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Corruption au Mali : Les racines de l’hydre
Publié le mardi 19 avril 2016  |  Le 26 Mars




Des gens qui avaient honte de leur richesse, exhibent actuellement leur puissance matérielle. Pendant ce temps, les vertus de la société basculent : la richesse qui résultait du travail, du courage ou de l’intelligence, disparaît et perd ses valeurs.
Pour être valeureux, il faut être riche, puisque le riche incarne toutes les vertus. Etre vertueux donc, c’est avoir de l’argent.
L’origine de la richesse ne comptant plus, tous les chemins mènent à Rôme.
La société se forge des nouveaux concepts. « Il n’existe pas de fils vertueux, il n’y a que de fils de riches » « l’argent n’a pas de couleur » « il n’y a pas d’argent sale », l’argent achète tout et bouleverse l’équilibre social.
Dans l’administration malienne, la confidentialité du bulletin de salaire est un autre facteur qui favorise l’esprit du gain facile.
Lorsque, par exemple, un salarié « cache » jusqu’à son épouse ce qu’il gagne, … Pourquoi ?
Des jeunes commerçants dans des boutiques vides, vous disent qu’ils sont « hommes d’affaires » alors qu’ils préparent des coups bas contre les Institutions financières privées ou de l’Etat.
Personne ne s’offusque de voir « le sans emploi » d’hier, rouler en « 4 phases » aujourd’hui.
C’est plus tard qu’on se rend compte devant l’ardoise laissée aux banques et au Trésor public…
Les « huit clos » de commissions de dépouillements de marchés sont aussi synonymes d’enrichissement.
Parce qu’ils concernent, la non-transparence et la loi du silence, facteurs d’enrichissement sans commune mesure des intervenants dans l’attribution des gros marchés.
Les cadeaux aux décideurs (corruption qui ne dit pas son non).
La question qui se pose, ce n’est pas de savoir si un décideur doit ou non recevoir un cadeau, mais bien de cerner ledit cadeau.
Un cadeau prélevé sur le bien public donné à un responsable est destiné à un usage public et non privé du destinataire.
Ainsi, lorsqu’un Emir fait don de milliards à un Président, l’argent doit être versé au Trésor public.
Un cadeau fait à un salarié ne doit pas dépasser un certain quota de revenu.
En effet, il est compréhensible qu’un paysan donne un poulet à un préfet qui gagne 150.000 CFA par mois, mais tout devient suspect, si l’éleveur du village lui donne un bœuf dont le prix vaut son salaire.
En somme, la corruption est notre compagne de tous les jours, dans les bureaux, les ateliers, dans les écoles, partout où il y a signe de vie…
Pour la combattre, il faut faire une « révision » de nos mœurs.
Un travail de longue haleine qui doit commencer par une forte sensibilisation et une humiliation de ceux qui se prêtent au phénomène.
Mamadou Camara
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