Le Parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance (SADI) dénonce le coup d’Etat institutionnel en cours au Brésil et exprime sa solidarité et son soutien à la présidente Dilma Roussef, à l’ancien président Lula et au Parti des Travailleurs (PT).
Le 4 mars 2016, une opération de police a été menée à Sao-Polo à grand renfort de publicité contre l’ancien président Luiz Inacio da Silva dit Lula. Des centaines de policiers armés de pied en cape ont fait irruption à sa résidence, l’ont perquisitionné, ainsi que celle de son fils et de l’Institut qui porte son nom. Ils l’ont arrêté et conduit devant un juge en même temps que José Felipi, coordinateur de la campagne électorale de Dilma Roussef en 2010.
Le motif invoqué est la mise à jour, grâce à l’opération de police «Lava Jato», d’un système de blanchiment d’argent dans lequel sont impliqués plusieurs dizaines d’entreprises de construction et de sous-traitants pétroliers, lesquels auraient surévalué de façon artificielle la valeur des contrats passés avec Petrobras afin de se partager de substantiels bénéfices. Plus de 4 milliards de dollars auraient été perçus par des responsables du système, de dirigeants de partis politiques…
Au même moment, une procédure de destitution de Dilma Roussef est enclenchée à la Chambre des députés par son président Eduardo Cunha, du Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB), lui-même accusé de corruption dans la même affaire et détenant plusieurs comptes bancaires en Suisse estimés à plus de 5 millions de dollars. Malgré l’existence de preuves irréfutables à son encontre, il n’est pas inquiété par la justice brésilienne !
Par ailleurs, sur les 65 députés de la Commission parlementaire mise sur pied pour enquêter sur la présidente, plus d’une quarantaine font l’objet d’enquêtes de la Cour suprême pour avoir été élu avec des fonds d’entreprises liées au scandale du «Lava Jato». Il est à noter également que cette Commission parlementaire est largement dominée par l’opposition et qu’à ce jour, aucune accusation formelle de corruption n’a été établie contre Dilma Roussef et son prédécesseur, Lula !
Tout au long de l’opération «Lava Jato», le juge Segio Moro a utilisé des procédures illégales et anticonstitutionnelles qui consistent à placer sur écoute la Présidente du pays sans mandat de la Cour suprême pour en divulguer de façon organisée son contenu ( l’appel téléphonique de Dilma à Lula) à travers la Chaîne de télévision Globo, l’instrument de propagande de la droite ultralibérale et des milieux d’affaires.
En réalité, cette offensive de la droite brésilienne, du secteur de la justice et des médias a un seul objectif : faire un coup d’Etat institutionnel pour évincer la présidente Dilma Roussef, empêcher un retour éventuel de Lula au pouvoir en 2018 et chasser définitivement le PTB de la scène politique. Ces forces ultralibérales veulent imposer au gouvernement de Dilma Roussef, « l’Agenda-Brésil », qui est un programme politique néolibéral plus favorable à leurs intérêts. En échange, ils s’engagent à lui assurer une stabilité institutionnelle.
Elaboré sous la pression des Agences internationales de notation comme Moddy’s et Standard and Poor’s qui menacent de dégrader la note souveraine du pays, «l’Agenda Brésil» comporte plusieurs exigences à savoir : la privatisation du secteur de la santé, la révision des lois protégeant les zones environnementales et côtières en vue de leur ouverture à l’exploitation des multinationales pétrolifères (à l’exemple du Pré-sal, gigantesque gisement de pétrole et de gaz naturel estimé à plus d’un milliard de m3), la relève de l’âge de départ à la retraite, la flexibilisation accrue du marché du travail, l’affranchissement du pays aux règles du Mercosur pour négocier des accords de libre-échange bilatéraux, le rapprochement stratégique avec les Etats-Unis.
Face à la situation qui prévaut, le Parti SADI :
Condamne avec vigueur les attaques de l’opposition politique, des médias et de certains secteurs du pouvoir judiciaire contre la présidente Dilma Roussef, l’ancien président Lula, le Parti des Travailleurs et toutes les forces progressistes et démocratiques du Brésil ;
Dénonce le coup d’Etat institutionnel sur fond de lynchage politico-judiciaire et médiatique ;
Rappelle que cette même méthode a été utilisée en Amérique latine pour renverser les présidents du Honduras et du Paraguay, Manuel Zelaya et Fernando Lugo. Elle a échoué en 2002 au Venezuela, grâce à la mobilisation populaire. En 2010, l’intervention énergique, efficace et coordonnée de l’Union des Nations sud-américaines (Unasur) a mis fin au soulèvement policier contre le président Rafael Correa en Equateur. Le président Evo Moralès de Bolivie a été lui aussi victime de nombreuses actions de déstabilisation. Elles ont repris de nouveau au Venezuela qui fait face depuis trois ans, à une guerre économique comme en 1973 au Chili. L’assassinat odieux, il y’a quelques semaines, de la dirigeante du mouvement social au Honduras Berta Cacerès, est la parfaite illustration de l’offensive des milieux réactionnaires partout en Amérique Latine pour freiner les projets de transformations sociales ;
Rappelle que la corruption ne se combat pas en violant la constitution, mais elle se combat dans la transparence avec le pouvoir exécutif, le pouvoir judiciaire et tous ses fonctionnaires, de manière démocratique et juste ;
Exprime sa solidarité et son soutien total à la Présidente Dilma Roussef, à l’ancien Président Lula et au Parti des Travailleurs du Brésil (PT) grâce auxquels des millions de brésiliens sont sortis de la pauvreté.
Bamako, le 2 avril 2016
Pour le Bureau Politique
Le président, Dr. Oumar Mariko
Député à l’Assemblée nationale du Mali