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Chronique du web : #BringBackOurGirls ou les limites de la mobilisation sur les réseaux
Publié le lundi 18 avril 2016  |  Infosept




Dans la nuit du 14 au 15 avril 2014, à Chibok, ville sans histoires de l’Etat de Borno, au nord-est du Nigeria, 276 (300 ?) lycéennes étaient tirées violemment de leur sommeil et kidnappées par des éléments de Boko Haram, le groupe terroriste nigérian ayant fait allégeance à Daesh. Face à ce drame humain, celui des adolescentes elles-mêmes et de leurs parents totalement désemparés, les bonnes consciences s’étaient émues à travers le monde entier.
L’indignation, l’écœurement et le rejet le de l’obscurantisme des éléments du groupe terroriste nigérian ont été les sentiments les mieux partagés. Il n’en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux s’enflamment à travers notamment l’émergence du hashtag #BringBackOurGirls (#RendezNousNosFilles). Des personnalités de premier plan au Nigéria et en Afrique ; la First Lady des Etas-Unis, Michelle Obama (@FLOTUS), la Première Dame française d’alors, Valérie Trierweiler (@valtrier) ; la Garde des Sceaux française au moment des faits, Christine Taubira (@ChTaubira) ; la patronne du PNUD, Helen Clark (@HelenClarkUNDP) ainsi que de nombreuses célébrités du monde se sont mobilisées pour amplifier et relayer la détresse des filles et de leurs parents. Mais aussi pour dire voire crier leur propre indignation, leur propre colère et surtout pour pointer d’un doigt accusateur les politiques plus sensibles au business et à leurs intérêts égoïstes.
Deux ans après, que reste-t-il de cette vague d’indignation ? Cet élan de solidarité a-t-il produit les résultats escomptés ? A vrai dire, le web et les réseaux sociaux l’admettent : la mobilisation s’est lourdement essoufflée et les filles de Chibok dont une poignée a réussi à prendre la clé des champs, continuent de vivre un calvaire sans nom.
Selon toute vraisemblance, certaines sont réduites en esclaves sexuelles et mariées de force aux « combattants », certaines ont été formées pour être des bombes humaines mais toutes ont été contraintes, dans un processus d’abrutissement sophistiqué, de se convertir à la religion des terroristes… qui est tout sauf l’Islam.
Pour ce deuxième anniversaire du rapt massif des lycéennes de Chibok, nulle part au monde, même pas au Nigéria, les mobilisations n’ont fait recette. Le Président Buhari en déplacement à l’étranger et toutes les autorités subitement rendues indisponibles, presque aucun officiel ne s’est porté au-devant des parents des filles qui manifestaient pour éviter que le sort de leurs filles ne tombe dans l’oubli général.
Car ce danger est bien réel et les parents en sont conscients. En effet, ni l’ONU, ni l’Union Européenne, encore moins l’Union Africaine ou quelque autre agence internationale ne semble intéressée à se mouiller davantage pour la cause des filles de Chibok, l’actualité étant accaparée par le scandale des Panama Papers, la crise migratoire, la guerre contre le terrorisme…
Au fond, le terrorisme est générique et s’appréhende dans le sens où des groupes non-étatiques s’arrogent indument les prérogatives des Etats. Mais ce terrorisme semble marquer une différence selon qu’il frappe l’Occident ou une autre partie du monde. Une vie fauchée au Pays des Blancs vaut plus que la même vie anéantie au Nigéria, au Tchad, au Cameroun ou au Niger où Boko Haram soummet les populations, presque sans défense, à son diktat d’un autre âge. Loin de moi l’idée qui voudrait qu’il faut passer les Girls de Chibok par perte et profit !
Mais que faut-il attendre du Nigéria, scène du crime, empêtré dans des difficultés de tous ordres, de l’Afrique dont les dirigeants préfèrent regarder leur nombril ou de la communauté dite internationale dont la marque de fabrique est sa versatilité ? Pas grand’chose ! Les réseaux sociaux qui semblaient être le vecteur le plus approprié pour suppléer l’incurie voire l’indifférence des politiques ne sont presque plus audibles sur la question des filles de Chibok.
La campagne mondiale #BringBackOurGirls semble s’estomper inexorablement et risque de mourir de sa belle mort. Ni Facebook, ni Twitter et autres Google Plus ne semblent en mesure de remobiliser nos consciences assoupies de nos petits calculs mesquins et égoïstes. Il est temps de #SecouerLeCocotier pour #ReveillerNosConsciences. Est-ce trop demander pour se porter au secours de gamines abusées par des adultes dont la bestialité est légion !
Serge de MERIDIO
Source: InfoSept
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