Près de onze mois après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, le défi sécuritaire est toujours d’actualité et réduit l’espace humanitaire malgré les efforts déployés par le gouvernement et ses partenaires. La sécurisation des axes empruntés par les rapatriés et des zones de retour reste l’une des préoccupations majeures.
Dans leur pays d’asile, la situation qui prévaut dans les camps est également critique. Ainsi au Burkina Faso, quelque 34.000 réfugiés maliens sont actuellement menacés par l’insécurité alimentaire.
Malgré ces difficultés, le gouvernement s’attache à partager régulièrement avec les pays d’asile les informations sécuritaires et humanitaires des zones de retour des réfugiés afin que ces derniers puissent prendre des décisions éclairées pour leur retour. Ce retour doit toujours être volontaire et avoir lieu dans la sécurité et la dignité des personnes. Si les conditions prévalant dans les zones de retour ne permettent pas encore d’envisager un retour organisé des quelque 145.000 réfugiés encore en exil dans la sous-région, tous les acteurs sont mobilisés afin de réunir prochainement ces conditions. Cette volonté justifie la tenue, depuis hier à l’hôtel Salam, de la troisième réunion de la commission tripartite Mali, Burkina Faso et Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). La rencontre de deux jours fera le point d’exécution du rapatriement des réfugiés et soumettra à l’approbation des participants, un nouveau plan.
La cérémonie d’ouverture de la réunion était présidée par le secrétaire général du ministère de la Solidarité, de l’Action Humanitaire et de la Reconstruction du Nord, Samba Alhamdou Baby. On notait la présence du secrétaire général du ministère des Affaires Étrangères du Burkina Faso, Dieudonné W. Désiré Sougouri, de l’ambassadeur de ce pays au Mali, Kodjo Lougué, du représentant de l’UNHCR au Mali, Koffi Dodzi Adossi, des représentants des mouvements signataires de l’accord et de nombreux invités.
Pour rappel, lors de la première réunion tenue à Bamako, le règlement intérieur de la commission tripartite avait été adopté et le groupe de travail créé. Au cours de la deuxième réunion organisée à Ouagadougou, le plan de travail technique a été adopté. Des actions ont été menées dans le cadre de l’accompagnement au retour des refugiés : réalisation de 7 nouveaux points d’enregistrement de retour des réfugiés en plus des 21 points déjà fonctionnels, en collaboration avec le HCR, distribution de 3.161 tonnes de vivres, pour 1,3 milliard Fcfa, réalisation de 1.030 activités génératrices de revenus au profit des rapatriés pour environ 184 millions Fcfa.
S’y ajoutent l’aménagement et la réhabilitation de 4 zones de retour des réfugiés dans les régions du Nord pour 230 millions Fcfa et de 5 autres en cours d’aménagement pour 252 millions Fcfa, l’appui non alimentaire à 558 ménages pour 25,1 millions Fcfa, l’appui à la réhabilitation des abris en faveur de 279 ménages pour 12,5 millions Fcfa ainsi que l’appui au transport des rapatriés par l’Organisation internationale des migrations, pour environ 2 millions.
Le représentant du HCR au Mali a souhaité que les trois délégations puissent revoir le plan de travail planifié lors de la réunion de Ouagadougou en août 2015 et aussi apporter des innovations comme l’organisation de visites conjointes dans les camps de réfugiés avec le Gouvernement du Mali et les parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Koffi Dodzi Adossi a renouvelé l’engagement de son organisation à soutenir les efforts des autorités maliennes dans la poursuite des activités liées au rapatriement et à la réintégration des réfugiés au Mali.
Le chef de la délégation du Burkina Faso a souhaité que les actions des autorités maliennes pour la réconciliation et la consolidation de la paix, se renforcent afin que les réfugiés maliens vivant au pays des Hommes intègres puissent retrouver leur patrie.
Bouclant la série des interventions, le secrétaire général du ministère de la Solidarité, de l’Action Humanitaire et de la Reconstruction du Nord a annoncé qu’un plan d’actions d’appui au retour des réfugiés pour l’année 2016 a été élaboré en collaboration avec l’ensemble des intervenants. Samba Alhamdou Baby a saisi l’occasion pour rappeler que les départements sectoriels mènent également des actions de réhabilitation et de relèvement en faveur des populations dans les régions du Nord du Mali.
M. SIDIBÉ