Avec la disparition de Malick Sidibé le 14 avril, à l’âge de 81 ans, le Mali a perdu un « trésor national » et le monde entier un très grand photographe. Né en 1935 à Soloba, dans un petit village du Mali, il devient à partir des années 1950 « l’œil de Bamako » et le témoin d’une époque. À partir des années 1990, son génie sera aussi célébré par le monde culturel en Europe et aux États-Unis. Le galeriste et spécialiste de la photographie africaine André Magnin fait partie de ceux qui ont fait triompher l’œuvre du photographe malien Malick Sidibé en Occident. Entretien.
RFI : Que représente la disparition de Malick Sidibé pour la photographie ?
André Magnin : Malick Sidibé est un monument de la photographie. C’est tout le peuple malien et toute l’Afrique qui perd un géant de la photographie. C’est le monde entier qui perd un personnage définitivement entré dans l’histoire par une œuvre d’une générosité, d’une intensité et d’une acuité absolument extraordinaires.
Quand on voit un portrait de Malick Sidibé, on constate que « l’œil de Bamako » a été frappé par un très grand strabisme. Ce phénomène était-il dû à son métier de photographe ?
Pas du tout. Il est né avec ce strabisme. C’est ce qui faisait qu’il était extrêmement timide, mais en même temps, ce strabisme l’a amené à avoir encore plus d’acuité. Il était d’une gentillesse et d’une générosité extraordinaire.
Quelle est la photo de Malick Sidibé qui est restée gravée dans votre cœur et votre œil ?
C’est celle que tout le monde connaît. C’est-à-dire Nuit de Noël (Happy Club) de 1963, lorsque Malick est dans une soirée à Bamako. En fin de semaine, tous les gens organisent des surprise-parties.
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