Les élections présidentielles de 2018 se tiendront dans deux petites années. Et visiblement, certaines formations politiques ont déjà commencé la (ré) mobilisation de leurs troupes. Depuis quelques jours, l’on constate un semblant de réveil au sein de la classe politique. Meetings, conférences nationales, congrès. Chacun y va de son initiative pour s’assurer que les troupes sont bien en place et en état de veille. Ces actions politiques (subites) ne sont pas gratuites ; loin sans faux ; elles annoncent déjà les couleurs des prochaines élections qui promettent d’être âpres.
Yeléma, le parti par qui tout est parti….
C’est ce parti sans grand poids politique sur l’échiquier qui a donné le ton de ce qui ressemble à une ouverture précoce de la campagne électorale. En effet, l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, (président de YELEMA) est le premier à avoir entrepris des actions qui s’assimilent peu ou prou à une intention de contourner les textes régissant l’ouverture de la campagne électorale. Depuis plusieurs mois, le président de YELEMA est en tournée à l’extérieur du pays auprès, indique-t-on, des sections de l’étranger. Mais, il faut dire qu’avant cette tournée auprès de la diaspora, Moussa Mara a déjà fait le tour de beaucoup de mosquées de la capitale où il n’a fait que soigner son image auprès des milieux religieux.
L’homme, du reste, n’a jamais fait mystère de ses intentions de briguer la magistrature suprême, en 2018. Son départ de la primature (dans les conditions qu’on sait) n’a fait que lui donner plus de temps pour s’occuper de l’implantation de son parti communal, avec seulement un député à l’Assemblée Nationale. C’est donc un Moussa Mara, qui n’entend certainement plus s’inscrire dans le même schéma de 2013 (où il a rallié, entre les deux tours, IBK) qui, au mépris de tous les textes sur l’ouverture de la campagne électorale, veut déjà huiler sa machine électorale, sachant qu’il aura encore à faire avec de grosses pointures.
Ainsi, depuis des mois, il fait le tour des familles, des quartiers, les lieux de cultes, Des projets de construction de mosquées sont financés par ci et des enveloppes bourrées d’argent sont distribuées par là, soit pour soutenir un regroupement de femmes, soit pour donner «une contribution » à des jeunes qui ont pris l’initiative de balayer deux ou trois rues de leur quartier. Le hic ! C’est qu’on n’entend aucune instance chargée pour ce faire, inviter les uns et les autres à la retenue. Conséquence ? Certains hommes politiques ont tout de suite vu une volonté de l’ancien Premier ministre de tricher sur le calendrier électoral. Et comme il ne s’est trouvé personne pour le canaliser, d’autres partis politiques ont entrepris de faire la même chose, chacun choisissant son approche. Parmi ceux-ci, on citer, Soumaila Cissé, Président de l’URD et chef de file de l’opposition.
Lui aussi, a fini par prendre son bâton de pèlerin pour aller mobiliser ses troupes. Tout le mois de février et une bonne partie de mars, il a effectué ce qu’on peut qualifier d’une tournée nationale. De Kayes à Tombouctou, en passant par Gao, Soumi a fait un véritable étalage de ses moyens financiers. Il ne s’est pas seulement rendu aux conférences régionales qu’il a animées dans les différentes régions, à chaque étape il s’est rendu dans tous les cercles importants pour un homme en quête de suffrages. Il vient de boucler cette tournée avec la ville des 333 saints où il a présidé un meeting grandiose. Ce que l’on retient de cette tournée (démonstration de force ?) ce sont ces nouvelles adhésions sur lesquelles le focus est mis à chaque fois. Pour boucler la boucle, le parti de la main serrée, a tenu, samedi dernier, au CICB, les assises de sa conférence ,nationale jumelée avec les travaux du 2è congrès ordinaire du mouvement des femmes et du mouvement des jeunes.
Au moment où l’URD passait le communiqué de la tenue de ses rencontres, c’est un autre parti politique non moins important de l’échiquier, l’ADEMA PASJ, qui a aussi donné de la voix. Les ruchers dont le candidat, Dramane Dembélé a perdu le combat face à IBK, à la dernière présidentielle de 2013, a également convoqué et tenu un grand rassemblement politique, le dimanche, à la Maison des Aînés. Le président d’honneur, Dioncounda Traoré et l’ensemble des membres du bureau exécutif national étaient à ce rende-vous hautement politique.
A ceux-là, il faut certainement ajouter, aussi, le cas du parti ASMA de Soumailou Boubeye, qu’on a vu faire dernièrement faire une brève sortie médiatique pour aller aussi accueillir de nouveaux adhérents dans le mandé. Ce qui frappe dans ce réveille subite des états majors politiques, c’est le fait qu’aucunes de ces actions ne s’inscrit dans le cadre de la mission de formation des militants et des militantes ; ce qui est, à coté de la mission de conquête du pouvoir, une autre mission importante incombant à un parti politique digne de ce nom. Tout ceci prédit simplement une chose : les gens sont plus pressés que le calendrier électoral. Le Mali démocratique est de retour. Alors, il faut savoir raison garder.
Oumar Diamoye