© aBamako.com par Momo
Conférence de presse des partis politique de l`opposition Bamako, le 13 avril 2016 l`opposition républicaine a tenu une Conference de presse a la maison de la presse |
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Conférence de presse des partis politique de l`opposition Bamako, le 13 avril 2016 l`opposition républicaine a tenu une Conference de presse a la maison de la presse |
Face à la ‘’mal’’ gouvernance, la ‘’mauvaise’’ gestion de la crise du nord, la ‘’corruption’’ et l’installation des autorités intérimaires, les partis d’opposition envisagent d’organiser une marche de protestation le samedi 23 avril 2016. L’information a été donnée par Djiguiba Keïta alias PPR à la faveur d’un point-presse tenu le mercredi 13 avril, à la Maison de la Presse.
C’est désormais la guerre médiatique entre l’opposition et la majorité présidentielle. Si dans sa récente tournée dans les sections du District, le Rassemblement pour le Mali (RPM), principal parti de la majorité présidentielle, a décidé de ne plus laisser l’espace médiatique à l’opposition, cette dernière n’entend pas se laisser faire. C’est pourquoi, nous assistons au coup pour coup ces derniers temps. Après la sortie de l’opposition pour menacer de saisir la Cour Constitutionnelle au cas où les députés adoptaient la loi portant modification du Code des Collectivités, estimant qu’elle est inconstitutionnelle, la majorité parlementaire ne s’est pas faite prier pour réagir en affirmant que cette loi n’est ni inconstitutionnelle ni porteuse de germe de partition du pays.
Hier, l’opposition est revenue en force avec trois principaux sujets en main. Il s’agit de la saisine de la Cour constitutionnelle aux fins de contrôle de constitutionnalité de la mise en place des autorités intérimaires au nord; des raisons de son boycott du Cadre de concertation; et l’organisation d’une marche de protestation contre ce qu’elle appelle les dérives de la gouvernance du régime IBK.
Saisine de la cour constitutionnelle aux fins de contrôle de constitutionnalité
Dans la déclaration lue par Djiguiba Keïta, l’opposition affirme que l’adoption de la loi portant modification du Code des collectivités pour y introduire l’institution des autorités intérimaires dans toutes les régions du nord de notre pays est une atteinte grave à la constitution de notre pays, et en ayant en son sein les germes de la partition du Mali dont la parfaite illustration est l’attribution d’un statut particulier aux régions du Nord. Le conférencier précisera: «Nous considérons que les articles 11 (nouveau), 12 (nouveau), 86 (nouveau), 87 (nouveau), 152 (nouveau) et 153 (nouveau) violent le principe constitutionnel de la libre administration des collectivités territoriales posé par l’article 98 de la Constitution; nous considérons que l’article 86 (nouveau) viole l’article 70 de la Constitution; nous considérons également que la loi a été adoptée en violation de l’article 99, alinéa 3 de la Constitution. Le principe de la libre administration des collectivités territoriales est posé par l’article 98 de la Constitution qui dispose: Les collectivités s’administrent librement par des conseils élus et dans les conditions fixées par la loi».
L’article 204, poursuivra-t-il, dispose : « En cas de vacance pour quelque cause que ce soit, d’un siège de conseiller communal, le candidat venant sur la liste immédiatement après le dernier élu est appelé à occuper le siège vacant. Il est procédé ainsi jusqu’à épuisement de la liste. Dans ce dernier cas, il y a lieu à élection partielle, sauf si la vacance intervient dans les douze (12) derniers mois du mandat communal. Et l’article 206 (Loi 014-053) ajoute: «en cas de vacance d’un siège de conseiller de cercle, pour quelque cause que ce soit, il est procédé à une élection partielle au sein du conseil communal pour pourvoir au siège vacant conformément aux dispositions du code des collectivités territoriales. En cas de vacance d’un siège de conseiller régional ou du District, le candidat venant sur la liste immédiatement après le dernier élu est appelé à occuper le siège vacant. Il est procédé ainsi jusqu’à épuisement de la liste. Dans ce dernier cas, il y a lieu à élection partielle, sauf si la vacance intervient dans les douze (12) derniers mois du mandat.»
