L’on ne dira jamais assez que l’élection d’IBK à la magistrature suprême du Mali a suscité chez bien de citoyens un immense espoir de retour de la paix et de la quiétude nationale et de voir enfin s’amorcer un changement véritable de la vie socio- économique, politique et culturelle de notre pays. Après vingt-deux longues années de balbutiements et de gestion affairiste du pays, voilà que les Maliens (ceux qui ont voté) ont porté toute leur confiance en l’homme jadis appelé «le Malinké», «Kankelétigui». Celui-ci avait, durant toute sa campagne pour la présidentielle de 2013, deux refrains : ‘’Pour l’honneur du Mali’’, ‘’Le Mali d’abord’’.
Après un quasi plébiscité de notre peuple, IBK a prêté serment le 4 septembre 2013 s’engageant ainsi à défendre les intérêts supérieurs de la nation malienne. Deux ans sept mois après, les remords se supplantent à l’espoir qu’il incarnait pour tout un peuple. Grande est donc aujourd’hui la déception de ce peuple. Cette déception générale se lit de plus en plus sur presque tous les visages au Mali et cela au regard de tous les domaines. Ainsi :
Sur le front sécuritaire, les Maliens sont loin du ouf de soulagement qu’ils espéraient lancer au bout d’une année de gestion de Ibrahim Boubacar Keïta. Hélas ! Il n’est plus un secret pour personne que dans nos villes et campagnes l’insécurité frôle l’humiliation de notre pays. De plus en plus, le banditisme de grand chemin, les viols, la concussion, les attaques djihadistes deviennent monnaie courante au Mali du nord au sud et de l’est à l’ouest. En dépit de la présence massive de la MINUSMA et de la force Barkhane dans le septentrion malien, le Mali continue à pleurer et à enterrer ses morts. La région de Kidal est de fait désormais détacher du Mali tant qu’il est vrai que jusqu’à preuve du contraire aucun officiel malien ne s’y trouve. Il en va de même de l’armée, de la gendarmerie et de la police nationales. L’organisation du forum de Kidal par la CMA et la Plateforme prouve à suffisance qu’à propos du Nord- Mali un destin macabre est en train de se jouer sous le regard complice ou impuissant de nos plus hautes autorités.
Sur le plan sanitaire (malgré l’AMO), les Maliens se battent chaque jour pour échapper à la vindicte des maladies jusqu’aux plus bénignes. Ne dites plus (chers lecteurs) que de plus en plus nos hôpitaux sont des mouroirs pour tous les damnés du Mali. Il suffit de taper à la porte d’un centre de santé pour se rendre à l’évidence que la déchéance nationale est chaque jour davantage à son comble.
Sur le plan économique, la misère des masses laborieuses n’est plus à démontrer à tel point que l’espoir d’un mieux-être populaire s’éloigne comme les grondements de tonnerre de nos cœurs et de nos esprits.
Sur le plan politique, les charognards sont de plus en plus dans le firmament du Mali. C’est le prince du jour qui reçoit les honneurs d’une classe politique plus que jamais affairiste et cela au grand dam de ce que l’on appellerait les militants de partis politiques. Ces partis ont cultivé au Mali le manque de la décence et de la probité morale. Les politiciens véreux ont réussi à inculquer dans le cerveau de bien de Maliennes et de Maliens que la politique est le meilleur créneau de se réaliser un paradis terrestre sur la monture des paradis fiscaux. Aujourd’hui, plus qu’hier, l’impasse est totale.
Sur le plan social, la bestialité prend le pas sur l’humain à telle enseigne que la probité morale et sociale n’a plus de place au Mali. Notre pays devient ‘’sauve qui peut’’. Aujourd’hui, aucun Malien soucieux ne peut ouvertement indiquer où va le Mali. Il faut simplement dire qu’à tous les niveaux les Maliens disent de vive voix : ‘’ça ne va plus au Mali !’’ Les slogans de campagne d’IBK ont vite fait de montrer toutes leurs limites objectives. Une fois encore rappelons Modibo Keïta qui disait : «Lorsque les vrais propriétaires deviennent des spectateurs, c’est le festival des brigands.»
Fodé KEITA