Le cinéma Babemba a refusé du monde le jeudi 31 mars 2016. Et pour cause ! OKA (” Notre Maison “), le film de Souleymane Cissé, était projeté en avant-première pour ses proches et ses connaissances.
OKA, “ Notre maison “ en soninké, est un film fiction-documentaire (une histoire vraie) centré sur la famille du cinéaste qui en est l’acteur principal. Il raconte la dépossession de la famille Cissé de leur maison paternelle par des héritiers de Bassah Diakité (une femme adoptée par la famille Cissé).
La famille Cissé sera expulsée de la maison paternelle de façon humiliante. La spoliation de ce bien du patrimoine de la famille Cissé est intervenue à la suite d’un jugement cousu de malhonnête, sur fond de malversation, de corruption, de faux et usage de faux de la part de ceux qui devaient dire la vérité, c’est-à-dire les hommes de droit. Le film dénonce ces pratiques au sein de la justice malienne.
Le cinéaste se battra de toutes ses forces et possibilités pour récupérer la maison paternelle et rétablir la dignité des membres de sa famille dont ses sœurs meurtries par cette injustice qui ne laissera aucun Bamakois indifférent. La solidarité sera totale autour de la famille. Et cette mobilisation de la presse, des autorités coutumières, administratives, politiques autour de la famille Cissé permettra d’empêcher l’expulsion de la famille Cissé, avant que la Cour suprême ne rétablisse la dignité de la famille du cinéaste désormais rétablie dans ses droits.
Au-delà du cas de sa famille, Souleymane Cissé a voulu tirer la sonnette d’alarme car si lui, en tant que réalisateur, a eu la force et la possibilité de s’exprimer sous le prisme de sa caméra, combien sont-ils ceux qui souffrent après avoir subi une injustice pareille. Et Dieu seul sait qu’ils foisonnent ! Ce n’est donc point de la dénonciation, mais un appel à une prise de conscience pendant qu’il est encore temps. Cela tombe à point nommé car avec la spéculation foncière qui laisse des milliers de victimes dans la désolation, on ne peut mieux dire que c”est une bombe sociale à retardement.
OKA, un film pathétique mais très interrogateur, est donc à voir et à revoir.
Siaka Doumbia