PARIS - Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault s`est réjoui mardi soir d`"avancées substantielles" au Mali, mettant toutefois en garde contre "tout triomphalisme", des "actions de harcèlement" des groupes terroristes étant "toujours possibles".
"Les avancées ont été substantielles. L`offensive des groupes terroristes a été stoppée. Plusieurs villes importantes ont été reprises par les forces
maliennes, grâce à notre soutien. Nous sommes désormais en chemin pour
atteindre le deuxième objectif : aider le Mali à recouvrer son intégrité
territoriale", a déclaré M. Ayrault à l`issue d`une réunion sur le sujet avec
des responsables du Parlement.
"Il faut toutefois se garder de tout triomphalisme, car la menace n`a pas
encore totalement été réduite. Des actions de harcèlement sont donc toujours
possibles", a-t-il poursuivi.
M. Ayrault a par ailleurs rappelé que les soldats français "ont reçu pour
consigne de se montrer d`une extrême vigilance" sur d`éventuelles exactions
commises à l`égard des populations maliennes soupçonnées d`être
pro-islamistes, soulignant que la Croix-Rouge "n`a confirmé aucun des faits
qui ont été rapportés sur ce sujet par certaines organisations non
gouvernementales".
La Fédération internationale des droits de l`homme a dénoncé la semaine
dernière "une série d`exécutions sommaires" dans l`ouest et le centre du Mali
dont se serait rendue coupable l`armée malienne, évoquant notamment
l`exécution d`au moins 11 personnes à Sévaré (centre).
Le Premier ministre a également déclaré que le gouvernement français était
"favorable au déploiement rapide d`observateurs internationaux qui veilleront
au respect des droits de l`Homme" et a indiqué que le gouvernement français
avait rappelé aux autorités maliennes "leurs propres responsabilités"
concernant ces soupçons.
Jean-Marc Ayrault a indiqué qu`il y avait "désormais près de 3.000 soldats
africains au Mali" et qu`ils seraient "très vite (...) autour de 7.000", aux
côtés des 3.500 soldats français présents sur le sol malien.
"Le soutien de la communauté internationale a également pris de l`ampleur",
a-t-il indiqué. "Nos partenaires européens et nos alliés nous apportent un
soutien particulièrement efficace, avec une coopération sur le plan logistique
et sur le plan du renseignement. L`opération de formation pilotée par l`Union
européenne pour les troupes maliennes se met en place, ainsi que l`aide
européenne au processus de transition politique."
Plusieurs participants à la réunion ont exprimé leur satisfaction devant la
presse à la sortie de Matignon, tout en exprimant quelques réserves ou
interrogations sur la suite des événements.
"Les objectifs qui avaient été fixés sont déjà atteints, plus vite que
prévu. Et tant mieux", s`est félicité François de Rugy, co-président du groupe
écologiste à l`Assemblée.
"Pourquoi bouder notre plaisir ? En pratiquement dix-huit jours, (les
militaires français) n`ont pas fait d`erreurs, ils n`ont pas été dans
l`impréparation et ils ont fait le job", a lancé Bernard Deflesselles, député
qui représentait Christian Jacob, le président du groupe UMP à l`Assemblée.
Le député a toutefois posé une série de questions: "Allons-nous essayer de
nous déployer dans le nord Mali pour éradiquer jusqu`aux derniers des
jihadistes ou allons-nous attendre que la Mission internationale de soutien au
Mali (Misma) se mette en oeuvre et prenne le relais ? Restons-nous jusqu`à ce
que ce pays ait de nouveau une colonne vertébrale, qu`il ait un Etat fort ?
Va-t-on finalement vers les élections, comme je l`ai entendu, au mois de
juillet ?"
"Ce sont des questions qui sont pendantes. Les choses avancent mais la
tâche est encore immense", a-t-il conclu.