Pour Madame Anouk Bertucat, Mali 100 Mega et son patron Renaud Gaudin ont raison de protester sur les débits et les tarifs de la Livebox mais pas des nouvelles offres Internet.
Carrefour : Les entrepreneurs et les internautes maliens regroupés au sein de Mali 100 Mega accusent votre société de pratique de monopole tarifaire dans le domaine de l’internet résidentiel ?
Anouk Bertucat :. Le rapport annuel 2014 de l’AMRTP dit qu’il y a au Mali 69 118 abonnés à l’internet fixe à la fin 2014. Avec la Livebox Orange Mali n’a que 10000 clients Internet fixe sur les 69 000 cela veut dire qu’on n’est pas du tout majoritaire, on est majoritaire sur le mobile mais pas du tout sur l’internet fixe. Sur l’internet fixe on a plus de concurrents que sur le mobile. Sur l’internet fixe il y a Malitel avec l’ADSL, Afribone ; sur wimax, Afribone est un gros fournisseur d’accès internet. Mali100-mega fait comme si ces entreprises n’existaient pas alors que ce sont de gros concurrents actifs. Il ya aussi ARC-MALI qui est un autre fournisseur d’accès internet donc on est au moins quatre sur le marché de l’internet.
Carrefour : Les débits n’ont pas évolué depuis 2009, seule une baisse de 3000 fcfa mensuelle en 2011 ?
Sur la livebox oui, ça c’est tout à fait vrai. La livebox fonctionne sur notre réseau Wimax et le Wimax est une technologie en fin de vie. Nous ne pouvons plus prendre de client sur ce réseau car il est saturé . Monsieur Gaudin a donc raison de dire que le débit n’a pas évolué. Nous n’avons pas pu baisser les prix parce que cela aurait attiré encore plus de clients que nous ne pouvions accueillir faute de place. Donc sur le prix de la Livebox aussi monsieur Gaudin a raison sauf que cela fait complètement abstraction des nouvelles offres Internet qu’on a mises sur le marché , les offres primO et conforto avec des débits qui n’ont plus rien avoir avec la livebox. Avec livebox on était à 384 kilobit/ seconde avec primO vous montez jusqu’à à 2 megabit / seconde Quant à conforto, l’offre ne coûte que 9900 f par mois vous avez du 512 kilobit/ seconde c’est donc c’est une avancée énorme pour donner accès à des solutions de très bon débit à des prix très compétitifs aux Maliens.
Carrefour : Jusqu’ en 2015 Orange Mali s’est distingué par une bonne qualité de service stabilité, fiabilité et un service client compétent et réactif pourquoi une dégradation maintenant ?
Anouk Bertucat : Sur la qualité de la livebox nous avons eu des interférences sur les fréquences qui nous étaient allouées en avril et en mai. Nos clients ont souffert, nous les avons accompagnés en offrant 2 mois de gratuité et des solutions palliatives mobiles. En revanche, sur le réseau 3G+ nous avons un réseau en constante amélioration : depuis le mois de juin 2015 le réseau 3G+ est paramétré à 42 megabit / seconde sur tout Bamako et Kayes, ce sont des avancées coûteuses, mais aujourd’hui nous misons sur ce réseau et nos clients sont satisfaits de ces nouvelles offres : ils sont très nombreux à s’être précipités dans les boutiques Orange ce qui fait que nous avons connu une rupture de stock.
Carrefour : Vos tarifications attestent du mercantilisme financier comme preuve ?
10 mega OCTET coûtent 200fcfa
50 mega OCTET coûtent 1000fcfa
100 mega OCTET coûtent 1500fcfa
300 mega OCTET 7500 fcfa
1 G coûte 7500 fcfa
Anouk Bertucat : Ce ne sont pas les tarifs de l’Internet fixe mais ceux sur le mobile. Orange Mali n’est pas moins bien positionné que la concurrence sur ces tarifs. En revanche la durée de validité que nous donnons pour ces pass data est très compétitive car vous avez 30 à 60 jours pour utiliser le pass. Amener Internet au Mali c’est coûteux : on est obligé d’avoir une route vers Abidjan, une route vers Dakar pour être relié au câble sous marin international parce que l’internet ca n’est pas du Mali au Mali mais du Mali au reste du monde Quand on amène la data de Dakar à Bamako c’est coûteux il ya une différence énorme Les comparaisons d’une zone géographique à l’autre sont faites, je peux comprendre cette volonté de comparer c’est tout à fait normal, je ne dirais pas qu’on a la data la moins chère du monde si on regarde les grilles tarifaires mais il ne faut pas oublier qu’on est sur un marché qui est en constante promotion : des promotions 200% ça veut dire que vous payez 10 megaoctets vous en avez 30 pour 2OOF et qui sont valables 30 jours ! ensuite il y a la solutions des forfaits SEWA qui combinent des minutes vers toute destination, des sms et de la data. Le prix du forfait est très bas, la minute d’appel tombe jusqu’à 30F et la data est en plus sans coût.. Il y a des promotions quasiment tout le temps. Dans d’autres pays les promotions sont presque inexistantes voire parfois même interdites.
Carrefour : Selon l’AMRTP ce coup élevé est dû au manque de concurrence
Sur internet mobile il n’y a que deux opérateurs mais sur l’internet résidentiel encore une fois il y a 4 au moins 4 opérateurs. Les grilles tarifaires ne sont plus une réalité puisque la grosse part des achats de pass se fait en promotion.
Dans la sous-région il est difficile de comparer les grilles tarifaires sans prendre en compte les durée de validité : si le pass n’est valable que 24h, le prix est bas, s’il est valable 2 mois, il est plus élevé tout cela est retravaillé en permanence avec des études de marchés. Des études que nous faisons en interrogeant les clients.
Carrefour : D’après Orange Mali ce coût est fonction de l’étendue du territoire parce qu’il faut une grande quantité d’équipement ?
Anouk Bertucat : c’est un grand mélange de tous les arguments mais ce n’est pas grave !. Des mouvements clients ont comparé la voix à Dakar et la voix à Bamako. L’argument de la taille du pays tient pour le coût de la voix, le Mali est 6 fois plus grand que le Sénégal et pourtant aujourd’hui on couvre 92% de la population avec le mobile. 92 % de la population qui peut passer des appels sur Orange. Couvrir 92% de la population dans un pays qui est 6 fois plus grand que le Sénégal forcement c’est beaucoup plus coûteux. Sans compter qu’après la crise nous avons reconstruit 100 sites dans le nord du pays c’était des investissements qui n’étaient pas prévus que nous avons été cherchés auprès de notre groupe pour pouvoir investir parce que les populations en avaient besoin. Au Sénégal il n’y a pas eu de crise il ya pas eu besoin de reconstruire. C’est pour cela qu’il est difficile de comparer deux pays, entre les spécificités géographiques et les usages promotionnels la lecture n’est pas si simple.