Ce n’est plus un secret, des ex rebelles vont intégrer l’armée malienne conformément à des dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Le processus est entamé et déjà, il suscite sinon des contestations, au moins des inquiétudes et surtout des interrogations. Et pour cause : dans l’histoire récente du Mali, il y a eu des cas d’intégration d’ex rebelles dans l’armée. A chaque fois, ils ont retourné les armes contre la même armée et contre les populations maliennes. D’où l’accueil mitigé du processus d’intégration en cours.
Prévue par l’accord de paix paraphé entre différents groupes armés et le gouvernement malien sous le contrôle de la communauté internationale et des membres de la médiation dans la crise malienne, la question liée à l’intégration des ex-rebelles au sein de l’armée malienne se traite dans les bureaux de Bamako.
Partant de là, la semaine dernière le ministre de la défense et des anciens combattants, Tiéman Hubert Coulibaly exprimait la volonté de l’Etat malien à faire face à la question selon des critères dont seules les différentes parties détiennent les secrets. Prendre connaissance de la liste des membres de la rébellion à intégrer au sein de la grande muette malienne est désormais la principale préoccupation du gouvernement malien. Respectueuse de l’accord de paix, la partie malienne s’active sur les modalités de son application. L’intégration de certains ex-combattants au sein de l’armée, une exigence des rebelles, sera prise en compte par le gouvernement malien. En effet, la question qui se pose actuellement est de savoir les conditions de cette intégration.
Les responsables rebelles ont la charge de fournir au gouvernement malien une liste des combattants qu’ils voudraient intégrer dans l’armée. Combien seront-ils ? Seront-ils tous des déserteurs de l’armée? Avec quels grades seront-ils intégrés? Autant d’interrogations que se posent certains militaires maliens qui, à travers cette approche politique, se verront bientôt dans une obligation de coopération avec les rebelles intégrés. Comme dirait l’autre, pour la paix, aucun sacrifice n’est de trop, à condition de rassurer que le sacrifice consenti ne fasse pas de ton voisin le chef de ta famille.
Les groupes armés du Nord qui ont signé la paix avec le gouvernement, le 20 juin dernier, doivent être progressivement cantonnés, démobilisés puis intégrés pour certains dans l’armée. C’est pourquoi le ministère de la défense a consacré quatre journées de réflexion à ce processus d’intégration des ex-combattants. Parmi les critères de sélection, l’appartenance à une unité combattante d’un mouvement signataire de l’accord de paix, l’expérience, les limites d’âge des grades ou encore l’exemption de mandat de dépôt.
L’ordre naturel demandait au gouvernement de procéder au cantonnement et à la démobilisation des rebelles avant leur intégration au sein de l’armée. Alors, contre toute attente, la démobilisation et le cantonnement n’étant pas acquis, le gouvernement s’apprête à intégrer les rebelles dans l’armée.
Serge Lath