Depuis quelques années, l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) prône pour l’union sacrée des élèves et étudiants du Mali pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux, de rester en classe tout en revendiquant. En d’autres termes, remplacer la violence au sein de l’espace scolaire et universitaire par le dialogue. Mais cette promesse faite aux partenaires sociaux de l’école, de l’opinion nationale et internationale, semble voler en éclat depuis les 9 et 10 avril 2016. En effet, contre toute attente, les élèves et étudiants du Mali sont allés en rang dispersé lors du 23ème congrès de l’Aeem. Deux bureaux parallèles ont été ainsi mis en place.
Deux camps sont à la base de cette situation qui n’honore nullement les dirigeants estudiantins. Il s’agit du camp du secrétaire général sortant du bureau de coordination de l’Aeem 2014-2015, Ibrahim Traoré dit «Jack Beaur», de la première année IPR -IFRA et son opposant (son adjoint en 2014-2015) , Abdoul Salam Togola dit «Willy», étudiant à l’institut des travailleurs sociaux. Le premier et ses partisans ont tenu leur congrès à l’lNA de Bamako. Le second et ses adeptes ont organisé les leur à la Faculté des sciences techniques (FST) sur la Colline de Badalabougou. Si l’un se dit d’être réélu, l’autre déclare être son successeur.
Lors de sa conférence de presse d’après congrès, tenue le 11 avril 2016 au Lycée Technique de Bamako, Ibrahim Traoré, a annoncé qu’il avait deux challengers en face : Ichacka Diaby et Mamadou Dagnoko. «En présence des délégués venus de Kayes, de Koulikoro, de Sikasso, de Ségou, de Mopti, de Gao, de Tombouctou et de Bamako, après désistement de mes concurrents, j’ai été réélu à l’unanimité par les délégués.
Ce qui me donne le droit de briguer un nouveau mandat d’une année, conformément aux textes de l’association», déclare Ibrahim Traoré. Comme j’ai été élu par consensus, mon bureau a été largement élargi. Ce qui fait qu’il est composé de 85 membres dont 8 demoiselles. Par ailleurs, Ibrahim Traoré s’est appesanti de la façon dont les choses se sont passées ce 10 avril. «Conformément aux textes de l’AEEM, c’est le secrétaire général en activité qui organise le congrès, ouvre les travaux, et démissionne. Ensuite place est faite aux différentes candidatures pour briguer le poste de secrétaire général du bureau de coordination. Mais comment peut-on organisé un congrès sans le secrétaire général sortant ?», s’est interrogé Ibrahim Traoré.
L’honorable Moussa Timbiné indexé par le camp Traoré comme instigateur du bicéphalisme survenu
«Je parlais tantôt de l’immixtion des politiques dans l’élection l’Aeem. Il s’agit singulièrement de l’honorable député de la CV Moussa Timbiné. Certes, il fut leader de l’Aeem. Il devait être vu lors de ce congrès comme un ancien, un conseiller auprès de nous jeune génération de l’Aeem. Mais pas comme un homme politique qui impose son candidat de choix à une association indépendante avec un congrès indépendant.
Nous déplorons son attitude. Malgré tout, nos mains restent tendues à nos camarades qui n’avaient pas compris cela au départ que notre congrès est souverain, que ni président de la République, ni le premier ministre, ne peuvent s’immiscer dedans à plus forte un député. Seul les élèves et étudiants ont ce pouvoir». Pour terminer, je lance un appel pressant à tous les camarades de s’unir, de regarder l’avenir de l’école malienne et non les politiques pour détruire notre école. « L’école doit rester à l’école », appuie-t-il.
Tout comme le Secrétaire Général sortant et son clan, Abdoul Salam Togola dit Willy, réclame la victoire et dit avoir succédé à Ibrahim Traoré. Il a tenu aussi le 12 avril 2016, à l’ex Fast, une conférence de presse. Selon lui, le congrès s’est tenu conformément aux textes de l’Aeem. « C’est le secrétaire général sortant qui l’organise.
Le camarade Ibrahim Traoré l’a fait. Il était avec nous le jour de l’ouverture. Mais c’est peut être quand il a senti sa défaite venir, il a essayé avec ses partisans de saboter le congrès. Certains de ses militants ont tiré des coups de feu pour semer le désordre, mais l’intervention des forces de l’ordre du 4ème arrondissement sur place à permis d’arrêter plus d’une dizaine d’entre eux. Et le congrès s’est poursuivit dans les bonnes conditions. J’étais candidat comme cinq autres étudiants. Par la grâce de Dieu, j’ai eu la confiance des délégués des régions du Mali et du District de Bamako pour diriger le bureau de coordination de l’Aeem pendant l’année 201-2016.
Je dirige un bureau de 50 membres. Nous allons rompre avec les pratiques du bureau sortant. C'est-à-dire, avoir un cahier de doléance durant notre mandat pour défendre les intérêts des élèves et étudiants. Et nous lançons un appel aux autorités compétentes de s’impliquer pour que ce bureau qui est légitime puisse être mis dans ses droits sur toute l’étendue du territoire nationale», exhorte Abdoul Salam Togola. Tout cela est survenu, déclare Togola, car le secrétaire général sortant n’avait pas la volonté d’aller au congrès qui devait se tenir en février dernier. «Je confirme que les départements de l’éducation, le Cenou ont déboursé 12 millions de FCFA dans un premier temps pour la tenue du congrès. On ne sait pas ce que le secrétaire général a fait avec cet argent. On était obligé de démarcher encore les mêmes structures pour respecter les textes de l’association. C’est ainsi qu’on a pu tenir le congrès à hauteur de 14 à 15 millions de FCFA.
J’ai personnellement porté plainte au tribunal de la Commune V contre le secrétaire général sortant pour détournement», souligne Abdoul Salam Togola. S’agissant du soutien Moussa Timbiné à son endroit, Togola explique : «pour nous, il est un ancien de l’Aeem, on l’a vu au même titre que les autres anciens de l’Aeem. Donc nous le considérons comme tel. Depuis 2009 je le vois personnellement à tous les congrès de l’Aeem. Il est un ancien de l’Aeem et mérite respect et considération de notre part». Concernant les personnes arrêtées et amener au 4ème arrondissement, déclare le « nouveau » Secrétaire général Salam Togola, certains ont été transférés à la Maison centrale d’arrêt et attendent leur jugement. La question qui taraude tous les esprits est de savoir quel bureau va être l’interlocuteur des autorités de l’éducation malienne ?
Hadama B. Fofana