Pour l’opposition, ces dispositions permettent la prise en charge de toutes les éventualités mises en avant pour justifier l’institution des autorités intérimaires.
Prévoir dans la loi le remplacement de conseils élus par des organes dont les membres sont nommés par le Pouvoir central consacre une mise en cause du principe de libre administration par le législateur au profit de la déconcentration, s’indigne l’opposition.
L’organisation de la marche
A en croire le conférencier, l’opposition a dénoncé et alerté le sommet de l’Etat sur les dérives qui caractérisent la gouvernance. Malgré cela, regrette-t-il, les choses vont de mal en pis. Mais, indique-t-il, l’opposition ne baissera pas les bras et laisser le pays sombrer. Elle entreprendra toutes les démarches que la loi lui confère pour exiger une meilleure gouvernance afin que le Mali soit dans le concert des grandes nations. C’est pourquoi, poursuivra Diguiba Keïta, cette marche a été initiée. «Nous avons alerté ! Oui nous avons dénoncé toutes les dérives qui ont caractérisé la Gouvernance de notre pays ! Nous avons été traités de tous les noms d’oiseaux !
Notre pays souffre! Les espoirs s’effritent !
Ce tableau catastrophique de notre pays ne doit pas nous faire perdre de vue que notre peuple aspire à la paix, à la quiétude dans la solidarité et le partage. C’est pourquoi nous invitons les Maliennes et les Maliens à une marche le samedi 23 avril à partir de 09heures pour dénoncer les dérives du régime», déclarera Diguiba Keïta dit PPR. Ces dérivent, cite-t-il, sont, entre autres, la mauvaise gestion du Nord, la mise en place des autorités intérimaires dans les régions du nord du Mali, la mauvaise gouvernance, la corruption généralisée, la dilapidation de nos maigres ressources, l‘arrogance et le mépris. Aussi, ajoute M. Keïta, cette marche sera-t-elle mise à profit pour exiger la paix et la quiétude dans un Mali uni et prospère.
Le boycott de la réunion du cadre de concertation
L’ordre du jour de la réunion du mardi 12 avril 2016 concernait le projet de relecture de la loi électorale, de la charte des partis, l’agenda et le chronogramme des élections, etc. Pour l’opposition, cet ordre du jour démontre éloquemment le refus du gouvernement de tirer les leçons des tentatives antérieures d’organiser les communales et les régionales en faisant fi de la situation sécuritaire générale du pays et des engagements qu’il a pris dans le cadre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Ce qui dénote la politique de fuite en avant qui caractérise l’action gouvernementale au Mali depuis deux ans et demi. Le conférencier de préciser : «l’ordre du jour de cette réunion montre à suffisance l’incapacité du Gouvernement à avoir une vision d’ensemble des questions institutionnelles et électorales.
C’est pourquoi les partis politiques de l’opposition républicaine et démocratique ont décidé solennellement qu’à partir de ce mardi 12 avril, ils n’accepteront plus de s’associer à une quelconque concertation qui ne prend pas en compte les vrais problèmes politiques et institutionnels du pays ».
Par la même circonstance, le sujet du surplus des cartes Nina est revenu. A ce sujet, les partis politiques de l’opposition républicaine et démocratique exigent la résolution immédiate des questions relatives aux 900 000 cartes NINA qui, selon le Vérificateur Général, sont de trop; l’introduction de la biométrie dans le système électoral comme c’est le cas dans la plupart de nos pays voisins. En attendant, ils affirment avoir annoncé au ministre de l’Administration territoriale qu’ils quittent le Cadre de concertation qu’il préside pour y revenir le jour où les questions institutionnelles, politiques et électorales seront mises à discussion dans une vision globale.
Oumar KONATE