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Art et Culture

Musique - Mali - Sidiki Diabaté : prince de la kora, icône du rap
Publié le dimanche 17 avril 2016  |  Le Point
Sidiki
© Autre presse par DR
Sidiki Diabaté




VIDÉO. "Mon style, c'est du tradi-moderne", dit Sidiki Diabaté que certains n'hésitent pas à qualifier de "fierté du Mali". Son parcours inspire le respect.

Montre et bijoux rutilants, jean déchiré, sweat à capuche et sneakers dernier cri aux pieds : Sidiki Diabaté a bien le look d'un artiste de hip-hop. Mais ce talentueux beatmaker est également un jeune maître de la kora, cette harpe-luth traditionnelle mandingue, instrument de la caste des griots dont il est issu.

Artiste de son époque
Et c'est naturellement qu'il pose ses arpèges délicats et cristallins sur les rythmes électro des musiques urbaines actuelles. « Mon style, c'est du tradi-moderne. Mais peu m'importe de classer les musiques. Do ré mi fa… restent les mêmes ! Tout est dans la manière de les mixer. » Célèbre pour ses compositions et featurings avec la star du hip-hop malien Iba One et le groupe GRR, il s'essaye dernièrement à l'afro-zouk sensuel, sentimental, très en vogue sur le continent. Son très dansant « Ignanafi Debena » est un succès, repris en France par le rappeur Booba (réarrangé à sa sauce).

Ce soir de printemps, à Paris, accompagné de ses musiciens, Sidiki enflamme le public avec sa bouillante fusion mandingue-rap-zouk-mbalax, jusqu'à faire trembler le sol du Trianon. « La musique me soulage, fait relâcher la pression. Et ça fait le même effet à mon public. » De la pression, nul doute que Sidiki en a. À 25 ans, c'est un héritage musical séculaire qu'il porte sur les épaules.

Griot des temps modernes
Il descend d'une illustre famille de griots (ou jeli), ces gardiens du patrimoine culturel en Afrique de l'Ouest, conteurs, historiens, musiciens, conseillers. Il est le fils aîné de Toumani Diabaté, sans doute le plus grand korafola actuel. Récompensé par deux Grammy Awards pour ses opus avec Ali Farka Touré, Toumani est l'un des rares pionniers à avoir ouvert la kora aux musiques d'Occident. (Björk, le bluesman Taj Mahal, le groupe de flamenco Ketama...)

Son grand-père, dont il porte le prénom, feu Sidiki Diabaté, consacré « roi de la kora » au Festac du Nigeria, a remis cet instrument au cœur de la culture du pays. Il enregistra le premier disque instrumental de cette harpe, jouée jusqu'alors en accompagnement du chant. Être à la fois gardien des traditions et précurseur de la modernité : un art transmis de père en fils chez les Diabaté. C'est donc d'abord à la maison que Sidiki apprend la musique. « La kora, c'est mon premier jouet ! Elle est dans notre sang, donc c'était facile pour moi. » Il reçoit l'éducation des griots : en plus du répertoire musical, on lui enseigne l'histoire des ancêtres, le respect envers les aînés, savoir rendre hommage aux bienfaiteurs, être un messager de paix. Il étudie ensuite la batterie à l'Institut national des arts de Bamako. Il est aujourd'hui étudiant au Conservatoire des arts et Métiers Multimedia. « L'apprentissage est infini. constate-t-il. Et je suis toujours un enfant à côté des maîtres. »

La tradition toujours
En 2013, il enregistre avec son père un duo de koras, le superbe « Toumani et Sidiki ». Un vœu cher à Toumani qui n'a pas pu le faire avec le sien, décédé peu avant d'entrer en studio. Ils revisitent des morceaux traditionnels, perpétuant un legs ancien, parfois menacé par l'oubli. Un dialogue entre deux générations, deux virtuoses de natures bien distinctes. « Le jeu de Toumani est toujours lyrique, mélodieux, précis. Très poignant, profond, comme s'il chantait avec sa kora », observe Lucy Duran, ethnomusicologue et coproductrice de l'album. « Tandis que Sidiki a un style fougueux, assez imprévisible, une attaque des cordes beaucoup plus agressive, il désobéit aux règles, saute des intervalles… Il est très original, créatif. Son approche ressemble plus à celle de son grand-père. Et tout jeune korafola s'inspire de la technique d'improvisation de Toumani, excepté son fils ! » Pas d'esprit de compétition envers cette figure paternelle imposante, à qui Sidiki voue un amour quasi mystique. « J'ai toujours voulu l'aider. Quand je le vois marcher avec sa canne… je voudrais être son ange, veiller sur lui. C'est au-delà d'une relation père-fils.» Il admire son génie musical, sa sagesse, « des dons de Dieu ». « Il est très modeste, très croyant, toujours calme, méditatif. »
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