Ce n’est pas la première fois qu’un livre amène à fausser la vérité et à s’écarter de l’objectivité. Ce qui est choquant est que cette opération soit présentée comme preuve d’une probité intellectuelle, un service rendu à la vérité historique, pour tout dire un effort d’objectivité.
Telle une rafale de vent qui souffle sur une bougie vacillante, les mines déguisées en jouets ont tué nombreux petits êtres sur le coup. Ces engins les ont privés du droit à l’enfance, celui de jouer, de rire et de se blottir dans les bras de leurs parents. Des adolescents aux regards plein d’espoir ont assisté impuissant et médusé à l’assassinat de leurs parents.
Sans doute, ces dernières années sont à marquer d’une pierre noire. Les terroristes usent de la violence pour choquer les esprits : faire naître la peur leur importe plus que faire des victimes ou des dégâts. C’est cette volonté de semer la terreur qui distingue l’acte terroriste de tout autre acte violent ou meurtrier. Al Qaïda au Maghreb islamique, Ansar Eddine, les Forces de libération du Macina voient dans la violence l’unique moyen d’accéder à la pureté religieuse. Pour eux, seule la force destructrice élimera les dirigeants indésirables. On ne compte plus les viols, les enlèvements, les assassinats. Et bien qu’ils soient unanimement condamnés, ces actes sadiques se perpétuent. Bien d’écoles dans la région de Mopti restent fermées pour cause d’insécurité. L’administration a pris ses jambes au cou. La situation est encore chaotique dans la région de Kidal. Les jours qui ont suivi la résurgence de la rébellion, nombreux enseignants et agents de santé ont plié bagages et sont redescendus plus au Sud. A la surprise générale, de l’armé nationale abandonnait son matériel à l’ennemi et optait pour l’obsession suicidaire des contre-attaques dont, les plans parvenaient aux groupes rebelles avant même qu’elles ne s’amorcent tant les trahisons ont été nombreuses.
Diminuer autant que possible la portée de la démocratie
Tant de raisons qui font douter des politiques, mais pas suffisantes pour se blottir dans les bras du Grand Matou Tueur (GMT). Le dictateur, chassé par la rue, qui fut la risée du monde est devenu un mythe adulé parce qu’à son époque le pays disposait d’une armée redoutable, on mangeait trois fois par jour et la corruption alors moins épaisse est devenue plus grosse que les monts manding. Toutefois,Moussa Traoré n’a pas entendu la voix de son peuple dans ce vent qui agite et brise les cèdres et les roseaux. L’histoire de son régime est écrite en lettres de sang.
Le salut par la tyrannie prêché par les valets d’un ancien régime honni du peuple. A ce point que font-ils ? Ils parlent. Ils écrivent. Ils ont la terreur d’avoir les mains sales. Ils ne vont pas jusqu’au bout d’eux-mêmes, de leur pensée, de leur volonté. Ayant gagné devant leur conscience, ils font Charlemagne. Réalisé sous la direction de Djibril Diallo, ancien ministre et secrétaire politique du Bureau exécutif central de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), le livre « Le Mali sous Moussa Traoré » édité par La Sahélienne est l’œuvre d’une dizaine d’auteurs.
Sous prétexte de relever d’une volonté commune de témoigner, sous l’impulsion d’un droit de mémoire, d’inventaire et de vérité. Les auteurs de la présente réflexion se proposant d’éclairer les générations actuelles et futures et de fournir aux historiens, chercheurs, des éléments utiles d’investigations, l’ouvrage vise à réécrire l’histoire sous un jour nouveau. Pourquoi des anciens dignitaires tentent de réhabiliter l’ex-président Moussa Traoré ? Pour diminuer autant que possible la portée de la démocratie et les immenses réalisations faites, en donnant à l’ordre ancien une importance et un crédit qui doivent les étonner tout les premiers. Ce n’est pas la première fois qu’un livre amène à fausser la vérité et à s’écarter de l’objectivité. Ce qui est choquant est que cette opération soit présentée comme preuve d’une probité intellectuelle, un service rendu à la vérité historique, pour tout dire un effort d’objectivité.
Je suis persuadé que le plus important n’est pas ce que disent les auteurs de ce livre, mais qu’ils puissent le dire. Et si ce qu’ils disent nuit à la démocratie, le fait qu’ils puissent le dire sert ce dernier bien davantage.
Georges François Traoré