Considéré comme l’un des meilleurs maires du Mali, Abdel Kader Sidibé est à son troisième mandat à la tête de la mairie de la Commune III. Dans cet entretien exclusif, il précise que son seul secret reste toujours sa disponibilité vis-à-vis de l’ensemble de la population. Et il se dit toujours prêt à briguer un 4ème mandat, si jamais la population le lui demandait.
Aujourd’hui : Salut, comment se porte aujourd’hui la mairie de la Commune III ?
Abdel Kader Sidibé : Je crois que notre mairie se porte bien, malgré un environnement difficile, avec notamment la répercussion de la situation nationale sur toutes les collectivités.
Avec trois mandats à la tête de cette mairie, peut-on dire que vous êtes un maire comblé ?
Je ne dirai pas que je suis comblé, mais je suis quand même satisfait. En réalité, je suis à mon troisième mandat. Aujourd’hui, je sais comment nous avons pu faire des réalisations. Il faut savoir que j’avais beaucoup d’ambitions pour ma commune quand je venais à la mairie. La raison est simple. Je suis né dans cette commune, comme mon père et ma mère. Même du point de vue matrimonial, ma femme est aussi née dans cette commune. Tout comme ses parents. Donc, je suis de la Commune. Raison pour laquelle, j’avais nourri beaucoup d’ambitions, notamment la réalisation de certaines grandes infrastructures. Dieu merci, je peux dire que tous ces objectifs ont été atteints. J’avais aussi des ambitions par rapport au changement de conditions, dans un sens positif, de la vie de la population. Je pense que cette population a accès à tous les services de base dont les compétences ont été transférées aux Collectivités. Je peux dire vraiment que je suis un maire satisfait. Mais, je serais comblé, si effectivement, la population bénéficiait à un niveau très élevé de satisfaction de ses besoins.
Peut-on s’attendre à un 4ème mandat ?
Vous savez, cela dépendra de beaucoup de choses. Ce qu’il faut surtout préciser, c’est que je n’ai jamais demandé à être maire durant mes trois mandats. En réalité, c’est sur la demande de la population elle-même, c’est valable pour mes 1er, 2ème et 3ème mandats. C’est pour vous dire que cette même population peut demander ma candidature, comme elle peut ne pas le faire. De toutes les manières, je suis disponible pour tout ce que la population me demande parce que je me sens totalement lié à cette commune.
Oui, mais de façon précise, êtes-vous prêt à diriger cette mairie une nouvelle fois ?
En réalité, on n’est jamais prêt à diriger une mairie. C’est surtout un problème de confiance. Je pense qu’il y a certaines confiances qu’on ne peut pas décliner. Comme je le dis, attendons voir.
Monsieur le mairie, quel est alors votre secret ?
En réalité, je n’ai pas d’autres secrets que d’être tout simplement à la disposition de toute la population dans son ensemble et à chaque habitat individuellement. C’est pour vous dire que mon secret, c’est ma disponibilité.
Où en est-on avec le transfert des ressources et des compétences au niveau des collectivités ?
Je peux dire que les compétences ont été transférées, mais les ressources tardent à venir. Même en termes de transfert de ressources, il faut préciser que les ressources qu’on dit avoir transférées, pour ma part, ne le sont pas réellement. En réalité, ce sont des ressources qui sont gérées à un niveau autre que celui des collectivités. Et les collectivités agissent comme exécutant d’une programmation qui vient du niveau national.
Quelle relation existe-elle entre la population et votre mairie ?
Je crois qu’il y a de très bonnes relations entre les deux parties. Je pense qu’au niveau de notre commune, on peut être satisfait d’une chose, c’est l’intérêt que la population accorde à nos activités. En effet, contrairement à ce que les gens peuvent penser, nous avons une multitude de plaintes de la population. Ce qui prouve que cette population s’intéresse au développement local. Et quand il y a beaucoup de plaintes, cela veut dire que la gestion municipale intéresse cette population. C’est sur la base de ces plaintes qu’on essaye de corriger les imperfections de la gestion. Donc, de plus en plus, les populations s’intéressent à la gestion de la mairie. C’est un indicateur pour montrer que les relations entre les élus et la population sont en train de se développer.
Quel genre de plaintes ?
C’est surtout des plaintes liées à des problèmes d’assainissement, de gestion foncière, de relation entre voisins …C’est vraiment le courant de la vie quotidienne.
Comment parvenez- vous à gérer les problèmes fonciers au niveau de votre commune ?
En réalité, la population est totalement impliquée à la gestion foncière au niveau de la Commune. Quand il y a des problèmes, généralement, c’est des rencontres qui se font pour, en tout cas, essayer d’aplanir cette situation. Et nous trouvons une solution dans pratiquement 100% des cas. Ce qui fait que les plaintes se limitent au niveau de la mairie. Nous appelons les protagonistes pour discuter et nous trouvons toujours la solution.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au niveau de la mairie ?
Je pense que la première difficulté, c’est la mobilisation des ressources, à commencer par la Taxe de développement régional et local, le recouvrement de certaines taxes et loyers au titre de certains marchés. Ces difficultés peuvent être liées à la conjoncture que nous vivons actuellement dans notre pays, mais elles peuvent aussi être liées à l’incivisme de certains citoyens. C’est pour dire que l’autre difficulté, c’est vraiment l’incivisme parce que les gens réclament leur droit, mais ne s’acquittent pas beaucoup de leur devoir.
Avez-vous un appel à lancer aux populations de votre commune ?
Mon souhait est que toute la population s’intéresse à la décentralisation pour prouver à l’Etat qu’il n’a pas eu tort de transférer les compétences. Il faut une grande implication et mobilisation de la population pour une meilleure décentralisation.
Avez-vous les moyens d’atteindre vos objectifs ?
Je pense que les moyens existent, dans la mesure où l’Etat a décidé de transférer les compétences. De toutes les manières, les ressources qui servent à développer la collectivité peuvent être prélevées. Le Mali n’est pas isolé dans ce domaine. La décentralisation existe dans beaucoup de pays à travers le monde. Si ça réussit dans d’autres pays, il n’y a pas de raison que cela ne réussisse chez nous.
Réalisé par A.B.HAÏDARA