Après avoir trimbalé le régime IBK tout au long du processus d’Alger, les groupes armés semble décidé à imprimer les traces de leur victoire politique sur chaque étape de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et réconciliation nationale. Car, en plus de leur offrir le pouvoir sur un plateau d’argent en faveur du vote à l’Assemblée nationale de la loi sur les autorités intérimaires, ils viennent d’obtenir du gouvernement malien la réintégration des militaires déserteurs. Une question jusque là bannie des discours officiels en connaissance de cause de son caractère fâcheux et frustrant, ces enfants rebelles des Fama ont été finalement fixés sur leur sort. Le verdict tombé est le moins attendu.
En dessous de l’intégration des ex combattants seule jusque là exhibée au grand public par le gouvernement, les militaires déserteurs ont aussi requis l’indulgence du régime et regagneront impunément les Fama. L’accord d’Alger reconnu imparfait par le gouvernement malien lui-même sera appliqué à la lettre sans aucune possibilité d’y apporter des corrections. C’est le ton donné lors de l’atelier de réflexion manipulé, les 7, 8, 9 et 10 avril 2016 sur « l’intégration des ex combattants ». La hiérarchie militaire, consultée, s’est concédée à un faire-valoir. Car sa proposition n’a pas tenue la promesse faite par le ministre de la Défense et des Anciens combattants qui avait rassuré « éviter les erreurs du passé ». Hier comme dans les jours prochains, la grande muette devra recomposer avec ses déserteurs. Il s’agit de ceux là même qui ont facilité sa livraison à l’ennemi qui vont et reviennent au gré des rébellions sans être inquiétés.
Et cela contrairement à la logique qui voudrait que le régime IBK fasse mieux que les précédentes procédures d’intégration et de réintégration des ex combattants. Mais le gouvernement du Mali en a décidé autrement et impose ainsi sa défaite politique face ex rebelles aux forces armées et de sécurité malienne. Et la grande muette comme d’habitude n’a fait que cautionner. Les Fama déserteurs seront accueillis à bras ouvert avec la bénédiction même de bénéficier de leur grade d’avant désertion. Contactée, la DIRPA fait constater que la hiérarchie militaire n’a fait que reconduire ce qui avait déjà été convenu et mentionné dans l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. L’initiative de la réintégration des déserteurs n’est pas donc de l’armée qui se trouve les mains et pieds liés devant le fait accompli.
Pire, aujourd’hui, toutes les stratégiques ont été développées par faire passer sous silence cette réintégration des déserteurs. En témoigne, le thème de l’atelier qui ne fait référence en aucune partie de la question de réintégration. Idem pour le ministre de la Défense et des Anciens combattants qui a boudé la question dans tous ses discours. A l’ouverture de l’atelier comme à la clôture.
Youssouf Z KEITA