À Kidal, avant-hier, les soldats de Barkhane ont arrêté huit combattants du MNLA, parmi lesquels deux hauts gradés, dans un quartier populaire, proche du camp de la Minusma. Les sources miliaires estiment que cette opération est en rapport avec le drame vécu, le même jour, loin de là, à Tessalit, par un convoi militaire transportant plusieurs soldats qui a été touché par une mine, causant la mort de trois militaires français et de plusieurs blessés. Les circonstances de ce drame et l’arrestation de ces combattants seront-elles élucidées pour prévenir les connexions sur les réseaux de trafic d’armes qui se développent dans la zone ?
En vue d’établir les circonstances de cette nouvelle explosion, ayant frappé des soldats français, de retour de mission, à la proximité de leur camp de Tessalit, le mardi dernier, et ayant causé la mort de trois d’entre eux (les deux autres blessés transportés d’urgence ont succombé à leurs blessures alourdissant le bilan du sinistre), les forces Barkhanes ont entrepris une opération militaire d’envergure qui a débouché sur l’arrestation de huit commandants du Mnla. À Kidal, loin du lieu du sinistre, où les soldats français ont été fauchés par l’explosion d’une mine, plus exactement dans un quartier populaire, non loin du camp de la Minusma, les Français ont capturé huit commandants du Mnla. C’était, selon des sources militaires crédibles, le même jour où il y a eu lieu, à Tessalit, la tragédie de la mort de soldats français de l’opération Barkhane qui revenaient à bord d’un véhicule blindé d’une mission militaire, effectuée sur le terrain.
Des hommes du MNLA arrêtés
Parmi les hommes du Mnla, arrêtés dans le feu de l’action, on dénombre deux hauts gradés ; un certain M’barek Ag Mossa et l’autre, Ahmed Ag Barka, tous deux chefs militaires influents du groupe rebelle et fortement suspectés, y compris jusque dans leur proche entourage, de trafic d’armes. Sans doute, l’arrestation de ces hommes, dont l’activité criminelle n’était qu’un secret de polichinelle dans la zone, va mettre la pression sur leur groupe d’origine, le Mnla, qui aura fort à faire pour disculper ces deux présumés trafiquants d’armes dans des activités criminelles qui se multiplient dans la zone, ces derniers temps. Le cas récent de la mort de trois soldats français, morts d’une explosion de mine sur leur passage, est symptomatique de la recrudescence de la violente meurtrière qui y règne et qui compromettent dangereusement la mise en œuvre de l’accord pour la paix au Mali.
En fait, selon des sources militaires, l’explosion est survenue lors d’une opération de la force française Barkhane à l’approche de la ville de Tessalit, leur destination finale. Selon le ministère de la Défense française, qui a annoncé les faits, les victimes se trouvaient à bord de l’engin de tête d’un convoi logistique d’une soixantaine de véhicules qui a touché une mine et explosé. Les trois soldats tués sont parmi le lot des combattants valeureux de l’armée française qui participent, dans notre pays, à la traque contre les groupes djihadistes, lesquels multiplient, ces derniers temps, les assauts meurtriers, dans plusieurs endroits du pays, et même au-delà des frontières nationales, contre les populations civiles, les positions de l’armée et celles de la Minusma.
Trois valeureux soldats français tués pour le Mali
Selon des notes confidentielles, relevant l’identité et le parcours des soldats tués, lors de l’explosion de ce convoi militaire, on note que le soldat de première classe Mickaël Poo-Sing a été tué « sous le coup de l’explosion ». S’agissant du maréchal des logis, Damien Noblet et le brigadier Michael Chauwin, eux, sont décédés dans la soirée à Gao, où ils avaient été évacués pour y recevoir des soins dans une antenne médicale militaire française. Selon le ministère de la Défense française, les trois victimes étaient originaires du 511e régiment du train d’Auxonne (Côte-d’Or). Les trois militaires français étaient des soldats valeureux : Damien Noblet, engagé dans l’armée, depuis près de 12 ans, avait déjà participé à plusieurs opérations extérieures, notamment au Kosovo en 2005, en Côte d’Ivoire en 2007, et déjà au Mali en 2013. Pour les deux autres, notamment Michael Chauwin, engagé en février 2014 et Mickaël Poo-Sing, 19 ans, qui avait rejoint l’armée de Terre en février 2015, il s’agissait de leur première mission extérieure.
Pour leur mémoire, le ministre de la Défense, Jean Yves Le Drian, qui est venu à plusieurs reprises déjà dans notre pays, dira ceci : « Je souhaite rendre hommage à nos trois soldats dont la valeur, la motivation et le dévouement étaient reconnus de tous. Ils accomplissaient une mission essentielle dans la lutte globale que notre pays mène contre le terrorisme au Sahel ». Dans le même élan de compassion, dans un communiqué diffusé, hier mercredi, et écrit par l’Elysée, on peut lire : « le président de la République a appris avec une grande tristesse le décès de deux militaires du 511ème régiment du train d’Auxonne des suites de leurs blessures après l’explosion d’une mine contre leur véhicule blindé le 12 avril, qui avait déjà tué un de leurs camarades au Mali, dans le cadre de l’opération Barkhane dont l’objet est la stabilité dans le Sahel et la lutte contre le terrorisme. Il salue avec émotion la mémoire de ces deux soldats français morts pour notre pays”.
Nécessité d’accélérer les efforts
En dépit de la signature de l’accord de paix, devenu d’ailleurs inclusif, depuis l’année dernière, engeant tous les protagonistes de la crise malienne dans le processus de paix, cette région septentrionale du pays connait toujours de vagues de violences meurtrières qui se multiplient et s’exportent dans tout le pays, voire au-delà des frontières closes du pays. Cela est notamment dû au fait que de vastes zones du pays échappent encore au contrôle des forces militaires du pays et même étrangères, impliquant des troupes de la Minusma, déployée depuis juillet 2013, et les effectifs militaires sont constamment l’objet d’attaques terroristes, dans des endroits du pays, où ils interviennent. D’où, la nécessité d’accélérer, de part et d’autre, les efforts visant à la mise en œuvre de l’accord de paix. Et cela, dans la perspective d’assurer aux forces armées maliennes une présence réelle, militaire et opérationnelle sur toute l’étendue du territoire national.
Sékouba Samaké