Un sondage mené par la Fondation Friedrich Ebert, dont les résultats ont été rendus publics le 8 avril à Bamako, indique que la majorité des Maliens (58,4%) est peu satisfaite des actes posés par le président de la République dans la gestion du pays, contre 36, 6% de citoyens satisfaits. Les résultats de ce sondage réalisé du 21 au 31 décembre 2015 sont le fruit d’une enquête basée sur un échantillon de 1 870 personnes, âgées de 18 ans et plus reparties dans l’ensemble des capitales régionales, y compris Kidal et le District de Bamako.
La même enquête a analysé les réponses à la question de savoir ce que les Maliens pensent des actions du gouvernement dans la gestion du pays. Les résultats montrent que les actions entreprises par le gouvernement ne sont pas bien appréciées par la grande majorité des citoyens. Deux tiers des enquêtés (64%) ne sont pas satisfaits du gouvernement, contre moins d’un tiers (29%) de personnes satisfaites.
Les députés sont les plus mal lotis, avec les deux tiers des enquêtés (66%) qui ne sont pas satisfaits, et 23% des personnes interrogées se sont déclarées peu satisfaites. Mais la déception est plus grande chez les hommes qui ne sont pas satisfaits des actions des députés à 71%, alors que les femmes non satisfaites représentent 63% des enquêtés de leur genre.
L’étude de Mali-Mètre jette aussi un regard sur les préoccupations qui devraient être les priorités du gouvernement. Environ 80% des Maliens citent « la lutte contre l’insécurité » comme devant être la première priorité du gouvernement. Ensuite, « la lutte contre le chômage » est considérée comme la priorité chez 58% des sondés, tandis que 55% estiment que « la lutte contre la pauvreté » doit être prioritaire.
Autre sujet crucial de l’heure abordé par Mali-Mètre est la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Aussi surprenante que cela puisse paraitre, 81% des personnes interrogées déclarent ne pas connaître le contenu de l’accord d’Alger, avec une incidence élevée selon le niveau d’instruction (52% et 72% des niveaux supérieur et secondaire, contre 83% et 88% des niveaux primaires et sans niveau).
En outre, l’enquête montre que les principaux points de l’accord retenus par les Maliens tournent autour de « la régionalisation », « la garantie de la paix et la réconciliation nationale», « l’intégrité territoriale du Mali » et « l’insertion des groupes armées dans l’administration et l’armée », ainsi que « le cantonnement des groupes armés ».
Cette étude qui est la 7è édition de Mali-Mètre est dans la suite des éditions précédentes et a pour objectif de recueillir l’opinion des Maliens sur les thèmes d’actualité depuis l’éclatement de la crise politico-sécuritaire en 2012. Selon Jan Fahlbusch, le représentant-résident de la Fondation Friedrich Ebert au Mali, les résultats de cette étude sont interpellateurs.
Hormis la non-satisfaction des citoyens par rapport à la gestion du pays, les résultats montrent la disponibilité des Maliens à accepter des réformes institutionnelles profondes. Plus de la moitié de la population interrogée (57,2%) pense que la mise en œuvre de l’accord est très importante ou importante pour l’avenir du Mali.
Soumaila T. Diarra