Le peuple malien a récemment célébré le vingt-cinquième anniversaire de la chute du Général Moussa Traoré. Plusieurs activités étaient au menu. Des témoignages ont été livrés sur les folles journées de mars 1991. Avec le temps, l’on a remarqué que chaque acteur voudrait magnifier son rôle. Ces journées qui ont coûté cher à notre peuple, avec des pertes en vies humaines et des destructions des outils de travail, continuent de faire couler de la salive.
Les élèves et étudiants qui ont été sacrifiés sur l’autel de la recherche du pouvoir se sont faits quasiment silencieux. Pouvait-il en être autrement ? Le Mouvement Démocratique, regroupement des différentes forces de l’époque, étant mort de sa belle mort, l’on assiste de nos jours à une falsification de l’histoire. Pour preuve, aucun des témoignages livrés n’a fait mention du rôle éminemment historique de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM). Et pourtant, les actes posés par le centrale syndicale sont têtus.
Faut-il rappeler que l’UNTM avait tenu son Conseil central extraordinaire les 8 et 9 mai 1990. Les principales résolutions étaient, entre autres :
”-La fin de monolithisme politique ;
– Le pluralisme démocratique ;
– Le respect des libertés individuelles et collectives ;
– L’augmentation générale des salaires de 50% ;
– Le maintien de l’article 44 du Code du travail ;
– La présidence des Conseils d’Administration de l’INPS, de l’ONMOE pour les syndicats …”
L’UNTM reçut du coup le soutien du bureau de l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH), de l’AEEM (syndicat des élèves et étudiants).
Il a fallu attendre les 8 et 9 janvier 1991 pour assister à la 1ère grève nationale de l’UNTM dans notre pays. Les raisons étaient ainsi libellées : ” -Proclamation du pluralisme démocratique ;
-Augmentation générale des salaires de 50% ;
-Maintien de l’article 44 du Code du travail”.
En mars 1991, un nouveau préavis de grève est déposé sur la table du Gouvernement. Une grève de 48 heures était prévue pour les 21 et 22 mars, puis 72 heures en cas de non-satisfaction. Mais le 22 mars, ce fut le vendredi noir avec son cortège de morts et de blessés. Le Syndicat National de l’Education et de la Culture (SNEC), vu l’ampleur de la situation, fit une déclaration pleine de sens. Le syndicat des enseignants exigea la grève qui poursuivit son cours en illimité. Le 23 mars, l’UNTM donna son quitus. La coordination des Associations, créée le même jour, donna à son tour son OK. Dans la foulée, l’UNTM alla remettre ladite déclaration au Général Moussa Traoré. La suite est connue de tout le monde.
B.Koné