Malgré la volonté manifeste du gouvernement d’offrir aux populations du nord plus de sécurité et de mieux vivre, il reste handicapé par l’insuffisance de ses moyens et certaines mesures de l’accord qui limitent sa présence sur toute l’étendue du territoire national. La lenteur du processus de DDR, qui rend la circulation des armes à feu difficile à contrôler, est loin d’arranger les choses. Ainsi, depuis quelques jours, l’on assiste à une recrudescence de la violence dans localités du pays avec son cortège de braquages et de pertes en vies humaines. C’est un véritable coup dur dans la mise en œuvre de l’accord de paix au Mali, face auquel, la Médiation internationale et surtout la MINUSMA sont vivement interpelés.
Depuis le début de cette semaine, ce sont des attaques armées, des fusillades, braquages et enlèvements de véhicules qui se suivent, sans que leurs commanditaires ne puissent être ni véritablement identifiés encore traqués. En effet, un véhicule du CS-Réf/PMI a été enlevé, à Tombouctou par des individus armés non identités, samedi dernier.
Avant ce crime, le dimanche, l’on rapportait par des témoins, l’assassinat d’un homme, dans le village de Mekore, dans le cercle de Niafunké.
‘’Des hommes armés, arrivés sur une moto, ont fusillé un homme qui a finalement succombé à ses blessures. Les forces armées ont été dépêchées sur les lieux ; elles n’ont rien pu trouver pour comprendre la situation. Néanmoins, une enquête est en cours pour déterminer les causes de la fusillade mortelle’’, rapporte une source locale.
Une autre scène similaire s’est produite à Tonka, dans la Commune de Bourem Inaly, cercle de Tombouctou, où un homme a été fusillé par un autre. L’assaillant, réputé être un proche du MNLA, accusant la victime d’avoir laissé ses animaux errer dans sa bourgoutière, dit-on. Pendant que dans la journée du lundi, deux bandits armés sur une moto ont braqué deux camions qui transportaient des produits de la MINUSMA sur la route de Bambara Maoudé-Tombouctou. Selon les sources locales, un camion a été totalement calciné; quant au second, il a été partiellement endommagé. Les occupants ont réussi à s’échapper.
À Douentza, dans la nuit du lundi au mardi, aux environs de 21 heures, le député Ilias Goro, qui était en compagnie d’un ami commerçant du nom de Hiné Cissé dit Issy dans un « grin », a été la cible de deux individus armés et enturbannés. Ils se sont mis à tirer dans tous les sens, avant de demander là où se trouvait le député Ilias Goro, rapportent les sources. Si le député a eu la vie sauve, son ami a été touché et est mort sur le champ.
Face à cette situation qui perdure, il y a lieu de déployer les moyens forts afin de permettre à nos populations de retrouver la quiétude. Au fait, depuis la déroute de l’armée à Kidal en mai 2014, plusieurs parties du territoire échappent encore au contrôle de l’État.
Face à une MINUSMA dépourvue de mandat fort et un Etat complètement absent, le terrorisme ne peut que trouver devant lui, un terreau fertile pour attenter lâchement à la vie d’innocents citoyens.
Bientôt une année, après la signature de l’accord de paix et de réconciliation nationale, le 15 mai et le 20 juin, ni les responsables de l’ONU, ni les populations maliennes, encore moins les autorités de notre pays ne se réjouissent de la situation qui prévaut sur le terrain.
C’est d’ailleurs, pourquoi le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, lors de son intervention à la réunion-débat sur le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la situation de notre pays, a mis l’accent sur les actions entreprises par le gouvernement en matière de réformes politiques et institutionnelles, de défense et de sécurité, de justice, de réconciliation et d’action humanitaire, et de développement économique, social et culturel.
« Il apparaît très clair que le Gouvernement du Mali a donné une forte impulsion et posé des actes significatifs allant dans le sens d’une application intégrale de l’accord », a affirmé le chef de la diplomatie malienne.
Sur le plan institutionnel et politique, la nomination des gouverneurs des deux nouvelles régions du nord (Taoudéni et Ménaka) et l’adoption de la loi relative à la mise en place des autorités intérimaires sont des mesures cruciales qui devraient permettre de débloquer la mise en œuvre diligente des dispositions impérieuses de l’accord de paix.
Le secrétaire général des Nations Unies a d’ailleurs salué ces réformes.
« Je salue les efforts déployés par le Gouvernement pour mettre en œuvre la décentralisation et les réformes politiques et institutionnelles, les deux grandes revendications prioritaires des groupes armés signataires », indique-t-il dans le rapport. Il lui reste de réunir les moyens nécessaires pour que désormais, la mise en œuvre de cet accord convenu par toutes les parties signataires ne soit plus à sens unique et une affaire du seul gouvernement.
Pour le ministre des Affaires étrangères, le gouvernement est en train de jouer sa partition dans la mise en œuvre de l’accord et entend continuer sur cette lancée. Une dynamique positive de la part du gouvernement qui contraste cependant avec la frilosité ambiante du côté des groupes armés dans la matérialisation de leurs engagements. Il importe aujourd’hui que « des avancées importantes et rapides sont nécessaires de la part des mouvements signataires sur les questions de sécurité, notamment l’accélération du processus de cantonnement, de DDR et des patrouilles mixtes ».
Par Sidi Dao