Pour le premier trimestre de 2016, 819 Maliens ont été expulsés de 8 pays à travers le monde. C’est le décompte fait par l’Association malienne des expulsés (AME) le mardi 5 avril 2016, au cours d’une conférence de presse tenue à son siège situé vers le tournant du quartier Nafadji en commune I du district de Bamako.
Plusieurs responsables de l’Association malienne des expulsés (AME) étaient présents à cette conférence de presse introduite par leur président, Ousmane Diarra. Dans sa déclaration, l’AME de regretter que depuis la fin de l’année dernière “nos compatriotes subissent des vagues d’expulsions, de refoulements et de rapatriements d’Asie, d’Europe et même du continent africain”. En effet, ce problème récurrent de refoulements, d’expulsions et de rapatriement de migrants maliens s’accentue de jour en jour et devient de plus en plus préoccupant, à en croire les conférenciers. “La lutte contre l’immigration dite illégale constitue une priorité dans la politique mise en place par l’Union européenne qui présente cette forme de migration comme un fléau dangereux à combattre.
Cette attitude de l’Union européenne constitue à se focaliser sur les conséquences sans se soucier des causes profondes du phénomène de la migration. Alors que les raisons qui poussent nos compatriotes à partir sont connues, il s’agit du manque d’emploi des jeunes, de leurs situations économiques et professionnelles difficiles et surtout du manque de perspective qui caractérise leur quotidien”, a soutenu le président de l’Ame, Ousmane Diarra.
C’est pourquoi, selon lui, l’AME pense qu’il appartient aux autorités du Mali de “mettre l’accent sur la résolution des problèmes de chômage et l’amélioration des conditions de vie des citoyens pour espérer sur une éventuelle fin de la forme de migration qui met la vie de nos compatriotes en danger et qui les expose à des violations des droits dans les pays de transit et de destination”.
Il n’a pas manqué de rappeler que la diaspora malienne contribue significativement à l’amélioration des conditions de vie des populations par l’envoi de fonds importants à la famille et des investissements humains et financiers pour la réalisation d’infrastructures (écoles, centres de santé, routes, mosquées…).
Le conférencier de rappeler que pour le premier trimestre de 2016, 819 Maliens ont été refoulés de 8 pays : la Libye (344), l’Arabie Saoudite (140), le Gabon (186), l’Angola (1), l’Espagne (48), le Maroc (31), la Mauritanie (50), la France (19). “Nous avons porté assistance à ces personnes, mais il est fort possible que le nombre réel de personnes expulsées soit plus important que ce chiffre 819” a précisé M. Diarra. L’année dernière, à la même période (premier trimestre), 328 personnes avaient été expulsées, sur un total de 1 231 pour toute l’année.
Cette conférence de presse a été mise à profit par les organisateurs pour dénoncer certaines résolutions du Sommet tenu en novembre 2015 à La Valette sur la migration et dont les résolutions sont, à les croire, contre les intérêts des migrants.
En tout cas, l’AME invite les Etats africains en général et ceux de la Cedeao en particulier à prendre en compte la nécessité du respect du droit à la libre circulation des personnes et de leurs biens, malgré les pressions de l’Union européenne pour la mise en œuvre du plan d’action issu du Sommet de la Valette.
Kassoum THERA