A cause du respect dû à sa souffrance personnelle ainsi qu’à l’angoisse de sa famille et ses collaborateurs, l’épisode de l’état de santé du président IBK refait encore fraîchement surface et prête à la polémique, dans une société où, l’opinion est assez regardante sur les égards et la compassion dus à la douleur d’autrui. Mais, le sujet ne va pas tarder à resurgir après les vagues conformistes. Car, les non-dits de l’histoire ne sauraient non plus se soustraire à une curiosité naturelle, aux tentatives d’en savoir moins superficiellement qu’on a voulu en dire aux Maliens par voies officielles du reste les plus autorisées.
Au fait, l’état santé du chef de l’Etat est une histoire si récurrente qu’elle a fini par tenir de Polichinelle, un secret que seuls quelques dindons de la farce trop zélés tentent de cacher aux concitoyens. Après le fameux voyage discret à Istambul (Turquie) d’où, de folles nouvelles funèbres avaient déferlé en son temps, l’épisode le plus récent remonte à deux semaines environ, avec cet autre voyage discret d’IBK en France. Comme pour la Turquie, mot n’a été soufflé de l’absence du premier responsable de la nation, quoiqu’on sache qu’il était parti pour une durée qui frôle la vacance de poste au plus haut sommet de la République. Pour mieux entretenir la discrétion sur la question, même des simulations de cortège auraient été concoctées, selon certaines mauvaises langues, du reste confortée dans leurs commérages par les rumeurs entretenu autour de la question par le bouche-à-oreille. C’est au bout d’une dizaine de journées de confusion que les Maliens –ou du moins ceux qui ne le savaient pas déjà- ont été fixés sur les raisons de l’absence de leur président dans le pays. Le communiqué y afférent a été accueilli avec délivrance par d’aucuns, mais plus par étonnement dans les rangs de l’écrasante majorité des Maliens qui n’en savaient rien du tout.
Et pour cause, mot n’a été dit du déplacement d’IBK encore moins du motif de son séjour en France. Le même communiqué, qui en fait cas à l’arrivée et non au départ, pousse les détails jusqu’à préciser que le chef de l’Etat est convalescent suite à une intervention à la parathyroïde. Les profanes que nous sommes avons appris dans la foulée qu’il s’agit d’une simple opération aux glandes de la gorge, dont le président de la République serait sorti victorieux comme le précise le communiqué faisant d’une convalescence normale. Le moins qu’on puisse dire c’est que le ton jubilatoire du message en dit long sur l’angoisse qui pesait sur le patient. Mais ce n’est pas la seule confusion de l’épisode. On apprendra plus tard, à travers des médias étrangers citant la présidence de la République, que le président malien a été soulagé d’une «tumeur bénigne» avec succès. Interrogés par nos soins, les moins profanes des questions de médecine confient qu’il n’existe point de cancer des glandes de la thyroïde, mais que l’organe concerné ne peut être qu’un endroit de manifestation d’un autre cancer. Faut-il en déduire que l’équation de la santé du président IBK n’a pas encore fini de révéler l’ensemble de ses inconnues ?
La question est d’autant plus cruciale qu’elle tient d’une autre énigme, à savoir : l’éventualité d’une vacance de poste avec ses conséquences incalculables dans un pays toujours guetté par la menace de partition en dépit de la signature d’un accord pour conjurer les démons de la sécession.
Autant de questionnements qui ne manqueront d’avoir droit au chapitre, quoique leur fait ombrage, pour l’heure, le devoir de retenue qu’impose la règle de la compassion.
Il n’est dès lors point surprenant que les communiqués de soutien ainsi que les inquiétudes de complaisance l’emportent sur les préoccupations objectives.
A KEITA