L’ancien ministre de la Réconciliation nationale, le premier à occuper ce poste sous l’ère IBK, Cheick Diarra, a été pris la main dans le sac. Enfin, il a été interpellé et écroué pour détournement de 238 millions Fcfa. Il a abusé d’une de ses parentes en lui proposant d’installer ensemble une usine au Mali.
La bonne dame a beaucoup d’argent, mais elle se laissera prendre au piège de ses liens de parenté avec le ministre Diarra. Lequel, grand-frère de Toto Diarra, l’un des grands militants du mouvement démocratique, a mis sa sœur en confiance, profitant de ses liens supposés avec le président de la République, parce qu’il a été ministre dans son gouvernement. C’est vrai, il avait été nommé Secrétaire général de la Présidence de la République, avant un changement de poste avec Toumani Djimé Diallo. La bonne vieille ficelle utilisée par lui, a consisté à rassurer sa parente en égrener les responsabilités qu’il aurait au plus haut niveau du pouvoir, sans occulter ses liens privilégiés avec le président de la République.
Tout cela pour dire à sa sœur qu’elle était entre de bonnes mains. Cette dernière, au départ, avait commencé à débourser au compte-gouttes la manne financière sollicitée. Mais, par la suite, Cheick Diarra lui demandera d’accélérer le processus de paiement afin que les travaux de l’installation de l’usine puissent démarrer. La dame s’est alors exécutée. La balle était donc dans le camp de Cheick Diarra. Et rien à l’horizon !
Le mari de la dame, voyant que rien ne bougeait, a alors ordonné à sa femme de demander à son frère de leur restituer l’argent reçu, c'est-à-dire les 238 millions de Fcfa. Cheick Diarra ne l’avait plus. Il a quitté Bamako pour se rendre aux USA en vue de s’expliquer. La dame, comme c’est une affaire de famille, n’avait pas voulu porter l’affaire au niveau du Tribunal, dans un premier temps. Elle a sollicité l’intervention des parents, mais rien n’y fera : Cheick ne voulait pas rembourser son argent à la dame qui, face à la pression de son mari, a porté l’affaire devant le Tribunal de grande instance de la commune VI du District de Bamako.
Le dossier fut ainsi confié au juge Sarambé Coulibaly. Ce dernier a tout fait pour que Cheick Diarra puisse, dans la plus grande discrétion, rembourser les 238 millions, mais il n’a pas voulu revenir des USA. Finalement, il a été obligé de saisir ses comptes bancaires. Et c’est en ce moment que l’ancien ministre Diarra est revenu au Mali afin de trouver une solution.
Au final, le juge a été obligé de l’arrêter et de l’écrouer à la prison centrale de Bamako, le mercredi 27 mars 2016. Mais, grâce à certaines relations, notamment avec le Procureur de la République, Aboubacar Sidiki Samaké, qui est un intime ami au juge Boubacar H. Diarra, petit-frère de Cheick Diarra, et grâce aussi à des interventions d’autres personnes, le juge Samaké est le petit-frère de l’ex-ministre de la Recherche scientifique, Assétou Founé Samaké Migan, Cheick Diarra étant cardiaque, il a été admis dans une clinique pour suivre un traitement, sous bonne garde. En somme, le juge Coulibaly a fait son travail. Ce sont le Parquet et l’administration pénitentiaire qui s’occupent du reste.
Euh oui, la vie nous réserve beaucoup de surprises. C’est ce Cheick Diarra, alors ministre de la Réconciliation nationale, en mission en Mauritanie, qui avait dit que le Mali se portait bien maintenant parce que des magistrats étaient en prison. Aujourd’hui, l’arroseur est arrosé à son tour. À l’époque, les syndicats des magistrats avaient demandé à lui et à Bathily de retirer leurs mots, mais ils ne l’avaient pas fait.
En tout cas, si rien n’est fait, l’Etat risque de faire partir Cheick Diarra aux USA, ruinant ainsi tout espoir de remboursement des 238 millions Fcfa de la bonne dame. Lui qui se croyait un homme de confiance du régime, il a tout fait pour joindre IBK avant son arrestation, mais peine perdue. Ce qu’il a oublié, c’est que même les ministres en activité et autres personnalités ont de la peine à joindre ou à rencontrer IBK. Ce n’est donc pas lui qui le pourra, surtout avec la justice à ses trousses.
Sinaly KEÏTA