennellement « de respecter et de faire respecter la Constitution que le peuple nigérien s’est librement donnée ». Il s’est engagé veiller sur la préservation de l’intégrité du territoire, à œuvrer pour la réalisation de l’unité africaine. Ensuite, la Cour lui a donné acte de son serment et l’a renvoyé à l’exercice de ses fonctions.
La présidente de la Cour constitutionnelle, Mme Kadidjatou Abdoulaye Ly, a fait un réquisitoire dans lequel elle s’est livrée à une analyse critique du processus électoral marqué par « un climat quelque peu délétère, exacerbé par des commentaires de tous genres diffusés en permanence par certains médias et des critiques injustifiées à l’égard des institutions chargées de conduire ledit processus électoral ».
Sachant que d’après l’article 46 de la Constitution, le président de la République incarne l’unité nationale, la Cour l’a encouragé à poursuivre ses efforts dans ce sens en vue de rassembler davantage les Nigériens.
A 12h 16mn, le président réélu a été décoré par le Grand chancelier des ordres nationaux du Niger. Mahamadou Issoufou a reçu les attributs de la nation, dont une écharpe et des colliers. Ensuite, l’on a assisté à la présentation du drapeau nigérien au nouveau chef de l’Etat.
Après la prestation de serment, le président réélu a prononcé son discours d’investiture dans lequel il a mis l’accent sur les réalisations de son premier quinquennat. « Pendant mon premier mandat, l’économie du Niger a connu un taux de croissance annuel moyen de 6%. Cette croissance a permis à des couches importantes de notre société de franchir le seuil de pauvreté et de venir renforcer la classe moyenne. Cette croissance a été portée par le secteur agro-pastoral à travers l’initiative « 3N », les «Nigériens nourrissent les Nigériens», par les investissements, par le secteur des ressources naturelles, notamment la mise en exploitation du pétrole brut et sa transformation en produits pétroliers raffinés dont le Niger d’importateur est devenu exportateur », a commenté Mahamadou Issoufou.
Au total, les ressources financières mobilisées, internes (plus de 73% du financement) comme externes, soit environ 6 000 milliards Fcfa, correspondent approximativement aux prévisions du programme de renaissance.
« La répartition des ressources, entre les différents secteurs, traduit bien notre souci d’asseoir, durablement, les trois termes du triptyque sécurité-démocratie-développement », a assuré le président Issoufou.
Le programme de renaissance acte II, que Mahamadou Issoufou se propose de mettre en œuvre pendant ce quinquennat, reprend toutes les priorités de celui qui vient de s’achever : consolidation des institutions démocratiques, sécurité, infrastructures routières, ferroviaires, énergétiques, urbaines, réseaux de fibre optique, initiative « 3N », secteurs sociaux de base (éducation et santé), accès à l’eau et à l’assainissement, emplois. A ces priorités viennent s’ajouter un défi majeur : la renaissance culturelle en vue de la modernisation sociale.
« Notre ambition est de transformer une économie jusqu’ici dominée par le secteur primaire rural en une économie où les secteurs secondaire et tertiaire deviennent prépondérants, a poursuivi le chef de l’Etat. L’ambition de l’acte II du programme de renaissance consiste à réaliser un taux moyen de croissance économique annuelle de 7%. Le programme prévoit également de porter le taux de pression fiscale de 17% à 20%. « Sur la base de ces hypothèses et avec l’aide des pays amis et de certaines organisations de coopération multilatérale, nous mobiliserons les huit mille deux cents milliards Fcfa nécessaires à la mise en œuvre du programme », a annoncé le président Issoufou.
« Mon vœu le plus cher, c’est qu’à la fin de mon mandat, lorsque j’aurais quitté le pouvoir conformément aux prescriptions de la Constitution, je laisse un Niger radicalement transformé, un Niger où les institutions démocratiques seront plus fortes, un Niger où la lutte contre la corruption aura progressé, un Niger qui aura progressé sur la voie de sa transition démographique, un Niger où l’école sera gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans », a conclu le chef de l’Etat.
Envoyé spécial
B. M. SISSOKO