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Touaregs, les rébellions
Publié le samedi 16 avril 2016  |  RFI
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© AFP par AHMED OUOBA
Le président du Burkina Faso reçoit des rébelles touareg maliens du MNLA prêts.
Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a reçu jeudi à Ouagadougou la rébellion touareg malienne du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).




Les populations touarègues ont toujours affirmé une indépendance et une liberté de mouvement sur le Sahara et une partie du Sahel, mais l’histoire va diviser cet espace en pays avec lesquels les Touaregs vont se retrouver en difficulté. Après Touaregs : les origines de la révolte, ce deuxième chapitre intitulé Touaregs, les rébellions se consacre aux revendications identitaires et territoriales qui vont marquer l’histoire contemporaine.

Les peuples touaregs nomadisent depuis toujours dans le Sahara central et dans une partie du Sahel. Ils y ont prospéré pendant des siècles grâce au contrôle des routes et du commerce reliant le Maghreb au Soudan. Mais la colonisation du Sahara et la fin de l’activité caravanière entraînent le déclin des grandes confédérations touarègues traditionnelles. La société touarègue, condamnée à se transformer et à se sédentariser, se retrouve souvent marginalisée au sein des nouveaux Etats-nations (l’Algérie, la Libye, le Mali, le Niger et le Burkina Faso) dont les frontières divisent les communautés. Face aux conditions difficiles de survie, les Touaregs du Mali tentent en 1963-1964 de se rebeller contre le pouvoir du président Modibo Keïta, mais la très dure répression qui s'ensuit entraîne l’exode d’une partie de la population touarègue vers l’Algérie et la Libye.

Les grandes sécheresses de 1973-1974 et de 1984-1986 déciment les troupeaux de ceux qui sont restés, les obligeant à partir. Beaucoup cherchent refuge dans les pays voisins, créant deux autres grandes vagues d’émigration vers le Niger, le Burkina Faso, l’Algérie, la Mauritanie, la Libye et même l’Arabie saoudite. Ces exodes donnent naissance à une nouvelle génération de rebelles touaregs qui se réorganisent dès 1986 au Mali et au Niger.

→ A (re)lire : Touaregs: les origines de la révolte

La rébellion de 1990 à 1996

A la fin de 1987, le président du Niger, le général Ali Saïbou, propose une amnistie politique et une aide à la réinsertion pour tous les exilés. Cette ouverture entraîne le retour de nombreux réfugiés touaregs qui acceptent de revenir au Niger, mais les conditions d’accueil et d’aide se révèlent insuffisantes et le retour se passe mal.

Au Mali où les Touaregs n’ont jamais été intégrés à la vie institutionnelle, le contexte est hostile et un ancien de l’armée libyenne, le Touareg Iyad Ag Ghali, crée en 1988 un mouvement armé, le Mouvement populaire de l’Azawad (MPLA) pour défendre sa communauté. En avril 1990, le Mali autorise le retour dans l’Adrar de 300 familles exilées en Algérie. Les familles touarègues qui reviennent se retrouvent dans des camps contrôlés par l’armée . Au Mali comme au Niger, la cohabitation entre les Touaregs du nord et les populations du sud est extrêmement difficile et les dérapages se multiplient. Au Niger le 7 mai 1990, un incident à la prison de Tchin Tabaraden va mettre le feu aux poudres. De jeunes Touaregs tentent de libérer des prisonniers mais l’opération tourne mal et l’armée s’en prend à toute la communauté touarègue, entraînant des combats qui feront, suivant les sources, entre 700 et 1 500 victimes.

Le 29 juin 1990, l’attaque du poste de gendarmerie de Menaka au Mali par le Mouvement populaire de l’Azawad marque le déclenchement de la deuxième rébellion touarègue contre le Mali. L’Adrar des Iforas et l’Azaouad s’embrasent.… plus de 100 000 réfugiés affluent de nouveau en Algérie et en Mauritanie.

Pour tenter de mettre fin au conflit, le 6 janvier 1991, Iyad Ag Ghali signe en Algérie les accords de Tamanrasset avec le gouvernement malien, représenté par le colonel Ousmane Coulibaly, en présence du ministre algérien de l’Intérieur. Mais pour les Touaregs, l’accord n’est pas respecté par les autorités, et les hostilités reprennent.

Le MPLA change de nom et devient le Mouvement populaire de l'Azawad (MPA) mais, comme il est trop fortement dominé par la tribu des Ifoghas, des rebelles issus d’autres tribus décident de le quitter et créent leur propre mouvement. Les Chamanamas fondent le Front populaire de libération de l’Azawad (FPLA) et les Imghads l’Armée révolutionnaire de libération de l’Azawad (ARLA).

Un nouvel accord de paix nommé le Pacte national entre le gouvernement de transition du Mali et la coordination du Mouvement et Fronts Unifiés de l’Azawad (MFUA) qui représente l’ensemble des mouvements touaregs (MPA, FIAA, FPLA, ARLA, FULA, FNLA) est signé le 11 avril 1992. Le Pacte national prévoit de nombreuses dispositions qui ne seront que très partiellement réalisées et les conflits se raniment.
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