Alors que la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) jouait son folklore, voire son One Man Show, dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas, les femmes de Kidal ont posé un acte courageux dans le sens de la paix et de la réconciliation nationale. Elles ont ouvert leurs portes à leurs sœurs venues de toutes les régions du Mali et des pays voisins pour échanger sur des sujets touchant à la vie de la Nation, notamment la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Sur initiative de la Coordination des femmes de l’Azawad, plus de 600 femmes se sont réunies pour un forum à Kidal du 23 au 25 mars 2016, pour échanger, entre autres, sur la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. Selon les échos qui nous sont parvenus, les participantes étaient venues de toutes les régions du Mali (Ber, Goundam, Kayes, Ségou, Sikasso, Tombouctou…), de l’ensemble des cercles de Kidal et des pays voisins comme l’Algérie (Adrar, Borg Badj Moctar, Halil, Rigane, Tamanrasset, Timeyawene, Timitren), la Mauritanie, le Burkina...
Elles ont abordé trois thèmes comme le partage du contenu de l'accord pour la paix et la réconciliation ; la paix, le droit et le pardon ; et la mise en place de mécanismes de prévention, de gestion et de résolution pacifique des conflits.
«En dépit de quelques protestations de personnes qui ne veulent pas de la paix, la conférence s’est tenue dans la plus grande convivialité.
Les intervenantes ont pu s’exprimer dans un total respect de la diversité de convictions des participantes», nous rapporte Mme Oumou Sall Seck, participante et maire de Goundam (Tombouctou). Sa brillante intervention sur la nécessité pour les femmes du Mali de se donner la main pour impulser la dynamique de paix a beaucoup marqué l’assistance. «Elle a touché les cœurs parce qu’elle a parlé avec le cœur pour éclairer ses sœurs et les exhorter à s’inscrire dans la mouvance de la paix et de la réconciliation nationale», témoigne une participante.
«Les femmes sont des artisanes de la paix et les Maliennes, du Nord au Sud, sauront jouer un rôle déterminant pour donner un nouvel et solide élan au processus de paix en cours. Leur représentation et leur participation sont incontournables à toutes les étapes qui mènent à la réconciliation nationale», a rappelé l’édile de Goundam, qui est également la présidente du mouvement «Trait d’Union». Pour Oumou Sall Seck, le fait que l'initiative vienne de la Coordination des femmes de l’Azawad, qui a invité les femmes d'autres régions du pays, «est une volonté manifeste des organisatrices à s'inscrire dans l'accord».
Parmi les résolutions, les participantes ont décidé à l’unanimité de pérenniser ce forum à Kidal et dans d'autres localités du pays… Impliquer davantage des femmes, surtout celles de Kidal, dans les instances de mise en œuvre de l'accord pour la paix et la réconciliation, a été aussi fortement recommandé.
Il faut saluer le courage de la Coordination des femmes de l’Azawad et de leurs invités. Ces braves femmes ont eu l’audace de prendre langue avec leurs sœurs de divers horizons pour échanger leurs points de vue afin de pouvoir avancer ensemble dans la même direction. C’est un acte de bravoure, car comme le rappelait un cadre du pays de retour d’une mission dans l’Adrar des Ifoghas, «la situation n'est pas facile à Kidal.
Oser même prononcer le nom du Mali devant une foule est un risque énorme pour ta vie». Un risque que les femmes viennent de braver pour leur Patrie sans tambour ni trompette. Et il est sûr qu’après cette rencontre, «la haine contre le Mali existera toujours, mais elle ne sera plus généralisée», parce que les échanges et l’écoute mutuelle apaisent inexorablement les cœurs !
Moussa BOLLY
Source: Le Reporter