La salle Mahamane Haïdara de l’Assemblée nationale du Mali a abrité le vendredi 25 mars dernier un atelier d’information et d’échanges qui a réuni les élus au tour de la table, sur les méfais et conséquences des Mutilations Génitales Féminines (MGF) et les violences faites aux femmes et filles. C’était sous la présidence de l’honorable Aicha Belco Maïga, représentante du président de l’Assemblée nationale, en présence de Fadimata Alainchar, directrice nationale de Plan International Mali.
Cet atelier a été organisé par le Réseau des Parlementaires pour la lutte contre les violences faites aux femmes et eux filles en partenariat avec Plan international Mali.
Dans son intervention, l’honorable Fomba Fatoumata Niambali, présidente du réseau a d’abord témoigné du partenariat fécond qui existe entre son réseau et Plan International Mali. A titre d’exemples, elle dira que Plan Mali a associé son réseau à une visite d’échanges d’expériences en Guinée Bissau sur les MGF/E. Mais aussi, a accompagné son réseau dans la mise en œuvre de son plan d’actions à travers un projet pour un montant de 12.755.700 FCFA.
A l’en croire, cet atelier est la suite d’une série d’activités et de missions effectuées par le réseau dans plusieurs zones couvertes par Plan International Mali en vue d’échanger , d’informer et sensibiliser les élus sur les méfaits et les multiples conséquences des Mutilations Génitales Féminines (MGF/E).
Selon elle, l’excision est une vieille pratique qui a de graves conséquences médicales notamment des infections, des kystes, l’incontinence, la contamination par le VIH/SIDA. Aussi, dit-elle, elle a des conséquences sociales, psychologiques et mêmes économiques sur les femmes. Sans compter qu’elle est une atteinte aux droits humains car elle est une négation du libre choix de la femme de disposer de son corps.
Pour l’honorable Fomba Fatoumata Niambali, les victimes de cette pratique sont exposées à des conséquences néfastes à court et long terme dues à des organes atrophiés, à des cicatrices inhibant la sexualité et les fonctions de reproduction.
« Le gouvernement s’est engagé à partir de 2008 à lutter contre ce phénomène par le lancement de la Politique Nationale de Lutte Contre l’Excision (PNLE) et son plan d’actions 2008-2012. Le deuxième plan d’action quinquennal 2012-2019 de mise en œuvre de cette politique est en cours de préparation », a-t-elle indiqué. Avant de souligner que malgré tous ces efforts consentis par le gouvernement, la prévalence demeure inquiétante à cause de plusieurs facteurs. Notamment, le faible niveau de connaissances des acteurs de la société civile sur les droits humains et sur les textes relatifs aux droits des femmes et des enfants, la perception de l’excision par les communautés comme une pratique culturelle et non une violation des droits humains, le faible niveau de connaissance des communautés sur les complications dues à l’excision, un manque de capacité technique, financière et organisationnelle des acteurs de lutte contre cette pratique, la résistance des exciseuses à maintenir la pratique car elle constitue pour elle une source de revenus, la forte résistance de certains leaders religieux, etc.
D’où l’organisation de cet atelier par le réseau des parlementaires pour informer et sensibiliser les parlementaires, les membres du gouvernement et les élus locaux sur les conséquences néfastes de l’excision. Mais aussi inciter les parlementaires à adopter une loi contre cette pratique au Mali, a conclu l’honorable Fomba Fatoumata Niambali.
Pour sa part, le directrice nationale de Plan Mali Fadimata Alainchar dira qu’il s’agit d’un sujet très sensible pour les maliennes qui ont grandi dans une société où la pratique de l’excision existe.
Selon elle, depuis les années 1990, Plan Mali a commencé la sensibilisation sur les droits des filles. Et pour ce faire, leur action se base sur trois axes : la réponse opérationnelle sur le terrain, le renforcement des capacités économiques des acteurs et faire respecter les engagements pris par le Mali dans le cadre de la lutte contre cette pratique et en matière de respect des droits de la petite fille.
A l’en croire, les petites filles ne pourront s’épanouir si elles ont des problèmes psychologiques dus aux mutilations génitales féminines.
L’honorable Aicha Belco Maïga quant à elle dira qu’agir contre les MFG, c’est d’abord prendre conscience de la spécificité du phénomène et le mesurer. Selon elle, c’est une préoccupation majeure pour le gouvernement comme en témoignent les différentes conventions ratifiées par le Mali dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. Mais aussi, l’engagement politique manifesté par la mise en place du Comité Malien de Lutte contre les Pratiques Traditionnelles (COMAPRAT) en 1984, la création du Comité National pour l’Eradication des Pratiques Néfastes(CNAPN) en 1996, la création du Programme National de Lutte Contre la Pratique de l’Excision (PNLE).
D. Diama