L’ambassade des États-Unis au Mali a publié hier un message d’alerte sur son site internet relatif à une éventuelle attaque terroriste ciblant des étrangers. Les autorités américaines jointes par notre rédaction ont confirmé la menace sans donner plus de précisions. Toutefois, ils demandent à leurs ressortissants de ne pas fréquenter les espaces publics. Après la publication de ce message d’alerte, le Premier ministre a accueilli l’ambassadeur des États Unis pour discuter des mesures de prévention et de lutte contre le terrorisme. Le Premier ministre Modibo Keïta est au micro de nos confrères de l’ORTM :
« Pour qu’ une activité terroriste soit durable telle que nous le voyons aujourd’hui, il faut que deux conditions existent. La première de ces conditions, c’est l’existence des unités actives. Tant qu’il y a des unités actives, le terrorisme prend de l’aile.
La deuxième condition, c’est l’existence d’un réservoir humain permettant à ces groupes de se renouveler et de s’élargir.
Voilà deux conditions qui nous faut constamment avoir à l’esprit, si on veut lutter contre le crime organisé et le terrorisme. Vous savez donc, qu’en raison de la complexité d’une telle situation, que seule une forme de coopération originale entre les États pourra nous permettre de remporter des succès. Un autre élément important aujourd’hui, vous savez quand on fait des lois et que personne ne s’avise de les respecter, personne n’est assurée de sa propre sécurité. Donc, le dernier élément à mon avis, c’est la toute puissance de la loi ».
Les officiers supérieurs maliens qui étaient aussi présents à la rencontre ont salué cette volonté des États-Unis d’aider le Mali dans sa lutte contre le terrorisme. Selon eux, « les États-Unis contribueront à renforcer les capacités des forces de sécurité maliennes ». Pour cela, des cadres superviseurs maliens bénéficieront d’une formation aux États-Unis.
Ibrahima Diallo inspecteur général de la police :
« Il s’agit pour le Mali de faire en sorte que nous puissions avoir un comité interministériel. Parce que l’objectif c’est de faire en sorte que les différents départements puissent travailler en synergie pour que les problèmes soient gérés de commun accord.
Le rôle de la partie américaine, c’est le renforcement des capacités, et ce renforcement des capacités passe d’abord essentiellement par le renforcement des ressources humaines; parce que tout est basé sur l’homme. Il faut que nous ayons des hommes qui soient à hauteur de leurs missions, qui soient capables d’exécuter les missions qui seront les leurs. Au-delà de la formation, il y aura d’autres aspects qui vont suivre, mais le point focal, actuellement, c’est la gestion des ressources humaines. Et dans ce cadre, il est prévu déjà d’envoyer un premier lot de cadres supérieurs pour aller suivre une formation aux États-Unis ».
Des spécialistes des questions sécuritaires pensent que l’alerte donnée par l’ambassade des États Unis est à prendre au sérieux. Selon eux, « l’alerte est une mesure de précaution et n’est pas synonyme d’attentat ».
Serges Daniel est l’un d’eux. Il joint par Ayouba Sow :
« La dernière fois que l’ambassade des États-Unis à Bamako a fait une alerte de ce genre, il y a deux ans. Donc ça veut dire qu’ils font du sérieux et en plus ils travaillent sur la base des informations précises qu’ils ont. C’est une alerte crédible mais ce n’est pas parce qu’il y a une alerte, qu’il y aura forcément un attentat. C’est une mesure de précaution que prend un pays comme les États-Unis par rapport à ses citoyens qui sont sur le territoire malien.
Je ferai quand même observer que les Français et la Minusma n’ont pas donné cette alerte-là; alors qu’en pareille circonstance, ils en donnent généralement. Les Français ont donné dans le passé des alertes, ainsi que la Minusma. Donc il faut prendre ça au sérieux, mais il ne faut pas non plus être trop traumatisé par cette alerte-là ».
Dans ce cas, quelles mesures doivent prendre les autorités maliennes pour éviter une éventuelle attaque?
« Si les Américains rendent public ces documents, c’est que les Maliens sont informés. Donc, il y a des dispositions qui sont prises depuis un certain moment. Mais je pense que les autorités ne parleront pas ouvertement de ces mesures-là ».