Ce n’est pas un poisson d’avril. Depuis son avènement à la Magistrature suprême, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, n’a aussi jamais été secoué comme en ce mois d’avril. Il fait face à plusieurs problèmes : résolution de la crise du Nord avec son corollaire de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, crise à l’Assemblée nationale avec le vote de la loi portant sur la mise en place des autorités intérimaires, le front social en ébullition… Comme si cela ne suffisait pas, IBK a d’énormes soucis de santé.
Pas de répit pour IBK. Attendu en «sauveur» et en «homme de la situation», le président est actuellement sous les feux des critiques. Rien ne va et le Mali va mal. Au Nord, la situation sécuritaire est toujours inquiétante. Attentats et jihadisme sont le lot quotidien des populations. Pendant ce temps, le président peine à trouver une solution à ce problème crucial.
Au Sud, on assiste à une montée de la tension, notamment entre la mouvance présidentielle et l’opposition, suite à l’adoption de la loi portant sur la mise en œuvre des autorités intérimaires. Le vote de cette loi a conduit à une levée de boucliers de l’opposition contre la mouvance présidentielle, estimant qu’elle conduit à une partition du pays. Dans la foulée, l’opposition comptait battre le pavé le 23 avril prochain pour, soutient-elle, dénoncer toutes les dérives qui ont caractérisé la gouvernance de notre pays. Une marche qui a été finalement reportée à une date ultérieure en raison de l’hospitalisation du président de la République.
Néanmoins, l’opposant Djiguiba Keïta du Parena, non moins ancien ministre des Sports, peint la situation actuelle : «Nous avons été traités de tous les noms d’oiseaux ! Notre pays souffre! Les espoirs s’effritent ! Ce tableau catastrophique de notre pays ne doit pas nous faire perdre de vue que notre peuple aspire à la paix, à la quiétude dans la solidarité et le partage.
C’est pourquoi nous invitons les Maliennes et les Maliens à une marche pour non seulement dénoncer les dérives du régime, donc contre la mauvaise gestion du Nord, les autorités intérimaires, la mauvaise gouvernance, la corruption généralisée, la dilapidation de nos maigres ressources, l’arrogance et le mépris, mais aussi et surtout pour exiger la paix et la quiétude dans un Mali uni et prospère».
Si cette marche de l’opposition a été reportée à une date ultérieure, sur le plan social, c’est la Centrale syndicale des travailleurs du Mali (Cstm) qui compte prendre la rue le jeudi 21 avril, pour exiger la satisfaction de ses revendications. Sans oublier que les associations de consommateurs des sociétés de téléphonie mobile «prendront en otage» le pays, le dimanche 15 mai. Il s’agira pour elle de protester contre les tarifs exorbitants appliqués par les sociétés de téléphonie mobile maliennes.
Sur le plan estudiantin, l’Association des élèves et étudiants du Mali vit un bicéphalisme, suite à l’organisation de l’élection de son Secrétaire général. Du coup, les étudiants ont abandonné stylos et cahiers au profit des machettes. Autre gros souci pour IBK, sa santé.
En effet, le président de la République a été opéré dans un hôpital à Paris de l’adénome de la parathyroïde. Il s’agit, selon le communiqué de la Présidence de la République, d’une tumeur bénigne des glandes parathyroïdes dont le traitement fait l’objet d’une routine médicale maîtrisée. «Les suites sont généralement bonnes et la convalescence du président de la République se passe normalement», précise le communiqué.
À noter que la tumeur et l’affection bénignes de la glande parathyroïde ne sont pas cancéreuses, elles ne se propagent pas vers d’autres parties du corps (pas de métastases) et ne mettent habituellement pas la vie en danger. Selon les spécialistes, l’adénome parathyroïdien est une tumeur non cancéreuse des glandes parathyroïdes. Il affecte davantage la femme âgée de plus de 60 ans. L’adénome parathyroïdien est plus courant que le carcinome parathyroïdien.
Cette maladie est la cause la plus fréquente de l’hyperparathyroïdie, c’est-à-dire la surproduction de parathormone, ou PTH. L’hyperparathyroïdie engendre la hausse du taux de calcium dans le sang (hypercalcémie). Et les signes et les symptômes résultent de l’hypercalcémie. Il s’agit de la fatigue, de confusion, de nausées, de constipation, de calculs rénaux, de douleur musculaire ainsi que de fracture osseuse. Certaines personnes n’éprouvent aucun symptôme.
En tout cas, ce n’est pas la première fois que le président IBK est hospitalisé. Rappelons qu’il l’avait été longtemps en Turquie, à tel point que d’aucuns l’avaient donné pour mort.
Comme on le voit, le président IBK est accablé par une montagne de problèmes et le reste de son quinquennat risque d’être bien plus mouvementé.
Bruno E. LOMA
Source: Le Reporter