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Mali: scènes de pillage à Tombouctou, promesses des donateurs à Addis Abeba
Publié le mardi 29 janvier 2013  |  AFP




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TOMBOUCTOU (Mali) - Des magasins supposés appartenir à "des Arabes" assimilés aux islamistes ont été pillés mardi à Tombouctou par une foule en colère, au moment où des donateurs réunis à Addis Abeba promettaient plus de 455 millions de dollars pour aider le Mali sur les plans militaire et humanitaire.

Des centaines de personnes, visiblement très pauvres, ont attaqué des
magasins tenus, selon elles, par "des Arabes", "des Algériens", "des
Mauritaniens", accusés d'avoir soutenu les islamistes armés liés à Al-Qaïda à
Tombouctou. Cette ville mythique du nord du Mali a été reprise lundi sans
combat par les armées française et malienne.

Dans certaines boutiques, des munitions et des radios militaires ont été
découvertes, a constaté l'AFP. Mais l'essentiel de la population était occupée
à se saisir de tout ce qui traînait, télévisions, antennes satellite,
nourriture, meubles, vaisselle...

Certains se battaient pour la possession d'objets, d'autres défonçaient les
portes métalliques verrouillant les échoppes, dont certaines ont été
intégralement vidées en quelques minutes.

En milieu de matinée, des soldats maliens sont arrivés, mettant fin au
pillage. "On ne va pas laisser les gens piller. Mais il est vrai que des
munitions ont été trouvées dans certains magasins", a indiqué un officier
malien.

Human Rights Watch (HRW) avait demandé lundi aux autorités maliennes de
prendre "des mesures immédiates" pour "protéger tous les Maliens de
représailles", évoquant "des risques élevés de tensions inter-ethniques" dans
le Nord, où la rivalité est forte entre les minorités arabes et touareg la
plupart du temps assimilées à des islamistes, et les Noirs, majoritaires au
Mali.

A Addis Abeba, Union africaine (UA), Union européenne (UE), Japon,
Etats-Unis et ONU participaient à une conférence des donateurs qui a levé des
fonds à hauteur de 455,53 millions de dollars (338,6 M EUR), destinés aussi
bien aux besoins militaires qu'humanitaires du Mali.

"La situation exige une réponse internationale rapide et efficace, car elle
menace le Mali, la région, le continent et même au-delà," a estimé dans la
capitale éthiopienne Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la commission de
l'Union africaine (UA).

Sur le terrain, quelque 3.500 soldats français et 1.900 soldats africains,
notamment tchadiens et nigériens, sont déployés au côté de l'armée malienne.

Au total, quelque 8.000 soldats africains sont attendus, mais ils
n'arrivent qu'au compte-gouttes, leur déploiement étant ralenti par de sérieux
problèmes de financement et de logistique.

A Tombouctou, l'électricité comme le réseau téléphonique, saboté par les
islamistes avant leur fuite, sont toujours coupés dans la ville, qui risque
également des problèmes d'approvisionnement en eau puisque les pompes ne
fonctionnent plus, et où la nourriture se fait rare, selon les habitants.
Lundi, aux cris de "Mali, Mali, Mali", une foule brandissant de petits
drapeaux français et maliens a accueilli les militaires faisant leur entrée en
ville, sans rencontrer de résistance.

"Prendre les montagnes"

Mais les témoignages se sont multipliés sur la destruction de précieux
manuscrits datant de plusieurs siècles dans cette cité qui fut la capitale
intellectuelle et spirituelle de l'islam en Afrique subsaharienne aux XVe et
XVIe siècles et une prospère cité caravanière.

"Le centre Ahmed Baba où se trouvent des manuscrits de valeur a été brûlé
par les islamistes. C'est un véritable crime culturel", s'est lamenté le maire
de Tombouctou, Halley Ousmane.

L'Institut Ahmed Baba abrite entre 60.000 et 100.000 manuscrits, selon le
ministère malien de la Culture.

Selon les habitants, les islamistes ont pris la fuite après les frappes
aériennes françaises ces derniers jours.

L'opération sur Tombouctou est survenue deux jours après la prise de Gao,
plus importante ville du nord et un des bastions des combattants islamistes, à
1.200 km au nord-est de Bamako.

Après Gao et Tombouctou, les regards se tournent vers Kidal (extrême
nord-est), troisième grande ville du nord, à 1.500 km de Bamako.

Kidal même serait désormais sous le contrôle des rebelles touareg du
Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et des dissidents du
groupe islamiste Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), qui ont formé le
Mouvement islamique de l'Azawad (MIA).

Algabass Ag Intalla, responsable du MIA, fils du chef traditionnel de la
région de Kidal a réaffirmé à l'AFP sa volonté de "dialogue" et assuré que son
mouvement ne visait pas "l'indépendance" du Nord du Mali.

"A Kidal, si tu as les montagnes, c'est toi le chef. Donc il faut prendre
les montagnes", a-t-il expliqué.

Selon une source de sécurité malienne, les principaux responsables des
groupes islamistes armés se sont réfugiés dans les montagnes non loin de la
frontière algérienne.

Des centaines de personnes ont fui Kidal vers des villages plus au nord, en
direction de la frontière algérienne, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés
de l'ONU, (HCR) qui affirme que l'accès à la nourriture et aux biens de
première nécessité a été sérieusement affecté par le conflit et la fermeture
de la frontière.

bur-thm-stb/jms

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