L’Association malienne des expulsés (Ame) pointe un doigt accusateur vers l’Etat malien pour le non-accompagnement de ses membres après leur expulsion et leur retour au bercail. Rien n’est fait pour leur installation, encore moins pour leur prise en charge. C’est dans ce cadre que l’Ame a organisé une conférence de presse dans ses locaux sis à Djélibougou, le mardi 5 avril 2016, pour attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale.
L’Association malienne des expulsés (Ame) fustige l’Etat malien pour son mauvais traitement de nos compatriotes qui sont de retour au bercail, après leur expulsion de leur pays d’accueil. À en croire le président de l’Ame, Ousmane Diarra, depuis la fin de l’année dernière, «on assiste au Mali à l’accueil des vagues d’expulsés, de refoulés et de rapatriés de nos ressortissants d’Asie, d’Europe et même du continent africain». Pour lui, ce problème s’accentue de jour en jour et devient de plus en plus préoccupant. «Mais l’Etat malien reste indifférent», a-t-il déclaré.
Selon Mamadou Konaté, chargé du volet juridique au sein de l’Ame, il appartient aux autorités maliennes de mettre l’accent sur la résolution des problèmes de chômage et l’amélioration des conditions de vie des citoyens, pour endiguer ce phénomène. «La diaspora malienne contribue significativement à l’amélioration des conditions de vie par l’envoi des fonds importants aux familles, les investissements humains et financiers pour la réalisation des infrastructures (constructions d’écoles, de centres de santé, de routes, de mosquées), sans oublier l’amélioration de l’accès à l’eau potable à travers des réalisations hydrauliques», a-t-il indiqué.
Par conséquent, la diaspora malienne est d’un soutien inestimable pour l’économie nationale et dépasse largement l’aide publique au développement octroyée au Mali par les partenaires financiers, a-t-il ajouté. «Pour la simple raison que cet investissement n’est ni un prêt, ni remboursable», a-t-il estimé.
Pour Amadou Coulibaly, chargé du volet social de l’Ame, sa structure a une grosse inquiétude par rapport à la mise en place d’antennes d’accueil, d’information et d’orientation des Maliens de l’extérieur, initiées par le gouvernement du Mali. «L’Ame s’interroge sur la pertinence de la mise en place de ces antennes au niveau des postes frontaliers du Mali, qui risquent de se transformer en postes de gendarmerie pour entraver la libre circulation des personnes et de leurs biens, comme le fait déjà une certaine structure dite de contrôle au niveau de l’Aéroport international Modibo Keïta de Bamako», s’inquiète-t-il.
Par ailleurs, les membres de l’Ame invitent les Etats africains en général et ceux de la Cédéao en particulier, à prendre en compte la nécessité du respect du droit à la libre circulation des personnes et de leurs biens, malgré les pressions de l’Union européenne pour la mise en œuvre du plan d’actions issu du Sommet de la Valette.
À noter qu’au cours du premier trimestre de cette année, il y a eu des expulsions, des refoulements et des rapatriements de Maliens dans plusieurs pays : Libye 344, Gabon 186, Arabie saoudite 140, Mauritanie 50, Espagne 48, Maroc 31, France 19 ; ce qui donne un total de 819 personnes expulsées.
L’Ame invite le gouvernement malien à s’assumer en œuvrant au retour, à la réadmission et à la réintégration des migrants maliens et de coopérer avec les autres Etats pour alléger les souffrances de nos compatriotes.
Ousmane DIAKITE / Stagiaire