Les interventions Serval et Barkhane n’ont pas réussi à stabiliser le Mali, toujours en proie aux attaques des groupes djihadistes
L’attaque menée mardi 12 avril contre une patrouille de l’armée française qui a tué trois soldats dans le nord Mali a remis un coup de projecteur sur l’insécurité qui continue de miner le pays.
Malgré la présence des militaires français de la force antiterroriste Barkhane et des casques bleus de la Minusma, des poches entières du territoire malien échappent encore à tout contrôle. Dans les régions du nord, coeur battant de la crise malienne, mais aussi au centre du pays, en zone peule où le plus important chef djihadiste présumé du sud du Mali, Souleymane Keïta a été arrêté par les services de renseignements fin mars.
En dépit de ce coup de filet, les attaques sont en recrudescence ces derniers jours. Elles se concentrent tout particulièrement aux environs de Kidal, Gao et Tombouctou, ciblant la France, ses alliés internationaux et l’armée malienne.
La France, coeur de cible
La journée du 12 avril où s’est déroulée l’attaque contre la patrouille française a été particulièrement agitée. Le matin même, un convoi de la Minusma a sauté sur une mine dans la zone d’Aguel Hoc, au nord ouest de Kidal. Les forces de Barkhane ont procédé, en parallèle, à l’arrestation de huit combattants du MNLA, principale organisation indépendantiste touarègue, accusés de trafics d’armes, avant de les relâcher moins de vingt quatre heures plus tard à Kidal. La veille, dans la région de Gao, le camp de la Minusma à Assongo a par ailleurs été la cible de tirs d’obus.
Le 13 avril, le groupe Ansar Eddine dirigé par le célèbre chef djihadiste touareg, Iyad Ag Ghali, a livré un attaque contre l’armée malienne dans la localité de Boni près de Mopti au centre du pays causant la mort de cinq soldats. Dans un communiqué publié sur le site mauritanien d’information Alakhbar, un porte-parole d’Ansar Eddine affirme que cette attaque a été menée contre l’armée malienne accusée d’avoir « envahi l’Azawad ». Il menace par ailleurs de s’en prendre à nouveau aux forces françaises et onusiennes.
Des civils terrorisés
Les civils sont loin d’être épargnés. Deux personnes ont été tuées au sud de Rharous dans la région de Tombouctou dans la nuit du 13 au 14 avril suite à une attaque menée par des individus encore non identifiés. « Le nord du Mali fait face à un regain de violence et de banditisme. Les populations régulièrement victimes de braquages se font dépouiller de leurs biens et de leur bétail » affirme un touareg de la région de Tombouctou.
La peur qui se diffuse parmi les populations du nord constitue un frein important au retour des 180 000 réfugiés maliens dispersés dans les pays voisins où ils vivent souvent dans des conditions extrêmement précaires. Selon les informations du Programme alimentaire mondial et du Haut Commissariat aux réfugiés, 32 000 d’entre eux sont aujourd’hui menacés par l’insécurité alimentaire.
Face à ces nombreux facteurs d’instabilité qui augmentent les risques sécuritaires dans le pays, les autorités maliennes ont pris la décision de proroger l’Etat d’urgence jusqu’au 15 juillet. Ce dernier avait été proclamé une première fois pour dix jours au soir de l’attaque par des islamistes de l’hôtel Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre et de nouveau le 21 décembre pour dix jours. Le 31 décembre, il avait été prorogé pour trois mois, jusqu’au 31 mars, puis réinstauré le 4 avril pour dix jours.