La tension ne retombe pas à Kidal, après les violentes manifestations de lundi contre la force française Barkhane et la MINUSMA. Hier, des manifestants ont encore protesté contre l’arrestation de quelques jeunes gens par les soldats français dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Mais cette fois-ci, il n’y a pas eu de débordements parce que la manifestation était encadrée par les éléments des groupes armés. Lundi, les émeutiers ont attaqué l’aérodrome de la ville, saccagé et brûlé des installations techniques.
Les heurts avec les Casques bleus qui voulaient protéger les infrastructures aéroportuaires, ont fait 2 morts et 7 blessés, selon des sources proches des manifestants.
Selon un communiqué de la mission onusienne, « 2 participants ont perdu la vie, 4 autres ont été blessés suite à des tirs d’origine encore inconnue ». Le communiqué ajoute que la « MINUSMA déplore vivement ces pertes en vies humaines, présente ses condoléances aux familles endeuillées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés ». La force onusienne se dit déterminée à établir les faits et assure qu’une commission d’enquête vient d’être mise en place dans ce sens. « Ses conclusions devraient permettre d’identifier la provenance des tirs, la MINUSMA entend prendre sa part de responsabilité le cas échéant », poursuit le communiqué.
Les enquêteurs s’intéressent surtout à la vidéo diffusée lundi sur les réseaux sociaux sur les événements. On pouvait entendre clairement un homme hurler « Allah Akbar », le cri des djihadistes en action. Selon une source proche de MINUSMA, « il y a quelque chose de louche derrière cette manifestation. Mais ça va se savoir à la suite de l’enquête ».
Quelques heures après la manifestation, la CMA a publié un communiqué pour se démarquer des actes de saccage des infrastructures de l’aérodrome. « La CMA regrette que les organisateurs de ladite manifestation n’aient pas respecté les procédures habituelles prévues en la matière et ne partage nullement un tel comportement de la part des manifestants. Elle lance un appel immédiat au calme, à la retenue et au sens élevé de responsabilité de tous. La CMA condamne la violence née de cette situation dramatique ayant également causé la destruction d’importantes infrastructures aéroportuaires de la MINUSMA ».
L’enquête en cours pourra, on l’espère, faire la lumière sur les instigateurs et les mobiles de cette poussée de fièvre contre les forces armées présentes dans la capitale des Ifoghas pour assurer la sécurité des populations civiles et leur apporter de l’assistance.
A. DIARRA