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Entre nous : L’exemple sud-africain
Publié le mardi 5 avril 2016  |  Le challenger




La Cour Constitutionnelle de l’Afrique du Sud a ordonné, le 31 mars dernier au Président Jacob Zuma de rembourser une partie des frais de rénovation de sa résidence privée de Nkandla. Pour rénover sa propriété privée, le Président Zuma avait pris quinze millions d’euros dans les caisses publiques. La Cour va plus loin en reprochant au Chef de l’Etat de la nation arc-en-ciel de violation de la Constitution pour son refus de se plier aux injonctions de la médiatrice de la République qui avait exigé le remboursement de ces frais. Selon la Cour, le Chef de l’Etat a « failli à ses devoirs de défendre et de faire respecter la Constitution ».
La prise de position du Président de la Cour Constitutionnelle sud-africaine forge l’admiration et le respect sur un continent où la justice reste et demeure un instrument de terreur, d’oppression et d’injustice aux mains de ceux qui sont aux commandes de l’Etat. Au Niger, le Président Mahamadou Issouffou, qui a prêté serment, avant-hier samedi 2 avril, s’est offert les services de la justice pour emprisonner son principal opposant. Au Tchad et au Congo-Brazzaville, on actionne l’appareil de la justice pour arrêter et emprisonner les opposants afin d’étouffer toute voix discordante. Tout cela dans un concert d’hypocrisie des grandes puissances qui se sont érigées en défenseurs incontestables de la démocratie et des droits de l’homme.
Ce verdict de la Cour Constitutionnelle sud-africaine rappelle que les caisses publiques ne constituent pas des gibecières dans lesquelles les gouvernants doivent puiser de leur bon vouloir comme s’il s’agissait de leur porte-monnaie. A plusieurs milliers de kilomètres de la nation arc-en-ciel, au Mali où les personnes investies de la confiance du peuple ont pris une très grande liberté avec les deniers publics, le rappel à l’ordre de la Cour Constitutionnelle peut servir d’exemple. Au pays de Modibo Kéïta, les biens publics ne sont plus sacrés et sont devenus depuis belles lurettes une source d’enrichissement personnel et collectif. Au Mali, il est connu de tous que les fonds publics sont devenus des caisses dans lesquelles les leaders politiques qui se battent pour obtenir un ministère puisent pour alimenter le parti et entretenir une horde de militants.
On rénove les résidences privées des Présidents des institutions de la République dans la plus grande opacité sans que l’opinion ne soit édifiée sur l’origine des fonds. Cela n’intrigue ni le Bureau du Vérificateur Général, ni les organisations de la Société Civile. Tous ceux qui osent ouvrir la bouche pour demander des comptes sont trainés dans la boue. Et pourtant, les textes de la République recadrent les actions des responsables, une fois qu’ils accèdent à certaines hautes fonctions. C’est pourquoi la Constitution interdit à certains dirigeants d’acquérir des biens ou d’emprunter au cours de l’exercice de leur fonction. Pourquoi ces personnalités n’ont pas rénové leur résidence privée avant leur accession à ces fonctions ? Les fonds sont-ils des dons ou des prêts ?
Le peuple a le droit de savoir la provenance des fonds de rénovation des résidences privées de certains gouvernants. Et ceux-ci ont l’obligation d’informer de leur propre gré sur cette situation confuse qui accentue les soupçons de jouissance, voire de gaspillage des biens publics par l’élite dirigeante.
Chiaka Doumbia
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