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Tombouctou, mythique cité carrefour du Sahel, mutilée par les islamistes
Publié le lundi 28 janvier 2013  |  AFP


L’armée
© Autre presse par DR
L’armée malienne a effectué des tirs de sommation contre des groupes armés islamistes occupant le nord du Mali


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BAMAKO - La ville de Tombouctou, dans le nord-est du Mali, qui a été un grand centre intellectuel de l`islam et une prospère cité caravanière à la lisière du Sahara, est tombée sous le contrôle de groupes armés islamistes qui l`ont défigurée depuis juin 2012.

Ville relativement étendue disposant d`un aéroport situé à 4 km du centre, mais également accessible par le fleuve Niger et par trois axes routiers, Tombouctou a été reprise lundi par les soldats français et maliens qui n`y ont rencontré aucune résistance.

Les islamistes qui avaient fui la ville avant l`arrivée des militaires, y ont détruit en partant des précieux manuscrits datant de plusieurs siècles, selon plusieurs témoignages.

"La cité des 333 saints" ou plus banalement "la perle du désert", Tombouctou, inscrite au patrimoine mondial de l`humanité par l`Unesco depuis 1988, a été un haut-lieu du tourisme, mais son nom évoque désormais la justice sommaire des combattants islamistes.

Exécutions, lapidations, amputations, arrestations de femmes non voilées, interdiction de la musique... le vaste nord du Mali vivait totalement depuis juin 2012 au rythme de l`application la plus rigoriste de la charia (loi islamique).

Le monde a été particulièrement choqué par la destruction de nombreux mausolées de saints musulmans, considérés comme des protecteurs de la ville par ses habitants, mais dénoncés comme relevant de "l`idolâtrie" par les islamistes.

"Il y a 333 saints à Tombouctou, on sait exactement où ils sont enterrés, entre les cimetières, les mausolées ou de simples tombeaux. Il y a 16 mausolées, bien construits", généralement en terre crue, avait expliqué à l`AFP un expert malien, originaire de la ville.

Selon lui, ces personnages vénérés "représentent ceux que, dans la culture occidentale, on appelle saints patrons". Ils sont sollicités "pour les mariages, pour implorer la pluie, contre la disette..."

Ces sites, importants lieux de recueillement, sont situés en ville ou dans des cimetières en périphérie de la cité avec des tombes portant des stèles et autres insignes funéraires.

Les mausolées de Sidi Mahmoud, dans le nord de la ville, d`Alpha Moya (ou Alpha Moya Idjé Tjina Sare) dans l`Est et de Sidi Moctar (ou Sidi el Moctar), dans le Nord-est, qui étaient parmi les mausolées les plus visités par les pèlerins, ont notamment été détruits en juin 2012.

Ces démolitions rappellent le triste sort d`autres chefs d`oeuvre du patrimoine mondial, comme les Bouddhas de Bamyan, en Afghanistan, détruits en mars 2001 par les talibans et leurs alliés d`Al-Qaïda.

Tombouctou, devenue la capitale intellectuelle et spirituelle de l`islam en Afrique aux XVe et XVIe siècle, est également célèbre pour ses dizaines de milliers de manuscrits, dont certains remontent à l`ère pré-islamique.

Environ 30.000 de ces manuscrits qui étaient conservés dans un institut gouvernemental ont été déplacés et "sécurisés", après le saccage du lieu par des islamistes en avril, d`après des bibliothécaires.

Mais des dizaines de milliers d`autres sont répartis en divers lieux de la ville, dont l`Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba, qui abritait entre 60.000 et 100.000 manuscrits et a été incendié par les islamistes.

Tombouctou compte aussi trois grandes mosquées historiques (Djingareyber,
Sankoré et Sidi Yahia).

Selon des chiffres officiels de 2009, la ville située au milieu des dunes de sable comptait près de 125.000 habitants. Mais la présence des groupes islamistes armés et les bombardements de l`armée française ont poussé de nombreux habitants à quitter la ville.

L`aviation française a notamment détruit le palais que s`était fait construire en ville l`ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, devenu un poste de commandement des islamistes armés.

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