Comme de coutume, les détails de l’arrestation de Souleymane Kéita, l’émir de la katiba Halid Ibn Walid soupçonnée de nombreux actes terroristes au Mali, près de la frontière mauritanienne, ont été livrés aux médias étrangers. A travers des révélations de nos confrères de Jeune Afrique, retour sur une traque longue de plus de dix mois.
Le 29 mars dernier, une unité des forces spéciales maliennes détachée à la direction générale de la Sécurité d’Etat (DGSE), les services de renseignement, arrête Souleymane Kéita, 47 ans, émir de la katiba Halid Ibn Walid, la branche d’Ançar Eddine opérant dans le Sud du Mali, notamment dans la région de Sikasso. Mais ce n’est pas dans le Sud du Mali que le natif de Kaolack, au Sénégal, a été appréhendé.
“Au moment de son arrestation, Souleymane Kéita était seul dans son refuge de la forêt de Wagadou, à la frontière avec la Mauritanie”, dans le Nord de la région de Ségou, précise un officier malien. L’Unité des forces spéciales maliennes l’a aussitôt amené à Bamako pour l’y placer dans une cellule de la DGSE.
Une traque de plus de dix mois prenait fin. Souleymane Kéita est notamment suspecté d’être le cerveau des attaques terroristes contre les forces maliennes dans les villages de Fakola et de Misséni, près de Sikasso et de la frontière avec la Côte d’Ivoire, au mois de juin 2015. Depuis, les forces armées maliennes ont détruit sa base de la forêt de Sama, située à la frontière entre le Mali et la Côte d’Ivoire.
Souleymane Kéita s’était enfui vers la Guinée voisine, alors que sept de ses combattants – parmi lesquels son gendre et numéro deux de la katiba, Amadou Diangadou – étaient arrêtés et remis à la DGSE malienne par la police ivoirienne au mois de septembre dernier. Souleymane Kéita s’était caché en Guinée où la DGSE malienne le pistait discrètement.
“A chaque étape de sa cavale, on savait exactement dans quel pays il se trouvait, mais nous ne voulions pas alerter les autorités des pays où il se cachait pour des raisons qui nous sont propres. En ce qui concerne la Guinée, par exemple, nous savons que Souleymane Kéita est d’une grande famille malinké qui a des origines guinéennes. Ainsi, pour des raisons culturelles, il nous fallait agir seuls”, confie le même officier de sécurité malienne.
Pendant sa cavale, Souleymane Kéita changera plusieurs fois de pays. Après la Guinée, il est passé en Sierra Leone, puis en Gambie avant de revenir début mars 2016 au Mali où il trouve refuge chez les combattants du Front de libération du Macina, dans la forêt de Wagadou.
Rendez-vous avec Iyad Ag Ghaly
Selon un communiqué des services de renseignement malien, Kéita était sur le point de rejoindre Iyad Ag Ghaly, chef d’Ançar Eddine, dans la région de Kidal et plus précisément dans les montagnes de l’Adrar des Ifoghas. Les deux hommes se sont connus dans les années 2000 à Bamako, à la mosquée Markaze, du mouvement Tabligh, et ont toujours gardé un solide lien d’amitié.
Rompu au maniement des armes à la suite d’une formation militaire reçue en Egypte à l’occasion d’un voyage d’études “religieuses” (comme il en fit en Arabie saoudite), Souleymane Kéita “a servi aussi comme sergent recruteur de jeunes talibés au profit des jihadistes qui avaient occupé le septentrion malien”, en 2012, affirme la DGSE dans un communiqué diffusé à la presse.
Avec JA