Sans aucune ambition d’analyse critique, au risque de paraitre prétentieux et partial, votre journal vous propose un simple commentaire d’un ouvrage dont les auteurs se disent épris « d’une volonté commune de témoigner, sous l’impulsion d’un droit de mémoire, d’inventaire et de vérité »
Le déclencheur de ce « témoignage » de 212 pages rédigé par un collectif de cadres de l’ère Moussa Traoré sous la direction de Djibril Diallo, serait l’absence de l’ex-président à la tribune du défilé du cinquantenaire de notre indépendance le 22 septembre 2010 et l’annulation de la diffusion de l’entretien qu’il a accordé à l’Ortm pour l’occasion. Ce qui, selon les auteurs, s’inscrit « dans une vaste campagne de réécriture de notre histoire récente. La volonté manifeste d’oblitérer 23 ans d’histoire d’un pays qui vient de célébrer le cinquantenaire» de son indépendance.
Pour se dresser contre cette situation, la démarche qu’ils adoptent vise trois objectifs : affirmer une continuité historique, insister sur une démarcation entre le régime du Cmln et celui de l’Udpm (pour montrer que bien que le second soit sorti du premier, il n’en est pas «le prolongement»), et informer sur l’œuvre de reconstruction nationale réalisée par l’Udpm.
Ce qui va donner lieu à une méthode comparative des défis et acquis des trois républiques successives et la transition connues par le Mali souverain dans l’optique d’en ressortir les éléments de «continuité et de rupture».
US-RDA confrontée au Cmln (plus tard, Udpm)
L’Union soudanaise du RDA (US-RDA) de Modibo Kéita qui a à charge la gestion de la première République va, selon les auteurs, causer sa propre chute à cause du socialisme «romantique» car inactif et donc inadapté aux réalités maliennes. Son renversement, le 19 novembre 1968 par le Cmln de Moussa Traoré, aurait permis, par le «desserrement de bon nombre d’étaux jugulant les hommes et entravant les initiatives», le progrès économique, social et culturel en remettant en cause «plus des pratiques que les options fondamentales régissant les différents secteurs de la vie nationale » sous Modibo Kéita. Reconnaissant ainsi que tout n’a pas été « négatif » sous l’US-RDA, poursuivent les auteurs, le Cmln ne fait pas «table rase du passé et de chasse aux sorcières ». Le Cmln, devenu Udpm, parti politique en mars 1979, le Mali retrouve une «vie constitutionnelle normale».
Udpm confrontée à la Transition et la 3ème République
Vantant les réalisations du Mali sous Moussa Traoré en termes de progrès sur tous les plans de la vie nationale, le comité de rédaction affirme que plusieurs d’entre elles fondent encore notre présent («en 2013 encore, 70% de l’énergie électrique consommés par les Maliens sont produits par des installations réalisées par l’Udpm») et que certaines des plus importantes ont été « détruites » après le 26 mars 1991.
A ce niveau, ils évoquent la liberté de la presse, le «compter sur soi» dans la politique de gestion intérieure, la mise en avant de l’intérêt du Mali et de l’Afrique dans les relations étrangères et surtout l’armée qui «est émasculée après mars 91 avec Amadou Toumani Touré et Alpha Oumar Konaré » avec pour conséquence, sa faillite à «opposer une résistance à une colonne de 500 miliciens qui, en moins de trois mois, ont conquis plus des 2/3 du territoire nationale»
Pour notre part, nous nous limiterons à rappeler à chacun, au nom des libertés et droits individuels, le choix de sa position envers ou contre les propos de cet ouvrage.
Abdoulaye KONATE