La direction des affaires publiques de l’ambassade des États-Unis d’Amérique au Mali a organisé dimanche un point de presse sur la situation sécuritaire et humanitaire de notre pays. La rencontre était co-animée par le sous-secrétaire d’Etat américain pour les affaires de sécurité civile, démocratie et droits humains, le Dr Sarah Sewall, et la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies sur les violences sexuelles en période de conflit, Mme Zainab Hawa Bangura.
Cette dernière a expliqué sa mission consistait à répondre à la problématique des violences sexuelles en période de conflit, des pratiques utilisées à la fois comme tactique de guerre et tactique de terrorisme. Global, son mandat a été établi par le Conseil de sécurité des Nations Unies et couvre 19 situations à travers le monde, de l’Amérique latine à l’Europe, en passant par le Moyen-Orient et l’Afrique.
Zainab Hawa Bangura a souligné qu’aucun pays ou continent n’avait le monopole du crime terrible de violences sexuelles. Ce phénomène constitue une attaque non seulement contre un individu mais aussi contre sa famille et la communauté toute entière. C’est pourquoi, le Conseil de sécurité a identifié cette problématique comme une question de paix, de sécurité internationale qui requiert une réponse sur le plan de la justice, des services et du maintien de la paix.
La représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies a assuré que le Mali est une des situations que l’ONU suivait particulièrement et ce depuis quelques années dans la mesure où un certain nombre de crimes de violences sexuelles ont été commis dans le contexte de la crise au Nord du pays. Mme Zainab Hawa Bangura a indiqué que son département détenait des informations relatives à des cas de violences sexuelles commis par toutes les parties au conflit au Mali et vérifiés par les Nations unies. Cependant, elle a regretté que l’insécurité, la forte culture du silence, le manque de confiance dans la réponse institutionnelle et la culture de l’impunité soient des facteurs qui restreignent la possibilité pour les survivantes de rapporter leurs cas.
Mme Bangura a invité les uns et les autres à se donner la main pour que les auteurs de ces crimes ne restent pas impunis. C’est d’ailleurs la raison de sa visite. Elle est, en effet, venue pour mieux comprendre la situation et voir comment les Nations unies peuvent appuyer les autorités nationales et les autres parties prenantes clés dans leurs efforts de prévention et de réponse à ce problème.
En définitive, a-t-elle constaté, la violence sexuelle est la seule violation des droits humains où la stigmatisation et la honte sont associées aux victimes et non aux auteurs des violences. Face à la souffrance inimaginable des victimes, elle a invité, singulièrement les autorités maliennes à agir, en émettant un communiqué avec les Nations unies qui donne des indications sur les actions cruciales à entreprendre. Ce communiqué servira de cadre de coopération dans les domaines de la sécurité, de la justice et des services.
De son côté, le Dr Sarah Sewall a expliqué être venue avec Mme Bangura pour marquer le soutien de la communauté internationale au Mali, pour aider le peuple malien à vivre dans la paix et la sécurité. Plus précisément, il s’agit de mettre fin aux violences sexuelles, de lutter contre l’extrémisme violent et d’aider à mettre en œuvre l’accord signé en mai et juin dernier.
Le sous-secrétaire d’Etat américain a décrit les violences sexuelles comme un problème mondial très choquant qui existe malheureusement au Mali. Traiter ce sujet est essentiel pour les victimes et permet d’instaurer la paix et la stabilité dans le pays.
Les États-Unis, a indiqué Sarah Sewall, espèrent sur une collaboration entre le gouvernement et la représentante spéciale pour que justice puisse être apportée aux cas de ces violences pour la stabilité du pays.
Évoquant les violences liées à l’extrémisme, elle a salué la volonté du gouvernement de lutter contre ce fléau. « Tout comme le Mali, a-t-elle expliqué, les États-Unis ont également souffert de violence extrémiste contre ses citoyens et ses soldats ». La leçon apprise par les États-Unis est que les forces militaires, à elles seules, ne peuvent pas combattre les groupes extrémistes. Il faut une volonté politique pour soutenir les efforts militaires. Les communautés doivent s’engager dans cette lutte pour protéger leur jeunesse des idéologies violentes. Le sous-secrétaire d’Etat américain a invité le gouvernement à inclure dans son combat la société civile, plus particulièrement la jeunesse et les femmes, pour protéger pour les générations futures des violences extrémistes.
Il est important de souligner que les États-Unis soutiennent fortement le processus de paix en cours dans notre pays. Ils ont dépensé près de 136 millions de dollars (plus de 70 milliards de Fcfa) à travers le système des Nations unies pour venir en aide aux populations déplacées et refugiées. Pendant son séjour à Mopti samedi dernier, le Dr Sarah Sewall a annoncé que son gouvernement va accorder 29 millions de dollars supplémentaires (plus de 15 milliards de Fcfa) au Mali en guise de soutien aux déplacés et réfugiés.
Mme Sarah Sewall a appelé nos autorités à renforcer les efforts pour la mise en œuvre de l’accord, de façon inclusive et transparente, en associant les communautés qui sont parties prenantes.
A. D. SISSOKO