Les résultats de l’analyse de la situation de l’insécurité alimentaire aigue au Mali ont été rendus publics lors d’une réunion de restitution des résultats du cadre harmonisé. Ces résultats ont été présentés à la presse vendredi à l’hôtel Salam par le coordinateur national adjoint du Système d’alerte précoce (SAP), Mamy Coulibaly, en présence du commissaire à la sécurité alimentaire, Oumar Ibrahim Touré.
D’après les résultats présents, la situation est jugée « globalement acceptable » mais un peu plus de 423 000 personnes ont besoin d’aide alimentaire immédiate, des actions de résilience doivent être menées pour 3 029 128 personnes qui sont « en situation de stress ou en situation alimentaire un peu difficile ».
La consommation alimentaire est globalement acceptable. Pour autant, le score de consommation alimentaire est en urgence notamment dans les cercles de Bourem, Kolokani, Koro, Tominian, précise un communiqué remis à la presse par le Commissariat à la sécurité alimentaire. Une certaine dégradation de la consommation alimentaire est attendue dans les zones où la production a été mauvaise et où sévit l’insécurité civile.
Les disponibilités alimentaires sont globalement bonnes grâce à la production agricole. La bonne pluviométrie 2015 a en effet impacté positivement la production agricole. Les résultats de la campagne sont estimés à 8 054 896 tonnes soit une hausse de 27% par rapport à la moyenne des 5 dernières années et de 15,26% par rapport à la campagne précédente. La production dégage un excédent commercialisable de 1 635 000 tonnes. Cependant, des poches de sécheresse ainsi que des cas d’inondation ont été signalés à travers tout le pays durant la campagne. Quant à la crue, elle a été également bonne même si elle n’a pas permis l’inondation de certains lacs et mares.
L’évolution des cultures de contre-saison (maraîchage, cultures irriguées et de décrue) est moyenne à bonne à travers le pays excepté dans le système Faguibine où elle est très mauvaise du fait de la mauvaise crue. Le disponible fourrager est bon et nettement meilleur à celui de l’année dernière et à la moyenne. Cependant, l’insécurité résiduelle continue de limiter l’accès à certains pâturages des zones exondées des régions de Gao, Tombouctou et du nord de celles de Mopti et Ségou.
La bonne production agropastorale a un impact positif léger à moyen sur les indicateurs de résultat. L’approvisionnement des marchés est satisfaisant dans l’ensemble tant dans les zones de production que dans les zones de consommation grâce à la bonne production. Une hausse saisonnière normale proche de la moyenne à légèrement supérieur à la moyenne des prix, est attendue.
Les marchés à bétail resteront animés, les termes de l’échange favorables aux éleveurs et l’évolution moyenne des prix ont des impacts globalement positifs sur les indicateurs de résultat. Au titre des dangers et vulnérabilité, l’insécurité civile au nord et au centre du pays qui continue d’affecter négativement les conditions socio-économiques des ménages, a un impact négatif sur les indicateurs de résultat, particulièrement les moyens d’existence.
La nutrition et l’utilisation des aliments souffrent également du faible taux d’accès à l’eau potable particulièrement dans les cercles de Bafoulabé (Kayes), Barouéli, Bla, San, Ségou, Bourem (Gao), Kolondiéba, Sikasso, Yanfolila (Sikasso).
A l’issue de la restitution, le Commissariat à la sécurité alimentaire a recommandé la mise à la disposition à temps des informations par les services techniques fournisseurs d’information, l’adaptation des outils d’évaluation de la sécurité alimentaire au contexte urbain, la poursuite du renforcement des membres du comité d’analyse.
Pour le commissaire à la sécurité alimentaire, il faut améliorer les outils d’existence des populations. Leur amélioration, a-t-il estimé, permettra aux populations d’avoir des revenus et de sortir de ce cadre d’assistanat. « Sur la base des besoins des populations, nous allons développer des mini projets pour lesquels nous trouverons des financements pour aider ces populations. Nous constatons, malheureusement, qu’à chaque fois les mêmes populations tombent dans le même cadre d’assistanat, c’est ce qu’il faut éviter. Je crois que nous avons suffisamment de potentialités pour développer d’autres types d’activités dans ces zones pour permettre aux populations de sortir de cette situation », a développé Oumar Ibrahim Touré. Le commissaire à la sécurité alimentaire estime qu’on peut ne pas avoir une bonne pluviométrie et, néanmoins, développer un système de pisciculture ou de maraîchage au bord du fleuve Niger. « Notre ambition, c’est de pouvoir développer des actions de résilience pour améliorer les outils d’existence des populations », a-t-il conclu.
K. DIAKITE