L’information circule sous les manteaux : Soumeylou Boubèye Maïga va bientôt refaire surface en qualité de patron d’une Cellule de renseignement en gestation. Le processus de création de la nouvelle structure serait très avancé, le dossier étant sur la table de l’Assemblée nationale. Le choix du journaliste diplomate pour piloter cette unité stratégique dans le système sécuritaire national n’est pas fortuit et tient, sans doute, de son expertise en matière de sécurité intérieure et des questions sécuritaires au Sahel. Le moins que l’on puisse écrire, c’est que SBM ne sera pas dépaysé sur son terrain de prédilection.
Il y a des hommes (politiques) qui ne meurent pas (politiquement), quels que soient les régimes, quelles que soient les circonstances. Ils résistent à tous les chocs et réapparaissent à des lieux de leur point de chute, sans avoir eu à tendre la sébile ou à faire le guet devant le bureau du Prince. Soumeylou Boubèye Maïga, SBM pour les intimes, fait sans conteste partie de cette race d’hommes, incontournables dans la vie politique d’un pays.
Sa force de caractère, sa conviction et sa vision politiques, son réseau relationnel et son expérience professionnel, font de Soumeylou Boubèye Maïga le (seul ?) cadre et homme politique du pays dont aucun pouvoir ne peut se passer. Et pour cause!
Après sa disgrâce (il était ministre de la Défense et des anciens combattants) engendrée par la cinglante déroute de l’armée face aux groupes armés à Kidal, le 21 mai 2014, suite à la visite de l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, Soumeylou est de plus en plus annoncé pour diriger une Cellule de renseignement que les autorités s’apprêtent à créer. Certes, nous ne connaissons pas les missions spécifiques de cette Cellule, mais une telle structure est créée certainement pour renforcer le dispositif des services publics en matière de renseignement. Dans le contexte actuel d’insécurité généralisée au double plan national et sous régional, la future Cellule de renseignement pourrait jouer un rôle capital.
Dans ce cadre, les autorités semblent avoir tapé dans le mille avec le choix porté sur Soumeylou Boubèye Maïga, qui se (re)trouve en terrain connu.
L’atout le plus frappant du futur patron de la Cellule de renseignement, c’est son passage remarqué à la Direction générale de la Sécurité d’État où il détient le record absolu de durée au poste de directeur général (1993-1999). Durant ce séjour, il a remis de l’ordre dans les fronts en ébullition en tuant dans l’œuf les velléités politiques, estudiantines et sociales. Le pouvoir du Président Alpha Oumar Konaré et du Premier ministre IBK a respiré en son temps.
SBM connait également, suffisamment, les questions de Défense pour avoir géré le département y afférent aussi bien sous Alpha que récemment sous IBK.
Que dire de la diplomatie ? Soumeyla s’y connait aussi, et assez. En 2011, il était le chef de la diplomatie malienne qu’il a portée vers les cimes.
Ces différents postes lui ont permis de tisser des relations très solides avec l’Algérie, assez solides avec la France et poussées avec les organisations continentales comme l’Union africaine. Par la force de l’expérience, Soumeylou Boubèye Maïga est devenu expert des questions sécuritaires au Sahel et en Afrique. Le Malien est sollicité à tous les niveaux, pour réfléchir et ramener la paix. Deux cas pratiques :
face à la recrudescence des actes terroristes et extrémistes religieux qui secouent l’Afrique, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a décidé, en septembre 2014, de constituer une équipe consultative d’experts africains afin de prévenir et de lutter plus vigoureusement contre ces nouvelles formes de violences qui menacent l’Afrique. A sa tête, Soumeylou Boubèye Maïga, secondé du Pr Tiyanjana Maluwa du Malawi et Abdelmadjid Baki de l’Algérie.
Leur feuille de route ? L’élaboration d’un mandat d’arrêt africain contre les personnes accusées ou reconnues coupables d’actes terroristes, l’organisation d’une réunion d’experts gouvernementaux sur la question sécuritaire, l’organisation et la tenue d’ateliers régionaux de sensibilisation sur les instruments africains et internationaux de prévention, de gestion et de résolution des conflits, le soutien et la facilitation des initiatives et mécanismes de coopération régionale pour faire face aux menaces transnationales sur le continent et l’organisation d’une réunion de haut niveau des Etats membres sur la question du financement du terrorisme.
Auparavant, en juillet 2014, lors de la 5ème réunion du Groupe international de contact sur la crise en République centrafricaine, Soumeylou Boubèye Maïga a été nommé, au nom de l’Union africaine, au poste de vice-médiateur auprès du Président congolais, Denis Sassou N’Guesso, médiateur dans la crise centrafricaine.
Dans les deux cas, SBM s’est acquitté de ses missions avec brio. Un bon présage pour la future Cellule de renseignement.
A.B.HAÏDARA